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AGRICULTURE – L'efficacité de la réhabilitation des systèmes d'irrigation, mais ...

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 27 octobre 2014, mis à jour le 27 octobre 2014

Zoom sur une petite localité de la province de Kandal bénéficiant d'un programme de l'AFD réhabilitant les systèmes d'irrigation. Un maillon efficace dans la chaine de production agricole qui reste, elle, bien fragile.

La province de Kandal fournit 80 % de la production agricole alimentaire du Cambodge,  qui doit importer 50 % de ce que le pays consomme. Chaque jour, 200 tonnes de produits maraichers, chargés d'insecticides et de pesticides, traversent la frontière vietnamo-cambodgienne.
Non pas que la terre soit moins fertile ici, la production agricole souffre plutôt d'un déficit  de structuration professionnelle et interprofessionnelle. La faiblesse des infrastructures freinent aussi la productivité.

L'Agence française de développement du Cambodge (AFD) a lancé, en août dernier, un nouveau programme de réhabilitation d'une trentaine de systèmes d'irrigation (Prek). Une réhabilitation qui doit permettre une meilleure rentabilité, une diversification de la production  et une commercialisation plus efficace sur Phnom Penh. Dans la province de Kandal 5.000 hectares vont ainsi être mieux exploités, améliorant de facto la vie de 40.000 familles. 

Un rendement multiplié par deux au minimum

Un prek est un système hydraulique entre un bassin et des terres maraichères. En saison sèche,  il irrigue les terres, et les draine pendant la mousson. Les champs peuvent être ainsi cultivés quelle que soit la saison.

Dans la province de Kandal, Srun Tuy, président des usagers d'eau des Preks d'une petite localité à  40 km de la capitale, est catégorique : « la réhabilitation du système d'irrigation a fait augmenter la production des 739 familles qui exploitent les terres ». Le jus de canne à sucre est plus sucré car les plantations ne sont pas noyées par les inondations. La production du choux a été multipliée par deux. «  Sur le polder, les revenus sont passés de 3 millions à 9 ou 10 millions de Riels. On peut faire deux ou trois récoltes par an » témoigne-t-il. De quoi améliorer les conditions de vie des familles.

Heang produit selon la demande. Actuellement il vend de l'ail, des choux, des aubergines et de la canne à sucre. Il confirme que son rendement à doubler, ce qui lui a permis de reconstruire sa maison et d'acheter une mobylette.  Quelques mois auparavant, pour lutter contre une invasion d'insectes, il avoue avoir utilisé des pesticides, mais précise aussi qu'il préférait ne pas le faire car cela augmente  les coûts.  Et pour faire face aux produits vietnamiens moins chers que les produits locaux, quelques centaines de Riels comptent. Or l'application d'intrants peut multiplier par trois les dépenses.
Elle a aussi des répercussions sur sa santé. A la question sur les difficultés de son métier, il répond les conséquences sur sa santé ? des maux de tête - suite à l'utilisation d'insecticides et de pesticides. Quels produits ? Il ne sait pas. Il reconnaît l'emballage, en teste d'autres dont il a entendu parler. Les quantités, il teste aussi.

Un déficit structurel

Heang préfèrerait produire de manière plus saine. « Cela dépend de mes voisins, dit-il. S'ils utilisent des insecticides et moi non, les insectes vont venir dans mon champ. Il faut s'organiser ».
L'organisation de la production et de la commercialisation. L'AFD essaie d'appuyer un processus de reconstruction des regroupements de producteurs. L'agriculteur cambodgien travaille de manière individuelle. Toute forme collective rappelle de mauvais souvenirs.

« L'objectif est d'améliorer la mise sur le marché en étant plus compétitifs et de les aider à une commercialisation plus pertinente par rapport aux besoins, explique André Pouilles- Duplaix, directeur de l'AFD Cambdoge/Laos.  L'agriculture familiale est une des clés pour répondre à l'inégalité entre les campagnes et la ville ».

Pour aider à une commercialisation pertinente, il faudrait par exemple qu'Heang ne vende plus sa production individuelle à un intermédiaire au bord de la nationale. Un intermédiaire qui cédera à son tour, avec une marge, à un revendeur au marché Damkor qui nourrit Phnom Penh.

Réduire les intermédiaires implique une organisation collective à travers les regroupements de producteurs. Il n'existe pour l'instant que 526 coopératives agricoles.
Le chemin est encore long. Sans compter les problèmes de bonne gouvernance, les 15% d'agriculteurs sans terre, ou encore un ministère de l'Agriculture pas vraiment sur le sillon des réformes.

 

Diaporama sonore « L'agriculture familiale : paroles d'acteurs au Cambodge » 

 

Emmanuel SCHEFFER ? www.lepetitjournal.com/cambodge - Mardi 28 octobre 2014

 

 

 

 

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Publié le 27 octobre 2014, mis à jour le 27 octobre 2014

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