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Appels à la libération de Koet Saray

Plus de 50 associations et groupes de la société civile demandent la libération du leader étudiant et militant des droits de l'Homme Koet Saray et l'abandon des charges retenues contre lui, après son arrestation le 5 avril pour "incitation à provoquer le chaos social".

Koet Saray, président de l'association Khmer Student Intelligent League, a été arrêté le 5 avril pour "incitation au chaos social". Photo : Association de la ligue intelligente des étudiants khmersKoet Saray, président de l'association Khmer Student Intelligent League, a été arrêté le 5 avril pour "incitation au chaos social". Photo : Association de la ligue intelligente des étudiants khmers
Koet Saray, président de l'association Khmer Student Intelligent League, a été arrêté le 5 avril pour "incitation au chaos social". Photo : Association de la ligue intelligente des étudiants khmers
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 12 avril 2024, mis à jour le 12 avril 2024

Condamnation pour “incitation à provoquer le chaos social” 

Selon le porte-parole du procureur du tribunal municipal de Phnom Penh, Koet Saray, président de l'association de la Ligue intelligente des étudiants khmers, a été accusé d'avoir incité des habitants de la province de Preah Vihear à empiéter illégalement sur des terres et à participer à des manifestations violentes contre les autorités, créant ainsi une image négative du pays.

Il a ajouté que Koet Saray avait aidé des citoyens à s'enfuir et à se cacher dans la forêt, car ils craignaient d'être arrêtés et de subir des violences de la part des autorités dans le cadre d'un litige foncier de longue durée remontant à  2011. Les autorités provinciales ont déclaré qu'elles ne demandaient qu'à coopérer pour régler le conflit foncier.


Le 21 mars, Koet Saray a pris la tête d’un groupe de quatre autres jeunes pour rencontrer des habitants du district de Kulen, dans la province de Preah Vihear, qui s'étaient enfuis dans la forêt. Ceux-ci ont expliqué qu'ils avaient dû se cacher pour éviter les forces de police, après que des habitants de la région aient été arrêtés dans des affaires d'empiètement sur les terres d'une concession économique accordée à la société Seladamex en 2011.

Koet Saray a publié des interviews de ces personnes sur Facebook et a filmé la façon dont elles vivaient. Il a également accordé une interview à Radio France Internationale (RFI) Khmer pour rendre compte de la situation.

"Le suspect a diffusé publiquement de fausses informations, dans l'intention d'alimenter la colère et l'hostilité à l'égard du gouvernement", a déclaré le procureur du tribunal municipal de Phnom Penh.

Le tribunal a décidé d'inculper Koet Saray pour "récidive dans un délit après une condamnation" et "incitation à provoquer le chaos social", conformément aux articles 88, 494 et 495 du code pénal.

Mais les acteurs de la société civile nient ces accusations.

 

Des appels à la libération au nom du droit à la liberté d’expression

"L'arrestation a eu lieu sans préavis ni information claire pour Koet Saray et sa famille", peut-on lire dans une déclaration commune publiée le 8 avril par 54 associations, communautés et groupes de la société civile.

La déclaration indique que l'arrestation et la détention de Koet Saray s'inscrivent dans le cadre d'une répression continue de la liberté d'expression et de l'oppression des militants des droits de l'Homme et de l'environnement. Elles constituent une "violation grave" des droits fondamentaux garantis par la Constitution, ajoutent-ils.

Heng Kimhong, président du Réseau de la jeunesse cambodgienne, a dénoncé l'arrestation et l'accusation de Koet Saray qui se trouvait dans la forêt pour apprendre et comprendre les difficultés auxquelles étaient confrontés les habitants en fuite, dans le but de découvrir la vérité et d'appeler à des solutions appropriées.

"Je pense que Koet Saray n'a pas l'intention de provoquer du désordre", a-t-il affirmé."Il jouit de la liberté d'expression et souhaite simplement aider les personnes confrontées à des litiges fonciers”. 

La déclaration précise que son action doit être considérée comme une contribution utile aux autorités plutôt que comme une incitation."De plus, son arrestation à l'approche du Nouvel An khmer l'a privé de son droit de se réunir avec sa famille et ses proches”.

Heng Kimhong demande aux autorités compétentes de réexaminer le cas de Koet Saray et au tribunal municipal de Phnom Penh d'abandonner les charges retenues contre lui et de lui accorder la liberté afin qu'il puisse reprendre son travail de plaidoyer et s'attaquer aux problèmes sociaux.

En septembre 2020, Koet Saray, moine à l'époque, avait déjà été condamné à 20 mois de prison et à une amende de 2 millions de riel (environ 500 dollars) pour incitation à des troubles sociaux graves. Il a été contraint de quitter le monastère et arrêté avec huit autres personnes en raison de leur plaidoyer en faveur de la libération de l'ancien syndicaliste de premier plan Rong Chhun en septembre 2020.

Saray n'a purgé qu'une peine de 14 mois, la peine restante étant assortie d'un sursis de deux ans, selon le verdict pénal rendu le 26 octobre 2021. Il a été libéré en novembre 2021.

 

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

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