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MARIUS IONESCU - ''Je ne peux pas courir pour une simple poignée de main''

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 17 avril 2016, mis à jour le 17 avril 2016

Dimanche prochain, il ira défendre sa médaille d'or au Marathon de Dusseldorf, qu'il a remporté l'année dernière. Mais il regarde déjà vers Rio, pour les Jeux olympiques. Il y a quatre ans, à Londres, il avait déjà été qualifié à l'épreuve du marathon, une première depuis 48 ans pour un athlète Roumain. Beau gosse, un peu grande gueule, Marius Ionescu n'en reste pas moins un sportif modeste et généreux. A 32 ans, il est plus en forme que jamais pour battre de nouveaux records.

Photo : Jonas Mercier et www.mariusionescu.ro

Le Petitjournal.com/Bucarest - La course à pied est-elle un sport populaire en Roumanie ?

Marius Ionescu - Ca commence. Le nombre de participants augmente et cela va continuer. Comme j'ai l'habitude de le dire, la famille des coureurs de Roumanie s'agrandit et c'est important pour les professionnels car de plus en plus de monde se rend compte de ce qu'il y a derrière nos performances. Nous commençons à nous sentir plus soutenus et appréciés.

Est-il difficile d'être un athlète de haut niveau dans ce sport en Roumanie ?

Ces dernières années, la Roumanie a connu des difficultés économiques et cela s'est ressenti dans le monde du sport, notamment en athlétisme. Mais j'ai espoir que la tendance va s'inverser dans les années à venir. Les sportifs roumains sont tout de même soutenus, ce qui n'est pas rien. Le problème, c'est que l'Etat arrête de les aider une fois qu'ils sont au plus haut niveau, alors que c'est là où ils en auraient le plus besoin.

Quelles sont vos relations avec la fédération d'athlétisme ?

A l'heure actuelle, la fédération me soutient. L'année dernière, j'ai eu une année difficile et ses dirigeants ont décidé de me sortir de l'équipe olympique et nationale. Il a fallu que je m'entraine pendant deux mois, au Portugal, avec mon propre argent. Ca a été dur, mais j'ai pris ça comme une chance. Parfois, quand tu tombes, il faut savoir se relever tout seul, se dépoussiérer, et retrouver la motivation initiale pour faire des performances. Pour moi, cet épisode a eu l'effet d'un coup de pied dans le derrière et j'en avais sûrement besoin.

Que pensez-vous de l'équipe d'athlétisme roumaine ?

Actuellement, nous sommes quinze sportifs à faire partie du lot qui partira à Rio. Pour l'épreuve du marathon, je suis seul. L'année dernière, comme je l'ai dit, j'ai été mis à pied pendant six mois. On a essayé de me remplacer, mais on n'a trouvé personne. La fédération aurait du me soutenir même durant cette période difficile, c'est vrai, mais je n'ai pas forcément d'atomes crochus avec ses dirigeants. Disons simplement que c'est une collaboration par laquelle on finance mes cantonnements.

Avez-vous déjà pensé à vous inscrire dans une autre fédération ?

Oui, souvent. J'ai eu la possibilité de rester en Angleterre ou aux Etats-Unis. Si j'avais voulu partir, j'aurais pu. Mais je n'ai pas voulu quitter mon pays, tout simplement.

Quels sont vos objectifs pour les JO de Rio ?

Je voudrais un meilleur classement qu'à Londres, où j'ai terminé à la 26e place. Mon objectif est de finir dans les vingt premiers. Ce résultat me permettrait d'être considéré comme un athlète d'élite, ce qui veut dire que je serais invité aux meilleurs courses dans le monde entier. L'épreuve du marathon aux JO aura lieu le 21 août. Les conditions risquent d'être difficiles, notamment à cause de la température élevée, mais ce sera un avantage pour moi car le rythme de course sera moins rapide.

Réussissez-vous à vivre du sport ?

Jusqu'à l'année dernière, j'étais professeur de sport à un lycée à orientation sportive de Craiova. Mais c'était difficile et j'ai renoncé. A l'heure actuelle, mon club me soutient. J'ai un salaire mensuel. J'ai essayé de trouver des sponsors, mais sans résultat.

Participez-vous à des marathons en Roumanie ?

Pour moi, l'athlétisme est un job. J'investis deux mois de mon temps, de mon argent, de mon corps pour participer à un concours. Et je ne suis jamais sûr de faire un bon résultat et donc de gagner un prix. Quand je cours à l'étranger, les organisateurs me paient non seulement le transport, l'hôtel et le restaurant, mais aussi plus une prime de départ. Je n'ai jamais participé à un marathon en Roumanie, parce qu'avec une simple poignée de main et des félicitations, je ne peux pas courir. Or jusqu'à maintenant, je n'ai reçu aucune invitation pour participer à un marathon dans mon pays.

La Roumanie est-elle un pays avec une tradition dans l'athlétisme ?

Oui, nous avons eu de très bonnes performances, mais plutôt chez les filles. Lidia ?imon a remporté le marathon aux championnats du monde d'athlétisme à Edmonton en 2001 et a eu la médaille d'argent aux JO de Syndey, en 2000. Mais aujourd'hui, la Roumanie est en crise. Nous n'avons que cinquante athlètes qualifiés aux JO.

Propos recueillis par Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Lundi 18 avril 2016

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 17 avril 2016, mis à jour le 17 avril 2016

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