

Depuis un certain temps maintenant le mot hipster est sur toutes les lèvres. Si dans votre entourage probablement peu de personnes osent clairement revendiquer leur appartenance à cette communauté, ils sont néanmoins de plus en plus nombreux à venir gonfler les rangs de la population berlinoise. Cet article, fruit de multiples recherches, enquêtes, rencontres et observations, ne relève bien évidemment que de mon avis personnel et libre à tous de ne pas le partager.
Aux origines du mouvement
Si vous pensiez que le concept d'hipster était tout aussi récent que le retour en vogue du port des Rayban Wayfarer comme lunettes de vue, détrompez-vous ! Né dans les années 40 avec l'apparition du terme « hip » (« libéré »), ce terme désignait initialement les fans de jazz de l'époque. Après un bref come-back dans les années 90, où il renvoyait aux jeunes adultes issus de la classe moyenne, le terme hipster a définitivement fait son grand retour au 21ème, vers 2010 plus précisément. Dans les années 90, le terme était associé à une culture qui préférait la musique indépendante, dénonçait les produits dits mainstream, défendait des styles de vie alternatifs, l'athéisme et des mouvements politiques considérés comme en marge de l'échiquier politique, etc. L'autonomie et l'ingérence étaient alors des notions clés. C'est pourquoi, en termes de média, les films, magazines ou sites web indépendants étaient privilégiés.
Des critères de ralliement facilement identifiables
Aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose de ces lointains idéaux. La société de consommation et la culture de masse ont pris le pas sur des convictions autrefois activement défendues. Il ne s'agit plus désormais de défendre une quelconque idée mais de se démarquer du citoyen lambda par le biais d'un certain nombre de critères on ne peut plus apparents. Tout d'abord, on trouve la tenue vestimentaire. Le port d'un bonnet en plein été, la classique chemise à carreaux style bûcheron canadien et les Rayban comme mentionné précédemment font partie, entre autres, des nombreux éléments indispensables de tout placard « hispsterien ». Vient ensuite une progressive transformation physique. Si le mâle hipster va se laisser pousser la barbe ou la moustache, les filles vont quant à elle plutôt tenter de nouvelles coiffures jusqu'alors inenvisageable. À présent, des tatouages, de préférence un triangle, sont aussi un must.
Le hipster, à la fois à contre-temps de la mode et complètement dans la mode
Il est aussi très important pour tout hipster qui se respecte d'être à la pointe de la technologie. Ne pas être en possession du dernier Iphone ou MacBook est donc tout simplement inconcevable. Vous l'aurez compris, Apple est leur marque de prédilection. Si le hipster et son Iphone sont désormais inséparables, il ne faudrait néanmoins pas oublier Instagram et Twitter, ses deux nouveaux compagnons de route. Vêtu de ses dernières trouvailles vintages, lunettes vissées sur le nez, le hipster aime partager son quotidien, surtout à travers de multiples photos légèrement retouchées. La photo justement s'érige comme la nouvelle passion commune à tous les membres de cette communauté. Mais attention, sachez que les appareils numériques compacts sont tout bonnement has been. Si vous voulez être à la page il vous faudra au plus vite investir dans un Reflex. Enfin, il ne faudrait oublier les blogs qui leur permettent non seulement de partager leurs centres d'intérêt comme la musique (attention, celle-ci ne doit pas être mainstream mais c'est tout de même celle qu'il est bon d'écouter) mais aussi d'établir et d'affirmer leur présence sur la toile. Le hipster : un bobo 2.0 ? La question mérite d'être posée.
Un mouvement qui suscite la controverse
Si cet article peut vous sembler condescendant ou un peu trop caricatural, soyez rassurés ! Il a officiellement été validé par la renommée SPH (Société Protectrice de l'Humour). Si le hipster ne se revendique pas comme tel, se considérant plutôt comme une personne unique et fière de sa propre identité culturelle, force est de constater que pour l'opinion publique ce n'est absolument pas le cas. Loin de là. Le hipster agace et irrite. Que ce soit à cause de ses « über » ou « hashtag » à tout bout de champ, de son conformisme évident ou encore de sa volonté de se placer comme étant en avance sur ses contemporains, ces derniers sont désormais souvent bien las de ce geek revisité. Les médias ne sont pas les derniers quand il s'agit d'en faire une satire. Des dessins-animés tels « Bob l'éponge » aux populaires séries télévisées américaines comme « Happy Endings » où l'héroïne sort avec un hipster, tous surfent sur la vague de ce mouvement et se font un plaisir de le caricaturer. Berlin n'a pas échappé à l'invasion. Au contraire, la capitale allemande a poussé la logique « communautaire » encore plus loin en organisant des olympiades réservées aux hipsters. Les épreuves, plus farfelues les unes que les autres, reprennent les éléments caractéristiques majeures du mouvement avec par exemple un parcours sur des caisses de Club Mate ou encore le lancer de lunettes. Berlin est donc en quelque sorte devenue un des QG de cette communauté über cool. Si vous avez l'occasion de vous y promener vous en rencontrerez forcément sirotant un Club Mate surtout si vous êtes à Kreuzberg. Cependant, si vous en croisez un spécimen, ne lui demandez pas s'il est « un hipster et fier de l'être ». Le hipster teuton vous répondra éhonté que vous l'insultez, qu'il ne comprend pas pourquoi vous lui posez une telle question et que non ce n'est absolument pas le cas. J'en ai fait l'amère expérience croyez-moi.
D'une simple tendance est née une véritable culture à part entière. Aujourd'hui tout le monde peut être un hipster, l'âge et le milieu social ne sont plus des critères. Une tendance qui donnerait presque envie à certains de leur dire « S'agirait de grandir. ».
Chiara Personne (www.lepetitjournal.com/berlin) jeudi 18 juillet 2013
Savoir plus :
Si vous souhaitez savoir si vous êtes oui ou non un hipster, rendez-vous sur le lien suivant : http://www.areyouahipster.com/the-hipster-test/
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