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Puigdemont se présentera aux élections régionales en Catalogne le 12 mai prochain

C'est depuis la France que Carles Puigdemont a lancé son double défi au gouvernement espagnol: revenir en Espagne pour être candidat à l'investiture et renouveler le processus d'indépendance coupé court en 2017. Analyse.

Carles puigdemont catalogneCarles puigdemont catalogne
Junts per Catalunya
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 30 mars 2024, mis à jour le 1 avril 2024

Retournement de situation. Pere Aragonés, actuel président de la Generalitat appartenant au parti de gauche indépendantiste ERC, avait décidé d'avancer les élections régionales catalanes au 12 mai (12-M) afin de dissuader son adversaire Carles Puigdemont de présenter sa candidature. Il pensait ainsi profiter du fait que le calendrier serré de l'amnistie empêcherait Puigdemont, réfugié depuis 6 ans en Belgique, de débarquer en Catalogne pendant la campagne électorale s'il ne voulait pas risquer d'être arrêté. Mais la détermination du fugitif de Waterloo à se présenter à la présidence de la Generalitat et l'énorme impact de son annonce ont contrecarré la manœuvre des Républicains d'ERC.

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L'ancien président de la Generalitat a d'ailleurs reconnu avoir réagi à un calendrier électoral "imprévu et soudain", et que c'est ce qui l'a amené à opter à la présidence de la Generalitat. En effet, son projet initial était de redoubler comme député européen et de planifier plus sereinement son retour triomphal en Espagne, avec l'application complète de la loi d'amnistie, pour ensuite envisager de mener la liste des Junts au Parlement.

Une annonce triomphaliste depuis la France

Et c'est ainsi que Carles Puigdemont a finalement annoncé sa décision juste avant les vacances de la Semaine Sainte. Il l'a fait depuis la petite ville française d'Elne, à une trentaine de kilomètres de la frontière, où les indépendantistes auraient caché les urnes du référendum illégal en 2017. Dans une salle comble, d'une capacité de 300 personnes, et avec un millier de sympathisants aux alentours qui criaient "Président!", le premier message de Puigdemont a été d'annoncer son prochain retour en Espagne pour les élections catalanes du 12 mai (12-M), au risque d'être arrêté.

 

ville d'elne
Carles Puigdemont a choisi la ville française d'Elne pour annoncer son prochain retour en Espagne/CC

 

"Aujourd'hui commence le compte à rebours de mon retour", a-t-il déclaré. "J'ai toujours pensé que le retour d'exil ne peut pas se faire en catimini, ni comme le résultat d'une reddition, ni comme un acte de service au parti pour obtenir des gains électoraux", même si ses propos ressemblaient plus à un discours de pré-campagne électorale. "Si je suis candidat à l'investiture" en tant que président de la Generalitat, a-t-il annoncé, "je quitterai l'exil ce jour-là pour aller demander la confiance de la Chambre". Et il le fera, quitte à se faire arrêter, ce qui provoquerait un scandale international, a-t-il laissé entendre dans ses propos.

 

salle comble pour secouer puigdemont
Carles Puigdemont annonce sa candidature devant une salle comble /Junts per Catalunya

 

Son deuxième message est sa détermination de rendre effective la déclaration d'indépendance de la Catalogne, qu'il avait laissée en suspens après le 1er octobre 2017. Et il compte pour cela sur ces dons de négociateur hors pair, rappelant pour cela toutes les concessions qu'il a arrachées à Pedro Sanchez ces derniers mois. "Si la voie de la négociation ne donne pas de résultats et s'éternise de manière stérile, s'ils tergiversent, si nous voyons qu'il y a un retard dans la négociation et qu'elle ne donne pas les résultats que nous espérons", a-t-il clarifié, "nous ne renoncerons en aucun cas à obtenir l'indépendance, si telle est la volonté des Catalans. Mais nous devons faire mieux, maintenant que nous connaissons beaucoup mieux les routes, les forces, les faiblesses. Nous avons beaucoup appris au fil des ans", a-t-il déclaré à propos du temps qu'il a passé à Waterloo, fuyant la justice espagnole. Un clin d'œil aussi à ses adversaires d'ERC qui lui reprochent d'avoir fui en 2017 alors que les autres (tels qu'Oriol Junqueras) ont passé quelques années en prison avant d'obtenir la grâce.

 

Carles Puigdemont a parfaitement su jouer ses cartes en plaçant désormais les concessions du gouvernement au centre de sa campagne et en montrant sa détermination. "Ils savent (en référence aux socialistes) que nous n'avons rien cédé, que nous ne céderons pas et que nous maintenons la légitimité du référendum et de la déclaration d'indépendance", a-t-il ajouté.

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