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III Forum de la CCI franco-espagnole  vers une logistique du dernier km durable

Pour ce forum, la Chambre a invité les principaux concernés pour en discuter. Au programme : plusieurs interventions et deux tables rondes, rassemblant des intervenants comme L’Oréal, Carrefour, Adif, l’Ayuntamiento de Madrid et bien d’autres.

Photo famille intervenants forum cciPhoto famille intervenants forum cci
Écrit par Maud Moreels
Publié le 13 avril 2024, mis à jour le 13 avril 2024

Alors que les voitures klaxonnent devant Le Beatriz, à l’intérieur du fameux bâtiment se tient le troisième Forum de la Chambre de commerce franco-espagnole. Cette édition a pour thème la “sostenibilidad en la logística de última milla”, la durabilité dans la logistique du dernier kilomètre. Le dernier kilomètre correspond aux derniers 1000 mètres parcourus par un produit avant d’arriver chez son destinataire. Sans intervention de la part des grands acteurs de distribution de marchandises, l'incidence des émissions de carbone associées au dernier kilomètre atteindra 32% des émissions totales de la chaîne d'approvisionnement d'ici à 2030. Pour ce forum, la Chambre a invité les principaux concernés pour en discuter. Au programme : plusieurs interventions et deux tables rondes, rassemblant des intervenants comme L’Oréal, Carrefour, Adif, l’Ayuntamiento de Madrid et bien d’autres.

Mobilité congestionnée

Nous sommes tous confrontés à un véritable défi en termes de mobilité dans notre ville, dans une perspective de durabilité, et pas seulement de durabilité environnementale, mais aussi de durabilité économique et sociale”. C’est avec ces mots que Sara Bieger, CEO de la Chambre de commerce franco-espagnole, a introduit la thématique de la journée. En effet, la logistique du dernier kilomètre n'est pas seulement un défi logistique ; c’est aussi un défi social. La collaboration entre les entreprises, les citoyens et les autorités est essentielle pour créer un système plus durable, plus efficace et plus bénéfique pour tous.

 

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Sara Bieger souligne que nous sommes tous confrontés à un véritable défi en termes de mobilité dans notre ville

 

À Madrid, avec le développement de nouveaux moyens de transports comme les trottinettes électriques, le nombre grandissant de cyclistes et le développement de l’e-commerce, la ville se congestionne petit-à-petit. La distribution urbaine de marchandises (DUM) équivaut à 11% du parc automobile de la ville, et est responsable de 17% des accidents, sans parler des émissions de dioxyde d’azote qui s’élèvent à 21%.

Durabilité et logistique du dernier kilomètre dans la distribution B2C

Pour faire un point sur la situation actuelle et tenter de trouver des solutions en donnant la parole aux principaux concernés, la première table ronde s’est intéressée aux différents points de vue sur les principaux obstacles et initiatives en matière de commerce électronique durable. Modérée par Paula Peña Lázaro, Supply Chain Consulting Manager à NTT DATA Europe & Latam, le panel était composé de Xavier Appy, directeur du développement de la chaîne d'approvisionnement et du dernier kilomètre chez Carrefour, d’Aitor Ojanguren, directeur général de Koiki et de Philippe Ducellier, directeur général de Generix Group en Espagne.

Les obstacles à un commerce électronique durable

L’exigence de la clientèle, la croissance de la densité urbaine, et sa relation avec la congestion du trafic, notamment aux heures de pointe, ont été au centre des discussions. Pour le groupe Carrefour, s’orienter vers une logique plus durable est un véritable défi pour plusieurs raisons : depuis la pandémie, les commandes en ligne sont en augmentation constante. Aussi, les clients désirent recevoir leurs achats de plus en plus vite. Résultat : de plus en plus de marchandises doivent être livrées, et de plus en plus de camions circulent dans les villes.

 

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Pour le groupe Koiki, le défi est différent : cette entreprise s’oriente principalement vers des formes de livraisons durables. Les marchandises sont livrées à pied, en vélo ou grâce à des véhicules électriques. Pour cette raison, ils sont moins compétitifs en termes de rapidité.

 

Au niveau de la clientèle, il existe un véritable paradoxe : les clients veulent recevoir leurs produits le plus rapidement possible, mais exigent aussi une certaine durabilité de la part des entreprises. Pas évident pour les entreprises, qui ne savent plus sur quel pied danser.

La collaboration et la collectivisation, solutions durables et efficaces

Generix Group, qui aide les entreprises à gérer et piloter l’ensemble des flux d’un écosystème économique et industriel, admet que “le plus évident pour nous, c’est de les aider à trouver comment mieux transporter.” En effet, les entreprises comme Carrefour et Koiki manquent de données pour étudier les différents maillons de la chaîne de distribution. À côté de ça, la mission de Generix est d’ “aider à optimiser et mesurer la situation, et être capable de communiquer sur ces résultats”. L’exemple parfait de la nécessité de collaborer pour ces entreprises.

 

En terme d’initiatives mises en place par les intervenants, Carrefour a partagé les siennes, telles que des créneaux horaires "éco" pour des livraisons plus durables, la promotion du covoiturage dans les livraisons physiques et l'utilisation de véhicules électriques. Koiki a mentionné l'analyse des données pour optimiser les itinéraires et la collaboration avec le secteur social. Generix a mis en avant le développement de solutions technologiques et la nécessité de collaboration entre les entreprises pour une chaîne d'approvisionnement plus durable. Finalement, l'importance de l'éducation à la durabilité et à la conscience sociale des citoyens a également été présentée comme une mesure indispensable pour améliorer la durabilité dans la logistique du dernier kilomètre.

Rentabiliser l’évolution vers la durabilité

La journée a aussi été ponctuée par une présentation technique de Marcelo Daniel Laninno, responsable de la gestion de la chaîne d'approvisionnement NTT DATA. Il y a mis en lumière les défis rencontrés dans la mise en œuvre de programmes de durabilité malgré une reconnaissance croissante de leur importance. Il a par exemple souligné que la majorité de ces programmes échouent en raison d'un manque de cadre clair, d'objectifs inatteignables et de difficultés à aligner les opérations commerciales sur la stratégie de durabilité.

 

Les obstacles incluent également un manque de sensibilisation et de compréhension des employés des entreprises en cause, ainsi que des défis technologiques. L’absence de mesures claires pour évaluer le succès des initiatives complique aussi la situation.

 

Pour surmonter ces défis, Marcelo Daniel Laninno propose des objectifs concrets, comme éviter les sanctions réglementaires, réduire les risques opérationnels, saisir les opportunités commerciales et réduire les coûts. Ces objectifs reposent sur diverses actions telles que la gestion des commandes, le stockage, le transport et la livraison. Enfin, il a appelé le gouvernement à définir les défis, en sélectionnant les indicateurs clés de performance (KPI) et en mettant en place des processus de mesure et de contrôle.

Durabilité et distribution B2B

La deuxième table ronde s’est intéressée à la question de la durabilité dans la distribution au point de vente. Modérée par Ramon Garcia, directeur général du Centre logistique espagnol (CEL), le panel était composé de Sara Rodriguez, responsable mondiale du développement durable chez Abertis, Cristina Vaquero, manager durabilité et impact social chez L’Oréal et Jose Manuel López, directeur des opérations de transport, logistique et études chez STEF. Un panel plutôt complémentaire puisqu’il se composait “d’une entreprise qui fabrique, d’un opérateur logistique et d’une entreprise qui fournit des infrastructures” comme l’a souligné Ramon Garcia.

 

intervenants forum cci

 

Sara Rodriguez d'Abertis a souligné l'importance de la collaboration public-privé, comme l'alliance avec sa filiale française pour un programme pilote sur la décarbonisation du transport de marchandises, l'alliance entre CEVA Logistics, ENGIE et le groupe sanef avec le lancement de l'European Clean Transport Network Alliance (ECTN Alliance). Elle a noté que le manque de données représente un défi pour comprendre réellement la situation de la chaîne d'approvisionnement et que l'innovation est souvent entravée par la migration des flottes.

 

De son côté, Cristina Vaquero a souligné que “la durabilité doit être intégrée dès les premières décisions en raison de la variété des points de livraison”. Elle a mis en avant l'importance de comprendre les besoins et les demandes des clients pour faire des prévisions précises, identifiant comme leviers pour la durabilité la promotion du transport multimodal, l'introduction de carburants d'origine végétale et l'optimisation des charges.

 

Jose Manuel Lopez Hernández de STEF a relevé l’importance du rôle que les entreprises de transport et de logistique peuvent jouer dans la durabilité, en mettant en évidence les efforts de STEF en ce sens depuis plus de 10 ans. Selon lui, “la logistique inverse pose des défis en termes de mesure, en particulier pour les produits à cycle de vie court comme les aliments, ce qui conduit au gaspillage”. STEF travaille à réduire de 30% les émissions, en explorant les carburants alternatifs et en ayant déjà 15% de sa flotte alimentée par du biodiesel et un système électrique.

Des discours encourageants

Ce forum s'est converti en une plateforme essentielle pour discuter des défis et des solutions sur ce vaste sujet qu’est la logistique du dernier kilomètre. Il est devenu évident que la congestion croissante des villes, en grande partie due à la distribution urbaine de marchandises, nécessite des mesures urgentes pour réduire les émissions de carbone et améliorer la qualité de l'air.

maud moreels
Publié le 13 avril 2024, mis à jour le 13 avril 2024