Rafael Acosta, plus connu à Mexico sous le nom de Juanito, est devenu en quelques mois la nouvelle star de la politique mexicaine. 2e épisode de la saga politique du moment, où l'on en apprend un peu plus sur ses origines
La statue de Juanito, élaborée par le sculpteur Bernardo López Artasánchez. Photo: Jade Latargere
Acte 1, scène 3: la lune de miel entre Brugada et Juanito
Durant les semaines qui suivent l'élection, Clara Brugada et Juanito vivent une véritable lune de miel, se présentant ensemble à tous les évènements où l'un doit assister. Le 9 juillet 2009, Juanito, qui doit recevoir des mains de l'Institut Electoral l'acte accréditant sa victoire aux élections, arrive accompagné de Clara Brugada et l'embrasse avec effusion. A ceux qui insistent pour qu'il occupe son poste de maire, Juanito n'a cesse de répondre: "c'est gentil, je suis heureux que les gens me demandent d'assumer le rôle de maire, mais on a mis au point une certaine stratégie politique, on a gagné parce que les gens nous ont fait confiance. Je ne vais pas faillir à López Obrador, je ne pense pas devenir maire d'Iztapalapa".
Acte 2, scène 1: le début des conflits
Mais ni López Obrador, ni Clara Brugada, ne semblent avoir tenu compte du caractère de "Juanito", lorsqu'ils ont mis au point la stratégie qui devait leur permettre de garder le contrôle d'Iztapalapa. Juanito est né le 17 juillet 1958 dans un arrondissement pauvre de la ville de Mexico;sa mère, Concepción Alvarez Garibaldi, met au monde 20 enfants, dont 8 meurent en bas âge;de son enfance, Juanito garde le souvenir de la pauvreté et des privations;il finit le collège, mais pas le lycée et commence très tôt à travailler, d'abord comme plongeur et serveur dans différents restaurants, puis comme leader de marchants ambulants. A l'occasion, Juanito a été figurant dans des films de série B, et lutteur de "lucha libre". Divorcé de sa femme, il a eu trois enfants, dont l'un est mort à 23 ans d'une balle dans la tête lorsque "ses adversaires politiques ont tenté de le tuer".
C'est ce personnage que López Obrador a choisi pour céder sa place à Brugada, sans voir que la gloire monterait très vite à la tête de Juanito, et qu'il serait la proie facile des partis de droite (PAN), prêts à tout pour arracher Iztapalapa à la "Gauche Unie".
Amateur des projecteurs, Juanito change vite de discours. En août 2009, il déclare à la presse "qu'il aimerait bien rester gouverner Iztapalapa et qu'il ne doit rien à personne". Il ajoute qu'il savait depuis le début qu'il remporterait l'élection : "C'est pour ce que j'ai fait à Iztapalapa que les gens m'ont soutenu, j'aurais gagné contre qui que ce soit". Malgré tout, Rafael Acosta soutient que "Juanito n'a qu'une parole" et qu'il laissera son poste de maire à Clara, comme il l'a promis.
Acte 2, scène 2: la trahison
C'est en septembre 2009, lors d'une visite à la Basilique de Guadalupe, que Juanito annonce à la presse son intention de rester gouverneur d'Iztapalapa. Il affirme qu'il a pris cette décision pour respecter la volonté des citoyens qui l'ont élu, et qu'il offrira un poste à Clara Brugada à la mairie. "Ce n'est pas un acte de trahison", explique-t-il à la presse, "je m'étais engagé, mais Brugada n'a pas voulu s'engager à laisser 50% des postes à mon équipe".
Quelques jours plus tard, Juanito rompt formellement tout dialogue avec Brugada, alléguant qu'elle a refusé d'assister aux réunions auxquelles il l'a conviée. Alors que Brugada multiplie meetings et assemblées politiques pour défendre "sa victoire", Juanito renforce les mesures de sécurité autour de sa personne et assiste aux cours de capacitation en administration qui ont été mis en place par le gouvernement, bien décidé à assumer ses nouvelles fonctions de maire.
Jade LATARGERE (www.lepetitjournal.com/Mexico) mercredi 16 décembre 2009
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