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OBÉSITÉ – Les Mexicains plus gros que les Américains !

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 3 décembre 2013, mis à jour le 4 décembre 2013

 

Le problème de l'obésité devient le plus gros problème de santé publique au Mexique. En effet, les Mexicains ont rattrapé et même dépassé leurs voisins américains en copiant en grande partie leurs habitudes alimentaires. Les conséquences sur la santé sont alarmantes et le gouvernement a décidé de réagir en proposant une loi pour taxer la malbouffe.         

 La prévention contre l'obésité commence à faire son apparition dans les rues de Mexico (photo Romain Thieriot).

Voici un record dont les Mexicains se seraient bien passés. Selon le dernier rapport de l'ONU, le Mexique a dépassé d'un petit point les Etats-Unis en termes de surpoids et d'obésité. Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture),le pays compte désormais 32,8 % d'adultes obèses et l'on considère que 70 % des Mexicains sont en surpoids ! 

Le plus alarmant reste l'obésité infantile qui a triplé ces dix dernières années. Le Mexique occupe la première place mondiale concernant cette obésité qui touche non seulement les enfants et adolescents mais aussi la petite enfance. Selon la Enasut (Enquête nationale de santé et nutrition), un tiers des adolescents de 12 à 19 ans et un quart des enfants scolarisés sont en surpoids ou sont obèses .

Des conséquences dramatiques
A moyen et long terme, l'obésité favorise l'apparition de maladies comme le diabète, les infarctus, le cholestérol ou les insuffisances rénales. Chaque année, le Mexique compte 400.000 nouvelles personnes souffrant d'hyperglycémie, et le diabète tue 70.000 personnes par an, c'est-à-dire de 5 à 10 fois plus que le narcotrafic ! Le traitement de ces maladies entraîne une explosion des dépenses de santé du gouvernement. On estime que le Mexique consacre 10% de son budget pour lutter contre l'obésité, première cause de soins médicaux.

Obésité comida chatarra

L'obésité, un fléau qui touche d'abord les plus pauvres (photo Romain Thieriot)

Botanas, refrescos y comida chatarra
Les raisons de l'obésité sont connues de tous les nutritionnistes : la mauvaise alimentation, la sédentarisation, le manque de disponibilité d'aliments sains dans les commerces de proximité, auxquels il faut ajouter une prédisposition génétique liée au métissage mexicain. En 20 ans, le pays a totalement adopté les habitudes alimentaires diffusées par son grand voisin du nord en consommant des produits transformés très riches en calories, vendus en grandes portions et peu chers. Cette nourriture est communément appelée comida chatarra. Le pays est même devenu le champion du monde des consommateurs de refrescos (sodas). Le régime XXL est donc parfait si l'on ajoute une touche culinaire locale, la dégustation de tortas, tacos, gorditas baignant dans l'huile et vendus à toute heure dans les puestos (stands) du coin de la rue. 

Paradoxe du pays, sa gastronomie est reconnue comme patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco, une distinction qu'elle partage avec la gastronomie française. Le Mexique a en fait délaissé au cours des 20 dernières années ses petites cantines comidas corridas, qui servaient une alimentation traditionnelle équilibrée (le plus souvent un plat avec un peu de viande accompagnée d'haricots, de riz et de légumes) pour un style fast food, vite et pas cher mais pas vraiment sain pour la santé.      

Une taxe sur les sodas
Toutes les politiques de santé publique le démontrent, une bonne alimentation est le meilleure prévention contre les problèmes de surpoids et d'obésité. Le gouvernement a donc décidé de lancer une grande campagne préventive et prévoit de taxer les aliments les plus nocifs.    

Une loi "pour la prévention et le traitement de l'obésité, du surpoids et du déséquilibre alimentaire" vient d'être votée pour imposer à hauteur de 8% plus de 3.700 marques de botanas (amuse-gueule) dont les chips, sucreries et les sodas. Depuis ce projet de loi, plusieurs grands groupes agro-alimentaires s'agitent pour faire du lobbying en contestant le bien fondé de cet impôt qui "pèsera au final sur les ménages les plus pauvres". Un argument qui fait mouche au près de l'opinion publique car ce sont bien les catégories les plus pauvres qui achètent ces produits et sont touchés par l'obésité. 

En attendant, dans les Oxxo ou les 7 Eleven qui ont fleuri à chaque coin de rue de la capitale, la bouteille de soda reste moins chère que la bouteille d'eau. 

Jean-Marie LEGAUD (lepetitjournal.com/mexico) Mercredi 4 décembre 2013

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 3 décembre 2013, mis à jour le 4 décembre 2013

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