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JEUX VIDEO - Grim Fandango, une plongée dans l'imaginaire mexicain

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 14 août 2014, mis à jour le 15 août 2014

En juin dernier Sony a annoncé lors de l'Electronic Entertainment Expo qu'une version remasterisée du jeu Grim Fondango était en préparation. L'occasion pour nous de revenir sur ce jeu, unanimement reconnu à la fois comme un excellent jeu et comme ce que peut être le jeu vidéo en tant qu'art, qui puise son background au coeur des traditions aztèques et de l'imaginaire mexicain.

Paru en 1998, Grim Fandango (en français "Fandango Macabre", le Fandango étant une danse andalouse traditionnelle dansée en couple) est un jeu développé par Lucas Art sous la direction de Tim Schafer, très connu pour ses jeux narratifs et son style d'écriture comique. Il a connu à sa sortie un grand succès dans la presse spécialisée. On l'a même élu jeu de l'année devant Half Life, sans pour autant être un succès commercial. Il s'est néanmoins imposé au fil des ans comme une référence dans l'histoire du jeu vidéo et bénéficiera bientôt d'une version remasterisée sur les consoles playstation 4 et Vista mais aussi sur PC, Mac OS X et Linux.  

Ce travail devrait être facilité par une communauté de fans toujours active 15 ans plus tard, produisant de nombreux artworks et patches afin de combler les défauts du jeu, l'améliorer graphiquement et permettre d'y jouer aujourd'hui encore. Les moyens de l'époque permettaient à des personnages en 3D d'évoluer au milieu d'un décor en 2D tout à fait savoureux. De plus, l'équipe avait innové en permettant le déplacement du personnage non pas avec la souris comme dans un point and clic classic mais grâce au clavier, rendant ainsi l'expérience plus immersive et rythmée.

Le passage entre les mondes

Le Pays des Morts où se déroule l'histoire est inspiré de la mythologie aztèque : c'est le 8e Monde qui accueille les êtres humains décédés en route vers le 9e Monde, le Pays du Repos éternel. Mais pour effectuer leur dernier grand voyage tous ne sont pas logés à la même enseigne. Un agent de voyage détermine le moyen de transport qu'ils méritent au vu de leur vie : un bolide, une croisière ou même le 9 Express, un train qui les déposera à destination en 4 minutes. D'autres n'ont pas d'aide et doivent traverser le Pays des Morts à pied au risque de se perdre pour l'éternité. Enfin les derniers, dont on suppose que la vie n'a pas été très vertueuse, sont coincés au Pays des Morts pour un temps indéterminé et doivent effectuer des travaux d'intérêt généraux pour les autres âmes en transit. 

De nombreux personnages (DR)
C'est le cas de Manuel Calavera dit "Many", qui est justement agent de voyage chargé de recueillir les âmes nouvellement décédées et de les mettre sur les rails, littéralement pour certains même si trop souvent, ce sont les dossiers des pécheurs qui lui échoient. Un jour, il réussit enfin à s'occuper d'un bon client; une jeune fille courageuse, généreuse, irréprochable, promise au 9 Express, mais on lui retire aussitôt pour lui apprendre ensuite qu'elle a été envoyé, seule et à pied, à travers le dangereux pays des morts. Convaincu que son patron mafieux et son horrible collègue corrompu ont arnaqué sa cliente, il se lance à sa recherche.

De nombreux personnages inspirés de l'imaginaire mexicain. (DR) 

Débute alors une aventure de 4 ans qui nous amènera aux 4 coins du pays des morts et Many ira côtoyer des personnages hauts en couleurs tel Salvador Limones, un révolutionnaire marxiste, criant "Viva la revolución !"  à chacune de ses apparitions, fondateur de l'AAP (Alliance des Ames Perdues) un réseau d'espions visant à prouver la corruption et à provoquer la chute du Département de la Mort, le gouvernement, en charge du transit des âmes.

Un univers unique 

Bien d'avantage que la résolution des énigmes, c'est la découverte de l'univers du jeu, des personnages, de l'histoire, le tout servi par une magnifique bande son, un humour omniprésent et des excellents doublages, qui fait l'immense intérêt de Grim Fandango, à tel point que c'est à regret qu'on le termine. Et cet univers est en filigrane celui de l'Amérique latine de la fin du siècle dernier. On trouve, bien sûr, des références à la tradition de la Fête des morts : le joueur ne joue que le 2 novembre, quatre années de suite, seul jour où les morts sont autorisés à aller rendre visite aux vivants; et à tout ce qui fait l'imaginaire mexicain : chaque personnage est en soi une "calavera", des "piñatas" sont vendues dans les marchés, certains personnages ont un accent mexicain à couper au couteau.

Univers Grim Fanrandom
On notera aussi l'immense travail fait sur l'architecture et la décoration; Art nouveau et Art déco se succèdent et s'entremêlent à l'art aztèque au fil des lieux et de l'histoire. Chaque fois différents, toujours surprenants, les décors ne lassent pas et l'on se surprend à lorgner une lampe particulièrement kitch ou à admirer un bas relief d'inspiration pré-hispanique.

Architecture et décoration particulièrement soignées (DR)

Mais c'est aussi l'Amérique latine des années 50-60, prise dans la Guerre froide, qui est décrite en filigrane : des gouvernements militaires corrompus, soutenus par l'interventionnisme américain auquel s'oppose des révolutionnaires marxistes. On assistera par exemple à une récolte d'abeilles des mers, des dockers en lutte pour leurs conditions de travail.

Bref je ne saurais que trop vous conseiller de découvrir Grim Fandango, en version restaurée si vous êtes capable d'attendre jusqu'à là ou sur votre machine via une machine virtuelle. Et si vous bloquez, pas de problème, cela fait 15 ans que des milliers de joueurs parcourent le Pays des Morts, vous trouverez facilement de quoi vous débloquer sur le net.

Timothée Delabrouille (lepetitjournal.com) Vendredi 15 août 2014

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 14 août 2014, mis à jour le 15 août 2014

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