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L'Espagne atteint un nombre record de démissions: 260% de plus qu'il y a dix ans

C'est ce qui ressort de l'Observatoire trimestriel du marché du travail publié par Fedea et BBVA Research. Seuls 27% des personnes qui ont quitté leur emploi l'ont fait pour obtenir un poste mieux rémunéré.

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pressphoto freepik
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 14 mars 2024, mis à jour le 15 mars 2024

 

En 2023, l'Espagne a enregistré un nombre record de démissions, avec 2,75 millions de travailleurs quittant volontairement leur emploi, soit 260% de plus qu'il y a dix ans, selon l'Observatoire trimestriel du marché du travail publié par Fedea et BBVA Research

On pourrait penser que ce boom des départs volontaires est dû au dynamisme du marché du travail et à la facilité de trouver un nouvel emploi, mais les données montrent que ce n'est pas le cas, puisque seulement 27% des personnes qui ont quitté leur emploi l'ont fait pour obtenir un poste mieux rémunéré. Autrement dit, la grande majorité (les 73% restants) se répartissent entre ceux qui ont continué à gagner le même salaire lorsqu'ils ont réintégré le marché du travail et ceux qui ont même vu leur salaire se détériorer (36%).

 

Pas de plan B pour beaucoup de démissionnaires

En outre, 58% des personnes qui ont quitté leur emploi l'année dernière n'ont pas repris le travail à court terme, ce qui semble indiquer qu'elles n'avaient pas de plan B lorsqu'elles ont démissionné. Seuls 26% ont retravaillé dans un délai d'une semaine et 11% ont mis jusqu'à un mois.

Il n'y a pas eu non plus d'amélioration généralisée du type de contrat, puisque 28% des nouveaux emplois de ceux qui avaient auparavant des contrats indeterminés étaient désormais temporaires ou fijo discontinuo (permanents discontinus, ce qui revient à du temporaire) et 40% de ceux qui avaient des contrats temporaires ont continué sur ce type de contrat.

 

Des démissions pas toujours "volontaires"?

Le fait qu'une grande partie des personnes qui démissionnent le font sans avoir d'autre emploi ou pour passer à un emploi moins bien rémunéré amène les analystes de BBVA Research et Fedea à penser que ces démissions "ne sont pas aussi volontaires" qu'elles le paraissent, à moins qu'elles ne soient faites pour améliorer d'autres conditions de travail (telles que les heures de travail ou l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée).

Au cours de la dernière décennie, le nombre de démissions n'a cessé d'augmenter, à l'exception de la pandémie, où il y a eu un recul, mais en 2021, 2022 et 2023, il a repris une tendance à la hausse. L'approbation de la réforme du travail à la fin de l'année 2021 a modifié la tendance, car jusqu'alors, les démissions de travailleurs ayant un contrat temporaire en Espagne (qui aspirent normalement à trouver un emploi permanent) avaient toujours été plus nombreuses.

Pourtant, depuis l'entrée en vigueur de la réglementation, les démissions volontaires des travailleurs en CDI ont largement dépassé celles des travailleurs temporaires. Depuis 2020, alors que les démissions des employés permanents ont grimpé de 296%, celles des employés temporaires ont chuté de 26%. Or, comme le rappelle le rapport, les démissions des travailleurs temporaires ont toujours été plus élevées que celles des travailleurs en CDI et aujourd'hui, c'est l'inverse en raison de la croissance des deux dernières années, 2022 et 2023, qui coïncide avec la réforme. D'ailleurs, la plus forte augmentation des démissions a eu lieu parmi les employés ayant un CDI, "qui ont représenté 75% de toutes les démissions volontaires entre janvier et mai 2023", selon les dernières données compilées par la Fedea.