La Colmena que dice sí!, une initiative française qui fêtera ses 10 ans en Espagne

La ruche qui dit oui!, initiative de consommation locale qui met en relation les consommateurs et les producteurs locaux, est née en France en 2011. Le principe était simple: Soutenir l'agriculture locale, tout en promouvant un changement de modèle de consommation avec un impact réel. Pour les producteurs, il s'agit d'un service de vente directe qui leur permet de gérer leur activité de manière autonome et équitable, en fixant leurs propres prix et conditions de commercialisation.

Aujourd'hui, un millier de ruches en Europe sont ouvertes, avec plus de 200.000 consommateurs en France, en Espagne, en Belgique, en Italie et en Allemagne. Ce réseau européen est autonome et décentralisé: chaque pays adapte le concept au niveau local.

Les deux premières ruches à Madrid et Barcelone en 2014

En Espagne, les deux premières Colmena que dice sí! sont apparues il y a presque dix ans, en 2014, à Madrid et à Barcelone. Aujourd'hui, une soixantaine de Colmenas sont ouvertes (et de nombreuses autres sont en cours de réalisation) à Barcelone, Madrid, Valence et en Castilla et Leon. Et le réseau continue de s'étendre chaque jour.

Il faut réapprendre à consommer mieux, selon la saison et à proximité

Madrid est l'un des principaux centres. "Lorsque les deux anciennes responsables de la Colmena del Liceo ont décidé de passer le flambeau à l'été 2022 - raconte Anne-Laure, responsable avec Hélène de la Colmena du Liceo, ça été tout de suite une évidence: en tant que consommatrices, on ne voulait pas que La Colmena s'arrête! Et c'était aussi une façon de nous engager concrètement en faveur d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement et plus équitable pour les producteurs locaux qui fixent eux-mêmes leurs prix". 

Réapprendre à consommer mieux

Comme on le voit, ce n’est pas pour l’argent que cette Française expatriée en Espagne depuis deux ans le fait, mais par conviction. "Aujourd'hui, avec les défis climatiques et environnementaux que l'on affronte, il faut réapprendre à consommer mieux, selon la saison et à proximité. C'est une prise de conscience individuelle et collective qui doit s'opérer. Notre objectif, en animant cette communauté de quartier, est de promouvoir un mode de consommation local, plus durable et résilient".

Grâce à ce système, le producteur perçoit directement plus des deux tiers du montant des ventes (hors taxes). "Les producteurs de la Sierra de Madrid méritent d'être soutenus pour leur travail formidable et engagé -affirme Anne Laure. Il y a une offre à Madrid pour des produits de qualité sans emballage plastique et qui n'ont pas fait des km par avion ou par camion!  On essaie petit à petit d'agrandir la Colmena  autour du Lycée Français de Madrid, de sensibiliser les gens. Mais cela prend du temps car ce modèle de consommation n'est pas encore très répandu en Espagne. Il faut que ça se sache et que les consommateurs s'en emparent!"

Gros travail de sensibilisation en Espagne

On compte en effet plus de clients français à la Colmena que d'Espagnols. Paradoxalement, l'Espagne est l'un des principaux producteurs de produits écologiques, mais en revanche, la consommation interne est encore relativement réduite par rapport aux autres pays européens. De fait, plus des deux tiers de la production nationale est réservée à l'exportation.  

Mais pourquoi les Espagnols sont moins nombreux? La première raison, selon Anne Laure, est culturelle. "Le système des paniers bio est bien plus ancré en France qu’en Espagne. Ce qui fait qu’un Français qui arrive en Espagne cherche ce type de service, par contre pour les Espagnols, c’est vraiment quelque chose de nouveau qu’ils ne connaissent pas. Il y a encore un gros travail de communication et sensibilisation à faire". Autre point, et pas des moindres en ce moment, les prix sont un peu plus élevés. "Un panier moyen de la Colmena reste un peu plus cher par rapport au niveau de vie des Espagnols. Comme je l'ai dit, les producteurs mettent un prix juste. Pour les gens, c’est un choix qui est de soutenir les agriculteurs. Mais tout le monde ne peut pas". D'autant que les différences de prix entre produits bio et non bio sont moins fortes en France qu'en Espagne.

Comment acheter à la Colmena?

Comme en France, il s’agit d’une plateforme web innovante avec, dans le cas de la Colmena plaza liceo, soit un panier tout fait ou alors il suffit de jeter un coup d'œil (un long coup d'œil!) sur tout le catalogue avec fruits et légumes, viande, œufs, huile, miel, céréales, fruits secs, cosmétiques, etc. "Les gens achètent en priorité les fruits et légumes, la viande et le pain -explique Anne Laure. Ce sont des produits bio cultivés à moins de 50 km de la ruche, dans la Sierra de Madrid".

Comme ce sont des produits bio que l'on pourrait qualifier d'"artisanaux", les légumes ne sont pas aussi "beaux" que ceux que l'on trouve dans les sections bio des supermarchés. "Il ne faut pas confondre bio et bio intensif – souligne Anne Laure- comme c’est le cas dans les supermarchés avec de très grandes parcelles. Bien sûr, les légumes ne sont pas 'parfaits' et ils peuvent durer moins longtemps parce qu’il n’y a pas de traitement".

Chaque Colmena a son propre jour et sa propre heure pour venir chercher sa commande, et beaucoup d'entre elles proposent également la livraison à domicile, comme à la Colmena plaza del Liceo (aussi Instagram). Dans son cas, les paniers, préparés avec soin par Hélène et Anne-Laure, sont à retirer le vendredi après-midi, de 16h à 17h30, au Platea 5, rue platea 5. À Madrid, il y a  une dizaine de Colmenas, dans la communauté de Madrid, une vingtaine et dans toute l'Espagne une soixantaine. 

Commande en ligne après inscription gratuite sur le site ¡La Colmena que dice Sí!