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PSOE expulse un socialiste "historique" critique contre une possible amnistie

Nicolas Redondo, socialiste espagnol historique vient d'être expulsé quelques heures après avoir critiqué ouvertement dans une interview à un journal espagnol les négociations actuelles de Pedro Sanchez avec les indépendantistes catalans pour obtenir les votes nécessaires à sa réélection à la présidence du gouvernement.

Nicolas Redondo et Pedro Sanchez-image prise videoNicolas Redondo et Pedro Sanchez-image prise video
Nicolás Redondo et Pedro Sanchez
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 16 septembre 2023, mis à jour le 20 septembre 2023

La température monte à Madrid. Dans quelques jours aura lieu l'investiture d'Alberto Nuñez Feijóo et, sauf miracle pour le candidat du PP, il ne sera pas élu prochain président du gouvernement, puisqu'il lui manque 4 voix. Mais si la tension est à son comble, ce n'est pas pour cette raison. Depuis le résultat des élections, tous les yeux sont tournés vers Pedro Sánchez et ses négociations avec Carles Puigdemont pour obtenir le oui de Junts.

L'amnistie: première revendication de Junts

Or, l'amnistie est la principale revendication des indépendantistes (derrière suivra le référendum d'autodétermination) et le moins que l'on puisse dire, c'est que le gouvernement en place n'est pas très clair sur sa position. D'abord contre toute amnistie -qui ne figure d'ailleurs pas dans la constitution-, sa position a évolué et il semble désormais chercher un moyen de la permettre. Cette ambiguïté suscite de vives critiques des socialistes "historiques" et des barons du parti qui ont déclenché une crise interne qui est arrivé à son climax avec l'expulsion de Nicolás Redondo la semaine dernière.

Mais qui est Nicolas Redondo?

Nicolás Redondo Terreros est fils et petit-fils de socialistes et de syndicalistes historiques. Pour la petite histoire, lors du Congrès de Suresnes en 1974, son père, Nicolas Redondo Urbieta, avait laissé sa place de leader du PSOE à un jeune et très charismatique Felipe Gonzalez qui lui semblait avoir plus de possibilités de gagner les élections, comme ce fut le cas en 1982.

 

Felipe Gonzalez jeune
1976, un jeune avocat andalou, Felipe Gonzalez, préside le PS. Il gagnera les élections 6 ans plus tard

 

À 17 ans, Nicolas rejoint les Jeunesses socialistes d'Espagne en 1975, encore en pleine dictature (Franco est mort en novembre de cette année-là). Il finira secrétaire général du parti socialiste basque PSE, à une époque où l'ETA commettait encore des attentats meurtriers en Espagne et en particulier dans le Pays Basque. Autant dire que l'on parle d'une figure particulièrement respectée dans le monde politique espagnol.

Pourquoi cette expulsion?

L'ancien secrétaire général du PSE a été exclu pour "mépris répété" de l'acronyme du parti. Ces dernières semaines, Redondo s'était déjà montré très critique à l'égard de la possibilité de former un gouvernement avec le soutien du parti de Carles Puigdemont, estimant qu'il s'agissait d'une "immoralité", que cette législature serait l'un des "épisodes les plus honteux" de l'histoire de l'Espagne et il avait alors appelé le PSOE à opposer un "non" catégorique au leader de Junts et à ne pas céder à la "génuflexion" des indépendantistes catalans.

 

Pedro Sanchez salue Nicola Redondo
Pedro Sanchez salue Nicolas Redondo aux funerailles de Nicoles Redondo père en janvier 2023 /image video

 

Mais la goutte qui semble avoir fait débordé le vase est une déclaration de Nicolas Redondo dans une interview accordée au journal El Mundo, dans laquelle il critique ouvertement la possibilité que Pedro Sánchez accepte d'éliminer les crimes des personnes condamnées pour le référendum illégal du 1-O, comme l'exigent les groupes indépendantistes, en échange des votes nécessaires à sa réélection à la présidence du gouvernement: "L'amnistie de 1977 a été un acte fondateur de la démocratie. Une étreinte nationale. Ici, c'est le contraire. L'amnistie de quelques personnes qui ont fait un putsch digne du XIXe siècle contre le système, dans le seul but d'obtenir les votes nécessaires pour que cet homme remporte l'investiture". 'Cet homme' dont parle Nicolas Redondo n'est autre que Pedro Sanchez.

Felipe Gonzalez critique l'expulsion de Redondo

Interrogé sur cette expulsion, l'ancien président du gouvernement et autre poids lourd historique du PSOE, Felipe González, a rappelé que Nicolás Redondo père, lorsqu'il était dirigeant du syndicat UGT et député socialiste, avait organisé la grande grève générale de 1988 et qu'il ne lui était "jamais" venu à l'esprit de l'expulser du PSOE, bien que cela ait été beaucoup plus grave que… donner son opinion, a-t-il ajouté. Felipe Gonzalez sera-t-il le suivant sur la liste?