"Remontada démontre que l'on peut remonter les situations les plus compliquées"

Lepetitjournal: Remontada sort tout juste un an après votre victoire aux législatives. Pourquoi ce livre?

Stéphane Vojetta: Écrire ce livre, c'est une manière de clore ce chapitre, parce qu'après l’irruption de Manuel Valls, tout le monde n’a parlé que de ça, que ce soit les gens autour de moi, les collègues à Paris, les médias, tous se demandaient pourquoi et comment ça s’était passé. Et donc, pour tourner la page, je publie un livre qui permettra à chacun de trouver les réponses. En fait, au départ c’était une histoire pour mes enfants, pour l'enregistrer comme un souvenir. Je voulais leur expliquer ce qui s’était passé, leur montrer les leçons qu’il faut tirer de cela, et qu’ils s’en inspirent eux-mêmes dans leur vie quand ils se retrouveront confrontés à leur obligation de faire leur propre "remontada".

Au départ, 95% des gens me disaient que c’était injuste, mais que de toute façon, c’était perdu pour moi, qu'il n'y avait rien à faire

De quoi parlez-vous dans ce livre?

J'ai commencé à l'écrire l'été dernier pour expliquer ma campagne électorale depuis le début, comment je suis devenu député, mes relations avec Samantha Cazebonne, etc. Dans le livre, il y a plein de choses qui n’avaient pas été dites à l’époque, pour que les gens comprennent bien la démarche, quand on est soudain lâché par son parti, et que Manuel Valls arrive avec le soutien du président et de la majorité, et comment j'y suis allé quand même et j'ai gagné, c’était pas évident. Mais ça a été une belle histoire, les 6.000 km parcourus, la rencontre avec tous les Français de l’étranger.

Avez-vous eu l'occasion de parler avec Manuel Valls?

Il n’a jamais répondu à mon message. Je n’ai jamais eu de contact avec lui ni avant ni pendant ni après. Avant, il aurait dû me contacter et il ne l'a jamais fait; pendant la campagne, c’est moi qui ai dit non parce que c’était trop tard, et après, je lui ai tendu la main, il ne l’a pas encore saisie, mais j’espère qu’on pourra en parler un jour.

Pourquoi ce titre?

Le titre Remontada c’est tout un symbole, puisqu'il s’agit d’une victoire inattendue, lorsque, contre toute attente, on réussit à remonter et à remporter la victoire à la fin. Il faut bien penser qu’au départ, 95% des gens me disaient que, c’était injuste, mais que de toute façon, c’était perdu pour moi, qu'il n'y avait rien à faire. C'est la démonstration qu'on peut remonter les situations les plus compliquées.

C'est donc ça, la morale de ce livre: qu'il ne faut jamais jeter l'éponge face à l'adversité?

Absolument. Il ne faut pas prendre les choses avec défaitisme, mais comme des défis, et qu’il faut avancer. C’est aussi pour montrer qu'en France, mais pas seulement en France, il faut toujours se battre pour montrer aux gens que parfois, même quand les choses sont mal embarquées, commencent mal, il y a toujours une possibilité de remonter la partie et qu'il est toujours possible d’avoir sa "remontada". Ceux qui liront le livre verront qu'en fait il y a deux remontadas: La remontada politique face à Manuel Valls mais aussi la remontada qui parle d'une trajectoire de vie qui commence à Toul et finit à l’Assemblée nationale.

Dans ce livre, on découvre effectivement votre enfance et l'on comprend mieux ce côté rebelle du "pirate un jour, pirate toujours" que l'on peut voir sur votre profil de tweeter...

Précisément, je me rendais compte en écrivant ce livre que je n’arrivais pas à bien raconter ma décision de dissidence et ma rébellion face à l'instruction de Macron et Paris, et qu'il était indispensable de raconter qui j'étais vraiment et ce qui s’était passé dans ma tête. Cette décision répondait à une logique qui m’a suivi tout au long de  ma vie, refuser les statuquos, ne pas accepter les situations imposées de l’extérieur et plutôt aller chercher la dépassement, et enfin la satisfaction personnelle d'arriver à créer ta propre trajectoire. Et tout cela permet de mieux expliquer pourquoi j'avais pris cette décision.

Pensez-vous que ce livre va intéresser plus spécialement les Français de l'étranger ou à Paris?

Bien évidemment, cela devrait intéresser Paris et tous ceux qui font de la politique, et en particulier les acteurs de cet épisode, mais c’est aussi intéressant pour les Français de l'étranger car le livre explique bien comment nous sommes et comment nous vivons notre relation avec la France. Ça va intéresser aussi tous ceux qui qui sont concernés par le système politique, par ses petits jeux, comprendre toutes les subtilités qu'il y a à l’intérieur de l’Assemblée nationale dans sa complexité actuelle. C’est un livre qui s'adresse non seulement aux gens qui font de la politique mais aussi aux Français, c’est une véritable leçon de vie. 

Ce périple de 6.000 km que vous racontez, c'est finalement bien plus qu'un journal de bord. On y découvre aussi vos doutes, vos certitudes mais aussi des situations rocambolesques!

Ces 6000 km ont été une véritable montagne russe émotionnelle, avec des séquences émotions, les premières transmises par les gens scandalisés à cause du parachutage de Valls, puis tout au long de ce périple, j’ai dû surfer sur les émotions, mais malgré cela il fallait avancer. On se rendait bien compte qu’on était en train de vivre un truc absolument incroyable, et pas seulement le fait de se battre contre Valls, mais toutes les aventures qu’on a vécues sur les routes, des coups du sort, avec des hauts et des bas, avec les doutes, les convictions, et que c’était vraiment des moments assez uniques et forts, cette volonté de se battre alors que tout le monde pensait qu'on allait perdre. Et j'espère que cela ressort bien dans le livre.

J'avais commencé à écrire cette histoire pour mes enfants, pour l'enregistrer comme un souvenir et leur montrer les leçons qu’il faut tirer de cela

Quels sont les moments phare que vous retenez en particulier de ce parcours du combattant?

Peut-être un moment où j’étais particulièrement fatigué et ma confiance commençait à vaciller, mais aussi celui où j’ai vu un panneau d'un village appelé Valls et donc, j’ai fait une photo, et ça a été mon dernier clin d’œil humoristique avant de fermer ma campagne.

Vous venez de sortir la première loi sur les influenceurs. Quelle est la prochaine étape?

Je ne sais pas encore, mais, justement, il y a une phrase que j’adore et que j’utilise dans le livre: "l’incertitude peut être l’étoile qui te guide" et donc on verra bien ce qui arrivera! Ce qui est sûr, c’est qu'il y a un an jamais je n’aurais imaginé que j’allais sortir une loi sur les influenceurs. Mon intuition me dit qu'au cours des quatre prochaines années, je vais encore travailler sur des sujets que je ne soupçonne pas encore! Bien évidemment je vais continuer à travailler là-dessus mais aussi sur bien d'autres problèmes, comme celui de l'eau ou d’autres sujets plus proches pour les Français de l’étranger.

Justement, avec votre ligne whatsapp directe avec les Français, quels sont les sujets qui inquiètent le plus actuellement les expatriés?

Ce qui est clair, c’est qu’en ce moment, la priorité numéro un pour les Français de l’étranger, ce sont les problèmes d'accès aux consulats, tous les papiers administratifs. Ensuite, les inquiétudes sur l'enseignement et les changements qui sont en cours dans certains établissements scolaires. Il faut bien comprendre que c’est une décision qui ne doit pas être prise uniquement depuis Paris.

Où peut-on se procurer Remontada?

Il sort en version papier dans quelques librairies françaises madrilènes, et l'on peut aussi le trouver sur Amazon. Les 20.000 premiers euros de gain iront directement à des associations.