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J.K. ROWLING - Ou le pouvoir du stylo

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 23 mars 2015, mis à jour le 23 mars 2015

 

Est-il nécessaire de présenter J.K.Rowling, la célèbre créatrice britannique du  jeune sorcier Harry Potter ?  Un héros devenu emblématique, sept livres, huit films à succès, des centaines de produits dérivés?Avec 420 millions d'exemplaires vendus, cette belle anglaise d'une discrétion exemplaire est devenue la première femme écrivain milliardaire.  Et aurait pu sans honte se reposer sur des lauriers acquis avec une réelle puissance de travail et d'imagination.  On sait moins sans doute qu'elle est aussi une femme de c?ur avisée, étant à l'origine de Lumos, une ?uvre philanthropique consacrée à la protection des enfants placés en orphelinats ou foyers.

(images :  http://wearelumos.org/)

Selon le site de l'association et divers interviews, l'histoire commence en 2004, où Madame Rowling, enceinte de son troisième enfant,  boucle le cinquième livre de la saga.  Un matin, lisant The Sunday Times,  elle tombe par hasard sur un article qui traite des orphelinats d'Europe centrale.  En photo : un jeune garçon attaché dans son lit cage et qui hurle.  Comme beaucoup d'entre nous, elle pensait que les problèmes de l'ex-Union soviétique s'étaient résolus à la chute du Mur et ne soupçonnait rien du sort des enfants de ces pays.  Son association est née du regard de ce garçon ?et de l'énergie de la créatrice de sorciers.  Dès le lendemain, elle investigue, téléphone, se procure des études.  En 2007,  écrit Les Contes de Beedle le Barde, dont elle verse les revenus à l'association. Qu'elle baptise enfin Lumos.   Lumos?vous vous souvenez ?  C'était le premier sort appris par Harry Potter à Poudlard, celui qui donne de la lumière dans l'obscurité.

Lumos aujourd'hui siège à un étage ensoleillé d'un immeuble de l'East End de Londres et gère des antennes à Bruxelles, à Prague, en Moldavie et en Bulgarie.  Et indique des chiffres qui font peur : dans le monde entier, il y a huit millions d'enfants retenus dans des orphelinats et foyers divers.  « ?sauf que près de 90% ne sont pas du tout orphelins », explique l'un des responsables.  « Leurs familles sont souvent très pauvres et depuis des années les envoient  dans des foyers où ne les attendent que la malnutrition, l'absence de soins et de contacts humains.  Absence de contacts dont on sait qu'elle fait des ravages cognitifs sur le cerveau des petits.  Les études indiquent que les jeunes élevés de cette façon  sont 500 fois plus sujets au  suicide que les autres, 40 fois plus amenés à la criminalité et 10 fois plus vers la prostitution.  En s'occupant d'eux, au-delà d'une exigence affective et morale évidente, c'est aussi le bien-être futur de ces sociétés que nous essayons de préparer.   Le personnel des orphelinats en question, et les parents ne sont pas forcément « des méchants », en fait, ils ne savent simplement pas faire autrement.  Notre mission est de leur montrer qu'avec à peu près les mêmes finances,  il y a d'autres solutions et de les aider à les concrétiser. »

La force de Lumos tient certainement en partie à la qualité de l'équipe réunie.  Mon interlocuteur est un ancien de Scotland Yard, sa voisine de bureau est orthophoniste, d'autres sont conseillers juridiques.  Certains lancent des actions auprès du Parlement européen pour pousser ces pays d'Europe centrale à évoluer de l'orphelinat vers des prises en charge par les villages ou communautés locales, sachant que pour de tels changements, la volonté politique des dirigeants est cruciale.  D'autres apportent leur expertise aux pays qu'ils démarchent : créer des structures, en particulier pour les handicapés, dialoguer avec les enfants, les préparer à changer de vie et réintégrer soit leur famille, soit des familles d'accueil, former le personnel médical et social, ouvrir ou réactiver des écoles, se coordonner avec les autres ONG présentes.    

Lumos a beau être une association jeune, elle peut déjà être fière de ses résultats. En Moldavie, l'un des plus pauvres pays européens, le taux d'enfants vivant en orphelinat a baissé de 70% en cinq ans.  En République tchèque, dans les zones où Lumos a eu  liberté d'agir : 75%.  Baisse de 54% aussi en Bulgarie, où le nombre de familles d'accueil a augmenté de 440%.  L'ambition de l'équipe : plus d'orphelinats en 2050, tout simplement !  Pas par magie sans aucun doute, mais comme leur Présidente : avec beaucoup de puissance de travail et  d'imagination.

Ariane Sauvage (lepetitjournal.com/londres) mardi 24 mars 2015

Plus d'informations sur http://wearelumos.org/

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Publié le 23 mars 2015, mis à jour le 23 mars 2015