Samer Melki : « Les élections européennes sont fondamentales depuis le Royaume-Uni »

2023 a été une bonne année

 

Quelles sont les bonnes résolutions du Consulat pour 2024 ?

Le Consulat n’a pas de réel impératif pour prendre de bonnes résolutions, compte tenu du très bon bilan de l’année écoulée. 2023 a été une bonne année, d’autant plus qu’il s’agissait d’une année record pour les activités consulaires – à la fois sur les demandes de passeports et cartes d’identité, et sur les visas –, avec la fin du rattrapage du retard engendré par la pandémie. Nous avons pu apporter des améliorations notamment dans la prise de rendez-vous et le service aux usagers. Je rends hommage aux équipes du Consulat qui ont fait un travail extraordinaire. 2024 ne sera pas forcément une autre année record mais la demande restera certainement à un niveau très élevé. Ma première résolution est donc de continuer le travail d’amélioration sur des points plus marginaux pour assurer le meilleur service possible aux usagers. 

Ma seconde résolution est de faire aboutir les projets de sécurisation du Consulat. Notre bâtiment est ancien, qui plus est classé, et nous devons le mettre aux normes de sécurité. Le Consulat ne fait pas face à des menaces particulières, mais nous sommes tout de même vigilants, comme le sont toutes les administrations présentes dans de grandes métropoles. Ces travaux permettront d’assurer la sécurité de nos agents et naturellement des usagers. 

 

La composante démocratique du fonctionnement des institutions européennes est le Parlement européen

 

L’année 2024 va être marquée par les élections européennes, qu’est-ce qu’elles représentent pour les Français vivant au Royaume-Uni ? 

Ces élections européennes ont un enjeu politique et symbolique important. Nous savons qu’elles ne mobilisent pas nos compatriotes, que ce soit en France ou à l’étranger. C’est un réel problème parce que les compétences du Parlement européen sont devenues essentielles dans le fonctionnement des institutions européennes. Il est impossible de faire l'impasse sur le Parlement européen, qui fait partie du trio institutionnel européen avec le Conseil et la Commission. Le reproche est parfois fait d’un déficit démocratique de l’Union européenne, qui prendrait des décisions déconnectées des préoccupations des citoyens européens. Mais la composante démocratique du fonctionnement des institutions européennes est le Parlement européen. Nous ne pouvons pas à la fois nous plaindre de l'absence de démocratie dans le fonctionnement des institutions européennes et tourner le dos à ce grand rendez-vous démocratique.

 

Les élections européennes revêtent également une signification particulière au Royaume-Uni car il s’agit du premier scrutin européen depuis la mise en place effective du Brexit. Cette élection est désormais organisée dans un pays qui n’est plus membre de l’Union européenne. La symbolique est forte après la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Cela a été vécu douloureusement par beaucoup de nos concitoyens. Ces élections - le dimanche 9 juin - peuvent permettre de prouver aux citoyens français au Royaume-Uni que le lien avec l’Union européenne n’est pas rompu. Il est donc essentiel de voter aussi nombreux que possible.

 

Il faut se rappeler de deux dates essentielles : le 3 mai est la date limite pour l’inscription sur les listes électorales et le scrutin aura, lui, lieu le dimanche 9 juin, sur un seul tour.

 

Les taux de participation aux élections européennes sont pourtant très faibles… 

Nous ne pouvons nous désoler du fait que les taux de participation soient faibles et ne rien faire. En coordination avec les délégations de l'Union européenne et avec mes homologues européens, nous allons communiquer de manière massive et aussi fortement que possible auprès de nos concitoyens respectifs pour les inviter à prendre part à ce vote. Le taux de participation à Londres pour les élections européennes de 2019 était de 12 %. Pour avoir un ordre de grandeur, les présidentielles de 2022 ont recueilli un taux de participation de 30% au premier tour et de 40% au second. Il y a donc un réel déficit de participation aux européennes. 

 

 

 

 

 

 

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Nous nous efforcerons donc de communiquer un maximum autour de ce scrutin mais aussi de rendre ce vote le plus fluide possible pour les usagers. Pour les électeurs, il faut se rappeler de deux dates essentielles : le 3 mai est la date limite pour l’inscription sur les listes électorales et le scrutin aura, lui, lieu le dimanche 9 juin, sur un seul tour. Ces élections seront un moment important de la vie démocratique de notre pays et aussi un symbole de notre identité à la fois française et européenne dont je parle régulièrement lors de mes interventions auprès de la communauté. 

 

Je pense qu’il y a une vraie envie de nos compatriotes de prendre leur part dans l’organisation de ce grand rendez-vous démocratique

 

Pouvez-vous justement nous décrire le processus qui va être mis en place pour les élections européennes ?

L’équipe élections du Consulat travaille déjà depuis plus de six mois sur ce scrutin. Nous avons décidé de mettre en place un dispositif de même ampleur que celui des législatives. 36 bureaux de vote seront répartis sur l'ensemble du Royaume-Uni sur onze sites de votes : sept en régions et quatre à Londres, avec un maillage serré et organisé de manière rigoureuse (voir encadré). Tous les agents du consulat seront sur le pont, mais aussi une grande partie des agents de l’ambassade. Nous allons également solliciter la société civile. Je pense qu’il y a une vraie envie de nos compatriotes de prendre leur part dans l’organisation de ce grand rendez-vous démocratique. Nous lancerons dans les prochaines semaines des appels à volontaires pour aider sur la gestion des flux d’élections mais également pour devenir assesseur du scrutin. 

 

Nous sommes dans une reconstruction de la relation bilatérale sur de nouvelles bases

 

Cette année 2024 marque les 120 ans de l’Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni, qu’est-ce que cela signifie pour vous aujourd’hui ? 

La signification de l’Entente cordiale aujourd’hui est assez éloignée de ce qu’elle a été, au début du XXᵉ siècle : un rapprochement stratégique entre deux puissances coloniales. Elle est devenue aujourd’hui un point d’appui pour nous projeter dans l’avenir. Nous avons vécu une période difficile sur le plan bilatéral mais 2023 a été un véritable tournant. Le sommet bilatéral du 10 mars 2023 a vraiment changé la dynamique de notre relation bilatérale et l’a remise sur des rails pragmatiques, constructifs, avec une véritable volonté de mettre à plat les dossiers difficiles, l’immigration irrégulière bien sûr, mais aussi la question des mobilités qui nous concerne particulièrement au Consulat. 

Grâce aux discussions bilatérales, y compris celles intervenues dans le cadre du groupe de travail sur les mobilités qui a été mis en place après le Sommet et auquel je participe, nous avons notamment surmonté les difficultés qui existaient sur les voyages scolaires, avec le retour à l’exemption de visa pour les élèves de nationalités tierces participant à ces voyages, et la possibilité pour les élèves français et européens de voyager sans passeport. Cet effort bilatéral est essentiel car ces voyages scolaires permettent le premier contact entre les sociétés civiles et font naître une envie de connaître l’autre. 

La visite d’Etat du roi Charles III en France a également marqué les esprits et a été symboliquement très importante. Il y a eu un avant et un après. Je pense que nous avons vraiment changé de dynamique et que le programme de commémoration de l’Entente cordiale prévu cette année sous l’autorité de l’Ambassadrice s’inscrit dans cette séquence, bien éloignée des origines de 1904. Nous sommes dans une reconstruction de la relation bilatérale sur de nouvelles bases. La France et le Royaume-Uni seront toujours des voisins avec des sociétés remarquablement imbriquées. 300.000 Français vivent au Royaume-Uni et nous travaillons sur toute une série de domaines de manière très étroite. Tout cela n’a pas disparu depuis le Brexit. La question est aujourd’hui de savoir comment mettre en place un cadre qui correspond à la situation actuelle. 

Je pense que cette année sera également très forte sur le plan mémoriel avec l’anniversaire des 80 ans du Débarquement. Nous ne pouvons pas oublier les Britanniques qui ont donné leur vie pour libérer la France. Je pense que ces commémorations seront investies d’un poids symbolique particulier. Tout cela va contribuer à faire de l'année 2024 une année très importante sur le plan bilatéral.

 

Comment vont être organisées les élections européennes à Londres ? 

Les élections européennes auront lieu le dimanche 9 juin 2024. Il est impératif d’être inscrit sur les listes électorales avant le vendredi 3 mai pour pouvoir y participer. Le vote en ligne n’est pas autorisé pour ce scrutin. Le vote par procuration est en revanche possible. Vous pouvez établir une procuration pour un tiers (votre mandataire) auprès de votre consulat, des consuls honoraires habilités ou à l’occasion d’une tournée consulaire. Le mandataire peut être inscrit sur une autre liste électorale que la vôtre, mais devra cependant voter pour vous dans le bureau de vote qui vous est assigné.
Le dispositif au Royaume-Uni hors Ecosse reposera sur 36 bureaux de vote répartis sur l'ensemble du Royaume-Uni sur onze sites de votes : sept en régions et quatre à Londres. 

A Londres, il y aura des bureaux de vote au Consulat, au Lycée international Winston Churchill, au Lycée français Charles de Gaulle et pour la première fois à Canary Wharf – pour mieux répondre aux attentes de nos compatriotes résidant à l’est du Grand Londres. 

Pour le reste du Royaume-Uni, les bureaux de vote seront localisés dans les sites qui seront ouverts à Ashford, Belfast, Birmingham, Bristol, Brighton, Leeds et Manchester.