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INTERVIEW – Mehul Patel, fondateur et PDG de Hired

Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 22 novembre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

Le Websummit, rendez-vous annuel des férus de high-tech s´est tenu pour la première fois à Lisbonne du 7 au 10 novembre. Les dirigeants de grands groupes internationaux ou les fondateurs de start-ups en développement sont venus dans la capitale portugaise présenter leurs idées ou leurs nouvelles inventions qui feront peut-être le monde de demain. A cette occasion Lepetitjournal.com/lisbonne a rencontré Mehul Patel, fondateur et PDG du site Hired pour discuter de son projet original qui renverse les codes du marché du travail.
 
Pourquoi êtes-vous au Websummit ?
La première raison, c'est venir annoncer ici, à Lisbonne, et dans un grand sommet économique mondial que nous avons réussi à lever 100 millions de dollar pour faire avancer notre projet. Nous sommes également venus ici pour annoncer les résultats de notre étude sur Pourquoi ne veut-on pas changer de travail, qui traite surtout de la difficulté de trouver un travail qui nous convienne dans le monde présent.

Pouvez-vous nous dire ce qu'est Hired et comment vous avez-eu cette idée ?
Hired [mot anglais signifiant "embauché"] est une plateforme de recrutement qui met en relation les meilleurs talents en recherche d'emploi avec les entreprises les plus innovantes. Nous avons réalisé qu'une transition se réalisait entre une économie fondée sur les secteurs primaire et secondaire, vers une économie fondée sur le secteur tertiaire. Il y avait cinq millions d'emplois à pourvoir dans ce secteur aux Etats-Unis. Cependant pour les grands talents, il est très dur de trouver un travail qui corresponde à leurs aspirations. Nous avons reçu aujourd'hui les résultats d´une étude que nous avons fait faire et qui montre que pour ces grands talents, trouver un travail est un véritable chemin de croix. Or, nous voulons créer le meilleur outil pour que les talents que nous avons puissent trouver un travail qui leur convienne.

Comment fonctionne précisément votre site ?
Les candidats postulent pour s'inscrire sur le site, nous sélectionnons ensuite les 5% à 10% des meilleurs postulants en tenant compte d'un panel de critères. Si vous êtes sélectionnés, vous avez accès à notre plateforme et ce sont les entreprises qui viennent vous proposer un emploi, pour être plus précis elles se portent candidates pour que vous veniez travailler chez elles. Les entreprises savent que nous sélectionnons les meilleurs talents, mais c'est le talent en question qui décide dans quelle entreprise il va signer.

Vous avez donc voulu complètement inverser le fonctionnement du marché du travail ? Avez-vous rencontré des problèmes administratifs dans certains pays ?
Exactement, inverser le fonctionnement du marché du travail, c'est l'idée sur laquelle nous nous sommes fondés pour monter notre entreprise. Nous n'avons rencontré que très peu de problèmes par rapport à des aspects législatifs, le secteur sur lequel nous travaillons est très peu régulé [internet], même en France nous n'avons rencontré aucun problème [rires] ! Bien sûr, selon les pays nous avons dû modifier les termes de nos contrats pour qu'ils soient en adéquation avec les lois en vigueur. Dans certains pays il existe des chasseurs-de-tête, nous faisons pratiquement le même travail à la seule différence que nous travaillons sur une plateforme en ligne.

Comment Hired a-t-il progressé ?
Nous avons lancé ce projet il y a 4 ans à San Francisco, et nous ne travaillions alors qu'avec quelques ingénieurs et développeurs. Aujourd'hui, nous sommes deux-cent cinquante collaborateurs répartis dans dix-sept villes dans le monde : Amérique du Nord, Canada, Londres, Paris, Singapour, Australie. Nous travaillons en collaboration avec des développeurs de logiciels informatique, des managers, des analystes, des designers. Nous avons donc beaucoup grandi. Nous avons annoncé de mercredi 9 novembre que nous avons levé plus de cent millions de dollars grâce à des investisseurs et ce depuis février.

L'internationalisation a-t-elle constitué un processus difficile ? La culture du travail et du marché du travail ne sont pas les mêmes aux Etats-Unis qu'en Europe.
De manière générale, tout le monde cherche à avoir les meilleurs talents, où que vous soyez cela ne change pas. Mais vous avez raison, il y a des différences culturelles dans la manière dont fonctionne le marché du travail selon les pays. Nous avons créé des équipes dans chacune des villes où nous sommes présents. Ces équipes connaissent le fonctionnement du marché du travail local, la culture du travail car elles sont composées uniquement de locaux, par exemple notre équipe à Paris est composée uniquement de Français. Cependant, toutes ces équipes fonctionnent avec la même plateforme : Hired.

Votre entreprise cible tout particulièrement un secteur qui crée beaucoup d'emploi : le secteur tertiaire. Pensez-vous qu'il soit possible d'appliquer ce modèle aux secteurs primaire et secondaire où la recherche d'emploi est beaucoup plus ardue ?
Actuellement nous sommes focalisés sur les travaux que nous appelons "intellectuels", des personnels qualifiés comme vous les appelez en France : des ingénieurs, des avocats, des infirmières. C'est un marché gigantesque qui représente des milliards de dollars, nous pensons que ce marché est suffisamment grand pour se focaliser uniquement sur les meilleurs.

Quels objectifs de développement avez-vous désormais ?
Nous pensons qu'il y a au moins quatre-vingt villes qui constituent des marchés potentiels pour notre entreprise et où nous devrions nous implanter. Nous voulons avant tout être au service de tous les talents dans le monde, peu importe d'où ils viennent. Nous voulons également toucher plus de domaines avec Hired : des ingénieurs, des avocats, des infirmières mais aussi des journalistes par exemple. Nous cherchons à traiter des profils de plus en plus variés : des personnes sortant juste de l'université, des personnes cherchant un contrat à temps partiel, des contrats à temps plein.

Pablo Menier (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mercredi 23 novembre 2016

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Publié le 22 novembre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

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