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Tim Marsh : "Je décore un tram d'un dragon pour le Nouvel An Chinois à Hong Kong"

A l'occasion de sa troisième exposition à Hong Kong, le Petit Journal a retrouvé Tim Marsh français artiste spécialisé dans les arts urbains. Nous avons échangé sur le site du Hong Kong tramway au Whitty Street Depot vers Kennedy Town, où l'artiste Français était en train de peindre des éléments géométriques sur un tram mis en circulation ce dimanche 4 février.

tim marshtim marsh
Tim Marsh saluant ce dimanche 4 février depuis la fenêtre de son tramway dragon
Écrit par Alexis Janson
Publié le 4 février 2024, mis à jour le 5 février 2024

 

Mêler le street art et la culture hongkongaise

Parlez-nous de votre travail dans le street art ?

Je suis un artiste muraliste français, basé à Barcelone, j'ai commencé par le graffiti au lycée en 2003. J'en ai fait mon métier à partir de 2016. C’est ma troisième exposition à Hong Kong avec l’Epicerie Fine. Mon travail est toujours très « géométrique », d’où le nom de la nouvelle exposition. Cette fois-ci, j’ai essayé d’aborder des thèmes propres à la culture hongkongaise et chinoise, en les adaptant à ma façon. J'ai essayé de mêler des éléments figuratifs, abstraits, de faire quelque chose d’un peu plus complet et varié que ce soit en termes de thèmes et de couleurs, avec des choses très colorées, des choses un peu moins, et on verra bien ce que ça donne !

C'est un honneur de peindre un tramway à Hong Kong

Comment parvenez-vous à associer votre art avec les contraintes techniques du tramway ?

En soi, à chaque fois qu’un muraliste fait un mur, il faut qu’il s’adapte à l’environnement, aux fenêtres, aux arbres, à la pente. C’est assez automatique. Dès qu’il y a un mur, il faut s’adapter à ce mur. Ici on vient peindre dans l’entrepôt du tramway de Hong Kong : il y a des fosses, il faut faire attention de ne pas peindre sur les fenêtres du tram. Mais, au final, ce ne sont pas vraiment des contraintes. C’est surtout un honneur de pouvoir peindre les trams iconiques de Hong Kong !

 

Je suis né avec le cinéma hongkongais

Quels liens entretenez-vous avec Hong Kong et plus généralement avec l’Asie ?

Etant un gamin des années 1980, j’ai grandi avec des séries comme Oliv’ et Tom, Dragon Ball Z. Donc des histoires parfois inspirées de légendes chinoises comme Dragon Ball justement. Et puis, j'ai été façonné par le cinéma hongkongais de Kung Fu, de Jackie Chan notamment. C’est une ville, et plus largement un continent qui me fascine depuis toujours ! J’en ai pris plein les yeux lors de ma première exposition à Hong Kong. C’est un endroit qui est très addictif. De retour en Europe, à Paris ou à Barcelone, tu as l’impression de te retrouver dans un village, avec déjà en tête le prochain séjour ! J'étais venu la première fois en 2018, puis début 2019. On prévoyait de revenir en 2020, au moment de Covid. Donc, je suis sincèrement très heureux d’être de nouveau ici en vue de l'expo, le travail sur le tram cette semaine et un autre projet mural. Bref, il y a du boulot, c’est très intense, que du bonheur !

Hong Kong est la ville de tous les contrastes

Quel est votre souvenir le plus marquant à Hong Kong ?

Quand tu parcours les rues des marchés à Wan Chai, tu peux voir une tête de poisson avec les branchies qui bougent encore. C’est très marquant et franchement différent de ce qu'on peut voir en Europe. Et puis, quand tu vas à Happy Valley, tu peux voir certaines rues avec d’un côté des buildings et de l’autre une jungle très dense. Les contrastes à Hong Kong sont vraiment incroyables. Un building super récent va côtoyer un temple centenaire, Des arbres avec des lianes qui coulent et des escalators qui t’emmènent vers des lieux super futuristes. Je trouve ces contrastes fascinants ! Oui c’est ça qui me marque le plus ici !

tim marsh
Tim Marsh peignant le tramway du Nouvel An Chinois vendredi dernier

Le street art permet de rester jeune

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Changer des couches ! Aussi, je vais aller dans les Caraïbes à Aruba et en Roumanie pour peindre des murs, ainsi qu’à Barcelone et à Paris aussi. Dans ma ville d’origine, Sceaux en région parisienne, on a commencé, depuis quelques mois, à intégrer des éléments d’art urbain dans les petits coins de la ville.

Mon travail est assez excitant. D’une semaine sur l’autre, on peut partir travailler à droite ou à gauche. Cela permet de rester jeune dans sa tête ! Comme quand on partait en voyage sur un coup de tête, avant d’avoir plus de responsabilités, de contraintes.

Quels seraient vos conseils pour des artistes qui cherchent à se lancer ici à Hong Kong ?

Ne jamais lâcher l’affaire, comme partout ailleurs, comme un travail à temps plein, bosser 8 heures par jour sur ses toiles ou sur ses murs. Se faire connaitre en peignant des murs dans l’espace public. Les gens sont forcés de le voir. On essaie d’imposer discrètement son art aux passants. En tous cas dans mon cas c’est comme ça que ça a marché.

tram tim marsh

Une exposition et un mur peint à Hong Kong

A quel endroit peut-on voir vos autres œuvres ?

Du côté de Wan Chai ! Près de la Blue House. J’aime beaucoup ce quartier, avec ses petites boutiques qui sont là depuis longtemps. Un havre au milieu des buildings et une vie de quartier comme je n’en ai pas encore trouvé ailleurs pour le moment. En général, les expositions ont lieu à Wan Chai. Il reste deux ou trois murs peints encore intacts. C’était complètement improvisé au départ. Et j’ai remarqué que maintenant cela faisait partie intégrante de circuits plus ou moins officiels, avec des QR Code permettant d’accéder aux informations officielles. Par le passé, on pouvait finir en prison pour avoir peint un mur. C’est fascinant de voir comment l’art urbain est en train de se démocratiser, de s’officialiser partout.

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