

La scène artistique à Hong Kong a évolué de manière spectaculaire ces dernières années, avec des événements annuels majeurs tels la Foire d'art contemporain (Art Basel) et les Beaux Arts asiatiques, de grands projets d'infrastructure comme le quartier culturel de Kowloon ouest et la rénovation de l'ancien commissariat de police d'Hollywood Road ainsi que des ventes aux enchères majeures toute l'année.
La ville a également vu la création de nouvelles galeries : ces dernières années, Ben Brown, Edouard Malingue, Gagosian, Emmanuel Perrotin, White Cube et les Beaux arts de Sarthe Fine?ont ont tous ouvert des galeries avec un accès sur la rue à Hong Kong, même si certaines, en raison de loyers prohibitifs, occupent surtout l'étage et non la rue. Les galeries chinoises telles Pearl Lam ou la plate forme de l'art contemporain chinois se sont également développées à Hong Kong, alors que Christie's et la Asia Society de New York ont ouvert de nouveaux espaces d'exposition clinquants.
Il est facile de dire que la scène artistique Hongkongaise est en plein changement. La question est de savoir pourquoi. Pour les sociétés de ventes aux enchères comme Christie's, il tout à fait naturel de s'installer et de se développer dans la ville. ?Christie's occupait une position internationale forte en Amérique du Nord et en Europe, il était normal qu'elle investisse en Asie. La taxe zéro sur les ventes et l'attirance des acheteurs chinois en provenance de Chine a contribué à notre choix de Hong Kong comme quartier général en Asie,? affirme Francois Curiel, président de Christie's Asie.
Bien qu'Hong Kong soit idéalement situé en Asie, l'idée d'une réserve infinie d'acheteurs chinois est sans doute un peu exagérée. Nick Simunovic, PDG de la galerie Gagosian explique: ? à Hong Kong, les collectionneurs viennent de Chine, mais pas seulement. Les acheteurs viennent de toute la région ? de Taiwan, de Corée du Sud, du Japon et d'Indonésie, les collectionneurs du continent ne constituent donc pas l'unique centre d'intérêt de la ville. Et même si Hong Kong détient une position avantage dans la région, elle a définitivement un inconvénient : la pénurie d'espace commercial de choix. Il a fallu trois ans à Gagosian pour trouver l'espace d'exposition adéquat parmi les 2 % de locaux disponibles sur le marché.?
Paris ? New York ? Hong Kong ?
Durant une grande partie de son histoire, Hong Kong ne figurait pas sur la carte du monde artistique. Pourtant, aujourd'hui les choses semblent évoluer. Comme le souligne Emmanuel Perrotin de la galerie éponyme, Hong Kong n'est pas encore une destination obligée pour les collectionneurs d'art, mais elle est en passe de le devenir. ?Ma galerie se trouve à Paris, et j'ai d'abord créé une filiale internationale à Miami. À l'époque, je pensais vraiment que la foire d'art contemporain [Art Basel] favoriserait l'art mondial dans cette ville, mais ce ne fut pas le cas, et malheureusement j'ai dû fermer la galerie américaine après seulement quelques mois,? dit-il. Mais la situation à Hong Kong, semble plus favorable. ?À Hong Kong le marché de l'art est certainement boosté par l'essor des foires artistiques et l'ouverture de galeries.?
Vue de l'extérieur, la concurrence peut sembler assez féroce, mais beaucoup la jugent positive. ?C'est sain,? pense Ben Brown de la galerie Ben Brown. ?Avoir des confrères dans la ville n'a rien de décourageant, ça tire le marché vers le haut et permet de créer de bonnes conditions pour les affaire. On s'adore,? conclut-il en riant. Les entreprises de vente aux enchères se plaisent assurément ici ? aujourd'hui, Hong Kong occupe la troisième place mondiale pour la vente d'art, après Londres et New York.
Un marché robuste, des acheteurs anonymes
Hong Kong abrite désormais un marché de l'art dynamique: la ville permet à des individus représentant une valeur de trois millions net en Asie et à plus de 100 milliardaires originaires de Chine continentale d'accéder à l'art. Le nombre toujours plus important de riches collectionneurs asiatiques et chinois a eu pour conséquence une montée en flèche des prix de l'art contemporain tant chinois qu'occidental, contribuant au dynamisme de la scène artistique de la ville en plein essor.
L'une des raisons principales pour laquelle le marché de l'art s'est développé à une telle vitesse tient à la simplicité du système de taxes Hongkongais, l'un des plus faibles du monde. Il n'y a pas de taxe à l'importation ou à l'exportation ni de taxe à la valeur ajoutée ou sur les ventes. La ville permet également des flux de capitaux illimités ainsi qu'une convertibilité totale de la monnaie.
Tous les marchands d'art et les entreprises de ventes aux enchères gagnent-elles donc un argent fou ? L'activité et les investissements sont bien sûr en progression, mais cela signifie t' il que la vente d'objets d'art en Chine continentale est invariablement couronnée de succès ? Comme le dit souvent Curiel en plaisantant, ?Je suis venu en Chine pour trouver la clé de la Cité interdite mais je ne l'ai toujours pas trouvée !?
Il est difficile de savoir exactement ce qu'achètent les collectionneurs originaires de Chine. ?La tendance ne consiste pas simplement en l'achat d'art contemporain chinois par des acheteurs chinois et d'Impressionnistes par des occidentaux,? déclare Edouard Malingue de la galerie Edouard Malingue. ?Mais je ferai remarquer que les collectionneurs asiatiques n'ont pas la même relation avec les galeries d'art. Dans ma galerie parisienne, les gens regardent souvent sans acheter, le nombre de visiteurs est donc assez élevé, alors qu'à Hong Kong, les gens sont un peu intimidés. Vous savez, il est rare que je les force à acheter !? glousse t-il.
Ce nombre d'acheteurs potentiels relativement restreint indique que l'augmentation des possibilités a intensifié la concurrence au sein du marché de l'art pour attirer les personnes habitués à se rendre dans les galeries d'art. Tous les ingrédients sont désormais présents pour faire de Hong Kong un lieu artistique important : la qualité élevée de ses galeries, l'excellence de l'art en vente lors des ventes aux enchères et dans les galeries et enfin le talent des gens venus s'installer dans la ville pour y développer la scène artistique.
Marché de l'art ou centre de création ?
Mais si Hong Kong représente un centre de création sur le plan logistique, cela ne veut pas automatiquement dire qu'il s'agit d'un centre artistique sur le plan intellectuel. Lors de la dernière Foire d'art contemporain, des T-shirts portaient l'inscription ?L'argent crée le goût?, mais même le fric hongkongais ne peut acheter la créativité. Les pressions du marché réduisent les possibilités d'expérimentation et de prise de risques de la part des artistes locaux. Malheureusement, l'art local ne se vend pas ici, et l'essor du commerce de l'art international est disproportionné par rapport au lent mûrissement de la scène artistique locale.
?Hong Kong offre presque tout ce qu'une métropole peut offrir à ses habitants, citoyens et visiteurs, excepté en matière de culture,? affirme Lars Nittve, directeur exécutif du futur musée M+ situé dans le quartier culturel de Kowloon ouest. ?Il n'y a rien d'approchant ici à ce que peuvent offrir Londres, New York ou Paris.?
Hong Kong est-il donc prêt pour une véritable scène artistique ? A t-il les moyens et la volonté d'investir dans la culture et la créativité ? Il n'existe pas de réponse claire, mais comme l'explique le critique d'art William Zhao ? Nous devons investir dans l'éducation, et les étudiants doivent être plus entreprenants et investir dans la scène artistique Hongkongaise. La ville offre des opportunités à saisir.?
FCCIHK (www.lepetitjournal/hong-kong) mercredi 24 avril 2013
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