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Collectif AJAR : "Ecrire ensemble entre la Suisse et Hong Kong"

Créer des liens entre artistes de Suisse et Hong Kong, c’est le challenge que s’est lancé plusieurs auteurs et autrices suisse et hongkongais·es. À travers un livre collaboratif, une vingtaine d'artistes se sont rassemblés pour travailler sur un manuscrit rassemblant la culture des deux pays. Nous les avons rencontrés.

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Écrit par Juliette Vandestraete
Publié le 12 mars 2024, mis à jour le 17 mars 2024

Un pays imaginaire entre la Suisse et Hong Kong

Comment avez-vous réussi à transcender la barrière de la langue pour créer une histoire commune ?

On a cherché toutes les similarités entre Hong Kong et la Suisse, on s’est raconté plein d’anecdotes et on s’est envoyé plein de photos. L’année dernière, à l’ouverture du projet au festival de la francophonie, on a remarqué qu’il y avait plein de ponts qui pouvaient être faits. Pour l’écriture, nous avons créé un pays imaginaire qui est un mix entre Hong Kong et la Suisse. En fait, l’histoire se passe dans un lavomatique. On a passé pas mal de temps à créer l’univers, à quoi il allait ressembler, les spécificités météorologiques de l’endroit,… Après chacun et chacune d’entre nous ont créé un personnage et puis on a regardé quel personnage allaient interagir avec lequel et puis on a écrit les chapitres. On est en là, on a des chapitres qui sont écrits. Maintenant, la prochaine étape va être de mettre tout ça ensemble et de réfléchir à comment uniformiser ce texte pour le rendre unique.

 

Le décalage horaire était un défi

Quels ont été vos plus grands défis dans l’écriture de ce roman ?

Vu qu’on ne parle pas la même langue, je dirai qu’une des premières choses sur lesquelles il a fallu se mettre d’accord, c’était la langue avec laquelle on allait travailler. Il a fallu se familiariser avec nos accents respectifs, définir la trame narrative de base puisque quand on écrit à plusieurs, il faut que tout le monde soit d’accord sur le fond de ce qu’on va écrire. On a passé beaucoup de temps à préparer le lieu et l’univers avant de vraiment commencer à écrire. Ensuite, il y avait aussi le décalage horaire qui était un challenge. Quand il y a plus de six ou sept heures de décalage, c'est compliqué de caler des séances de travail. Plusieurs travaillent à l’université donc pour les artistes de Hong Kong, c’était toujours le soir et pour les Suisses, toujours le matin. En plus, travailler par zoom, Wechat, WhatsApp ça permet de créer un certain lien, mais ce n’est pas pareil que de pouvoir parler avec les gens autour d’une table. 

Pour nous, les artistes de Hong Kong, ce qui a été compliqué, c'est qu'on a voulu mettre beaucoup d'expressions hongkongaises mais le problème c’est que parfois elles sont très difficiles à traduire. Mais à partir de maintenant, le nouveau grand défi va être d’harmoniser le manuscrit pour en faire un vrai roman. Voir comment on va réussir à entremêler les différentes histoires et créer une cohérence globale, ça va être un grand challenge.

 

Plusieurs identités culturelles rassemblées

C’était important pour vous d’explorer les mythes et les contes. Pourquoi ?

À vrai dire, c’est paru de manière assez logique quand on a commencé à travailler sur les différences de nos pays. Je crois que ça nous permettait d’avoir une plus grande liberté et une plus grande imagination. Quand on écrit un conte ou un mythe, nous ne sommes pas obligés d’être raisonnables. En tant qu’écrivain et écrivaines, on se penche sur l’identité culturelle de nos pays, sur le patrimoine, c’est logique qu’on aille sur les mythes. Donc on en a pris certains et on les a intégrés. 

 

Qu’avez vous appris des écrivains et écrivaines de Hong Kong ?

Une chose qui nous surprend toujours, c’est la longueur des textes. Parfois, il y a un texte en chinois qui est très court et quand on le traduit en français, il est trois fois plus long. C’était intéressant aussi de voir les expressions qu’ils et elles utilisent. Ce que j’ai trouvé aussi important, c’est que quand on arrive en tant qu’étrangers à Hong Kong, on ne connaît pas les auteurs et actrices de Hong Kong, car on ne peut pas lire en chinois. En mettant un pied dans le projet, ça nous a ouvert tout un panel d’artistes contemporains de Hong Kong, qui sont très nombreux. C’était important de voir aussi la manière dont ils et elles travaillent et comment ils et elles arrivent à jongler avec un quotidien assez difficile, car Hong Kong est tellement cher qu’ils et elles sont obligé·es de travailler de manière très intense. D’ailleurs, je me demande toujours comment ils et elles trouvent le temps d’écrire, ça nous impressionne beaucoup.

 

Nous avons créé des liens durables

Quels impacts espérez-vous que ce roman aura sur le public ? 

Pour nous, les artistes de Hong Kong, on a été partant·es avec cette idée, car à l’origine, on s’est rendu compte que la littérature suisse et hongkongaise n'est pas très visible dans le monde. Pourtant, on a des très bons écrivains et écrivaines. Notre premier objectif était donc de mieux connaître les autres. C’était une occasion pour Hong Kong de rencontrer la Suisse. En plus, cela nous permet de travailler ensemble, car pour les artistes de Hong Kong, on travaille très rarement ensemble.

Pour le collectif suisse, le but était de créer des liens avec des artistes. C’est important de penser aux gens qui vont le lire, mais c’était d’autant plus important de notre côté de créer ce lien avec les artistes de Hong Kong. Se familiariser avec la langue, de découvrir les univers de ces artistes, de voir quels sont les liens entre nos deux pays et de s’amuser avec la langue. On part un peu du postulat que si nous on s’amuse et qu’on a du plaisir à écrire ce texte et bien d’autres gens pourront découvrir des artistes de Hong Kong et inversement.  L’idée c'était vraiment : amusons nous, rencontrons-nous et puis le reste appartient aux gens qui vont lire le texte. 

 

Pour retrouver le collectif AJAR en représentation à Hong Kong ce samedi 16 mars de 17h30 à 18h30 : tapez ici 

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