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INFIDÉLITE CONJUGALE - Bientôt passible d'une peine de prison au Vietnam

Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 6 mars 2016, mis à jour le 6 janvier 2018

A partir du 1er juillet 2016, l'infidélité conjugale sera passible d'une peine de prison au Vietnam. Il ne s'agit pas d'un retour en force de l'ordre moral mais plutôt d'une tentative de renforcer les valeurs liées au mariage et de favoriser le respect du conjoint.

Déjà, avec l'entrée en vigueur de la loi sur le mariage et la famille au 1er janvier 2015, une disposition avait fait beaucoup parler d'elle: l'époux infidèle serait désormais défavorisé dans le cadre du partage des biens du couple, justement en raison de sa faute.

Comment analyser ce type de dispositions, qui apparaît très en décalage avec la réalité d'une société vietnamienne objet d'une mutation accélérée, particulièrement dans sa composante jeune et urbaine?

Il convient de préciser d'abord le champ d'application de cette nouvelle loi. L'article 182 du Code pénal ne réprime pas l'infidélité d'un soir. Il s'agit uniquement de criminaliser le comportement de l'époux(se) qui vit avec son amant(e) au quotidien, alors même qu'il ou elle est encore marié(e).

Ce comportement est passible d'une peine d'emprisonnement de 3 mois à 1 an de prison.

Plus intéressant, des circonstances aggravantes ont été prévues par le texte: si l'attitude du conjoint infidèle a conduit l'autre conjoint ou l'enfant au suicide ou s'il ne revient pas au foyer conjugal suite à une décision de justice refusant de prononcer le divorce, les peines seront alourdies jusqu'à 3 années de prison.

Attention néanmoins, il est peu probable que les tribunaux aient à beaucoup se servir de cette incrimination. La qualification de rupture de l'obligation de monogamie existait déjà (art 147 du Code pénal) pour les personnes entretenant plusieurs relations, mais sans être utilisée par les juridictions pénales.

Néanmoins, cette volonté affichée des autorités de criminaliser les atteintes aux obligations conjugales pose la question de l'éventuel développement d'une entreprise comme Gleeden au Vietnam (application qui met en relation des personnes mariées). En France, les publicités de cette société n'ont pas été retirées des panneaux d'affichage au motif que l'obligation de fidélité constitue une obligation personnelle et non pas générale, qui ne s'applique par à la société dans son ensemble. Il sera intéressant d'étudier la réaction des autorités vietnamiennes dans ce type de situation.

Et surtout, quid de l'adage '?n c?m ?n ph?' ? Nous vous l'expliquerons une prochaine fois dans l'expression de la semaine?!!!

 

 

Thomas Rébusson (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 7 Mars 2016

Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 6 mars 2016, mis à jour le 6 janvier 2018