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ETUDE – L’expatriation des Français, quelle réalité ?

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 13 mars 2014, mis à jour le 18 mars 2014

La France deviendrait-elle une terre d'émigration ? Depuis quelques mois, cette  angoissante question fait la Une des medias et lepetitjournal.com s'en fait l'écho. La chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile de France a réalisé une importante étude sur le sujet.

Comment distinguer, parmi les mouvements migratoires, ce qui pourrait être considéré comme inquiétant de ce qui, au contraire, fait partie d'évolutions naturelles et positives, voire souhaitables ? Comment la France peut-elle tirer profit de la mondialisation en marche ? Telles sont les questions auxquelles l'étude de la CCIP qui vient de paraitre tente de répondre.

La tendance à l'expatriation s'accentue

La communauté française à l'étranger est en forte croissance, entre 3 % et 4 % par an au cours des dix dernières années (soit environ 60 à 80.000 personnes par an). La Suisse, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique et l'Allemagne concentrent à eux cinq près de 40 % des Français établis à l'étranger. ?Le projet d'intégration européen s'accompagne depuis de nombreuses années d'une migration accrue des français dans l'espace communautaire, favorisant l'émergence d'un sentiment d'appartenance à une communauté plus vaste que la communauté nationale, constate la CCIP. Il est probable que ce mouvement continuera à s'amplifier dans les années et décennies à venir?.

Sans surprise au regard du dynamisme de son économie, l'Asie attire de plus en plus. ?La population française installée en Asie-Océanie s'accroît de 4,2 % en 2013 et s'établit à 125 027. Cette communauté représente près de 8 % des Français expatriés dans le monde?.

photo AFP

Les expatriés français sont en majorité en âge de travailler, dont la principale motivation au départ est l'opportunité professionnelle :  ?Il est ainsi logique que cette population envisage un retour dans le pays d'origine dès lors que cette motivation disparaît?. Plus de la moitié des Français de l'étranger qui ont répondu à l'étude de la Maison des Français de l'étranger ont une formation de niveau Master ou Doctorat. Cela souligne le fait qu'un niveau élevé d'étude permet une plus grande mobilité.

Le taux d'expatriation des profils les plus recherchés dans le monde est de 5,3% en France. Il s'agit d'une hausse certes conséquente de 60% entre 2000 et 2010, mais la CCIP précise qu'il ne s'agit que d'un rattrapage. L'Allemagne et le Royaume Uni font ainsi bien mieux, avec respectivement 8,4% et 11%.

Cette population française de l'étranger a beaucoup évolué ces dernières années : elle est de plus en plus jeune, poussée au départ par le chômage et la morosité. "La mobilité est une réalité beaucoup plus évidente et simple à aborder pour les jeunes générations et l'État y a contribué à travers différentes actions et programmes?, comme Erasmus Plus, ou le Volontariat International en Entreprises. De plus, dans beaucoup de filières, l'expérience international et la pratique des langues sont valorisées.

?L'analyse des embauches à l'étranger, comme par exemple en Allemagne, Royaume-Uni ou aux États-Unis, suggère aussi que le niveau des diplômes prime sur l'institution qui les délivre, comme le potentiel de la personne par rapport à ses acquis?. Finie la sélectivité à la française, avec les diplômés des grandes écoles chouchous des recruteurs. ?Par ailleurs, les discriminations à l'embauche auxquelles font face certaines minorités poussent aussi les jeunes Français à s'expatrier dans des pays plus ouverts à la différence.?

La baisse des avantages réservés aux familles favorise également l'expatriation de profils jeunes.

Des séjours plus longs

Les Français de l'étranger gagnent mieux leur vie que les Français en général. En effet, 57 % des Français de l'étranger gagneraient plus de 30.000 ? nets par an alors que le salaire médian français était de 20.720 ? en 2012, pour un équivalent temps plein*. A noter toutefois l'augmentation du nombre de Français de l'étranger travaillant sous contrat local (50% en 2013) et la part croissante de créateurs d'entreprise (en 2013, près de deux Français sur 10 contre seulement 1 sur 10 en 2003) parmi les Français de l'étranger. De fait, ceux-là n'ont pas d'horizon de temps défini dans leur pays d'accueil, et leurs intentions de retour sont moins précises. Autre facteur d'allongement des séjours à l'étranger : les couples français sont de plus en plus bi-actifs et les couples mixtes de plus en plus fréquents.

Seule une petite frange de la population expatriée rompt tout lien avec la France, la grande majorité (88%) garde un lien privilégié avec elle. Le système social français reste très attractif et le cout élevé de l'éducation à l'étranger peut accélérer un retour au pays.

La France attire également des talents

Les jeunes Français s'exilent, pourtant la France reste attractive. En 2011, elle a accueilli 268.212 étudiants étrangers. Le cabinet d'études britannique spécialisé, QS, a élu Paris meilleure ville étudiante du Monde en 2013 pour la deuxième année consécutive.  L'OCDE estime que 15 à 30 % des étrangers qui étudient en France s'y installent par la suite. ?Le rapport entre émigration et immigration qualifiées y serait très bon, la France étant classée quatrième pays parmi les « bénéficiaires nets » après les États-Unis, le Canada et l'Australie, mais devant le Royaume-Uni?, dit l'étude qui tord donc le bras à quelques idées reçues; L'Hexagone affiche un solde de 900.000 diplômés. ?Si l'on essaye de calculer l'apport net des flux migratoires en France, il semblerait qu'on aboutisse à des résultats très positifs de quelque 12,4 milliards d'euros?.

Bien évidemment, l'amélioration de la situation économique française sera un facteur essentiel d'encouragement au retour des talents français, mais en attendant, ils jouent un rôle clé dans le rayonnement de la France à l'international. Il reste toutefois essentiel que la France travaille sur son attractivité. De nouvelles politiques publiques sont essentielles pour transformer ?ce qui apparaît aujourd'hui comme un handicap (la fuite des talents) en opportunité (l'émergence de communautés françaises à l'étranger)? conclut l'étude.

MPP (www.lepetitjournal.com) vendredi 14 mars 2014

*Source : Enquête sur l'expatriation des Français, Direction des Français à l'étranger et de l'administration consulaire (DFAE), Ministère des Affaires étrangères (2013)

Le 3 avril, le ministère des Affaires étrangères organise une conférence sur le thème : « Français à l'étranger, un atout pour la France » à l'initiative d'Hélène Conway-Mouret, en charge des Français de l'étranger. Retrouvez les temps forts de cette journée dans lepetitjournal.com

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EXODE - Haut les coeurs, plutôt que barrez-vous !
EXODE ? Revenez !

logofbinter
Publié le 13 mars 2014, mis à jour le 18 mars 2014

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