Les candidats français à l'expatriation sont de plus en plus nombreux. A l'étranger, les perspectives professionnelles seraient plus exaltantes et la fiscalité plus douce. Quelques voix, comme celle de Xavier Niel, osent briser cette belle unanimité et appellent les forces vives de la nation à rester en France, et à y investir
Les statistiques et les études convergent. Que ce soit pour fuir la morosité économique ou par soif de découverte, les Français de l'étranger sont de plus en plus nombreux. La tendance moyenne d'accroissement de la communauté française à l'étranger, est de 4% en moyenne depuis 5 ans d'après le MAE. Un rapport de Pricewaterhouse Coopers prévoit une augmentation de 50 % des Français expatriés d'ici à 2020.
Le dispositif V.I.E (Volontariat International en Entreprises), qui permet aux entreprises françaises de confier une mission professionnelle à l'étranger, a bénéficié depuis sa création en 2000, à 41.000 jeunes. Les Passeports Vacances Travail, qui permettent de partir dans sept pays (Argentine, Australie, Canada, Corée du Sud, Hong Kong, Japon, Nouvelle Zélande, bientôt Taiwan) sans concours ni sélection, dans la limite des places disponibles, sont pris d'assaut.
79% des étudiants de neuf de nos établissements d'enseignement supérieur les plus prestigieux* indiquent qu'ils seraient prêts à "envisager" de partir à l'étranger pour chercher un emploi après l'obtention de leur diplôme. Ce chiffre atteint 88% chez les étudiants ayant fait un stage à l'étranger dans le privé.
Tapis rouge?
Certains pays déroulent même le tapis rouge aux talents français. D'une façon très officielle, le gouvernement britannique a chargé son ambassade à Paris de sélectionner les meilleurs français créateurs d'entreprise de haute-technologie. Ces heureux élus sont ensuite invités à rencontrer des investisseurs à Londres, et pourquoi pas à rester en Angleterre avec tous les avantages fiscaux existants. De même, au Canada, les portes sont ouvertes pour tous les ingénieurs agro, les titulaires d'un BTS agricole, pour les informaticiens?
Restez !
Certains se félicitent de cet exode. En septembre 2012, le mot d'ordre "Jeunes de France, barrez-vous !" était lancé dans une tribune parue dans Libération. D'autres s'inquiètent, à l'instar du député des Français de l'étranger, Thierry Mariani.
David Brun et Grégoire Prévost, créateurs de la société Ityz, qui propose une application pour smartphones qui permet à tous, gratuitement, de commander un taxi en deux clics, se lancent à leur tour dans le débat. Dans le Monde, ils expliquent avoir "décidé, dans ce tourbillon de déprimes qui tire vers le bas, de donner un coup de talon pour remonter à la surface : en créant notre entreprise! Folie? Inconscience? Audace? Trop jeunes pour comprendre? C'est cette jeunesse d'esprit qui nous pousse à croire en notre pays, la France. (...) La francophonie, c'est près de 250 millions d'individus, partout dans le monde, qui partagent notre culture ou notre langue, et plus de 700 millions en 2050. Cela représente un océan d'opportunités, de rencontres, d'échanges et de partages !" plaident-ils enthousiastes, bien que conscients qu'il "faut du courage pour investir en France (...). Investissez-vous pour que les choses changent ! Restez, car il y a un potentiel de croissance incroyable dans notre pays."
La France, un eldorado ?
"On est dans un pays fantastique, un mélange entre la folie latine et la rigueur anglo-saxonne. Ce n'est pas la peine de prendre l'avion. On peut faire quelques chose en entreprenant, ici, à Paris".
Marie-Pierre Parlange (www.lepetitjournal.com) lundi 28 octobre 2013
En savoir plus : Lemonde.fr : Jeunes de France, restez-y !
Lepoint.fr : La France, un "paradis fiscal"selon Xavier Niel
L'Expansion : Xavier Niel lance un incubateur géant pour start up à Paris
*sondage réalisé par Harris Interactive pour le compte de l'Institut Montaigne auprès de 975 jeunes inscrits en dernière année de Centrale Paris, l'école des Ponts, Polytechnique, ESCP, l'Essec, Sciences Po, ENS Cachan, Telecom Paris Tech et INSA Lyon.
