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L’année de césure à l’étranger : partir pour mieux envisager l’avenir

Les plateformes Parcoursup ou Mon Master peuvent être sujets à de nombreuses remises en question pour les étudiants et futurs étudiants. Mais l’une des plus grandes préoccupations demeure : que faire si tous mes vœux sont refusés ? Loin d’être un échec immuable, le refus des écoles et universités, ou la réorientation pendant les études supérieures, sont au contraire devenus pour beaucoup une ouverture vers de nouveaux horizons. Alors pourquoi ne pas tenter une année de césure à l’étranger ?

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Écrit par Elena Rouet-Sanchez
Publié le 4 avril 2024, mis à jour le 18 avril 2024

Dernière ligne droite pour les lycéens et étudiants en réorientation pour compléter leur dossier. Le 14 mars marquait la clôture des demandes de vœux sur Parcoursup ; sa fermeture a, quant à elle, été reportée au jeudi 4 avril 2024, 23h59. En ce qui concerne la plateforme Mon Master, sa fermeture est prévue pour le 24 juin 2024. Un moment préoccupant pour les concernés et une pénible question qui persiste : que faire si je suis refusé partout, ou si mes études ne me plaisent pas ?

Souvent désapprouvée ou perçue comme un « trou » dans le CV - possiblement mal considéré par les employeurs - , l’année de césure reste une option aux avantages et bénéfices multiples. En pleine réflexion personnelle ou professionnelle, les étudiants tentent de saisir le « c’est maintenant ou jamais » à travers l’exploration de nouveaux pays, leur permettant une véritable introspection et revalorisation de leur profil. Des étudiants partis aux quatre coins du monde nous partagent leurs expériences. 


 

Raphaëlle lors de son année de césure en Nouvelle-Zélande,
Raphaëlle lors de son expatriation en Nouvelle-Zélande, à Queenstown

 

L’année de césure à l’étranger : quels avantages ?

Si l’année de césure est de plus en plus démocratisée, 42 % des lycéens et étudiants profitent de cette pause pour partir à l’étranger. Un chiffre largement en baisse depuis 2015, d’après une étude menée par l’Ipsos en 2023. Malgré tout, 87 % de jeunes âgés entre 16 et 25 ans considèrent l’année de césure comme une opportunité dans un parcours de vie.

Prendre confiance en soi, trouver sa voie, apprendre une nouvelle langue, découvrir de nouveaux horizons… les raisons d’une année de césure à l’étranger sont multiples, mais toujours très enrichissantes. 
 

Juliette et Raphaëlle pratiquent le "woofing"
Juliette et Raphaëlle pratiquent le "woofing"


Lier expatriation et introspection 

Quitter son confort et son quotidien, pour un nouveau mode de vie loin de chez soi, c’est ce qu’a recherché Raphaëlle en partant cinq mois en Nouvelle-Zélande. Après une licence en web analytique, la jeune femme âgée de 22 ans ne savait pas trop vers quoi se diriger, et cherchait à travers l’expatriation le moyen d’être davantage indépendante. « Je suis quelqu’un qui a peu confiance en moi et qui a beaucoup de mal à être loin de ma famille et de mes proches, témoigne-t-elle. Partir en Nouvelle-Zélande, à l’autre bout du monde, était pour moi un réel challenge. ». 

Une première expérience loin de chez elle qui s’est faite en douceur, puisque Raphaëlle est partie aux côtés de sa meilleure amie Juliette, dans la même situation qu’elle. « Après avoir eu mes résultats en fac de droit, qui m'apprenait un second redoublement, j’ai décidé de totalement changer de voie », confie-t-elle le coeur lourd. Devenir avocate avait toujours été la profession de prédilection pour Juliette, et faire une croix dessus était synonyme d’échec. « J’avais le choix entre entrer directement dans le monde du travail, sans diplômes, ou partir à l’étranger, le temps de trouver des études qui me plaisent. ». Sans suspens, la jeune femme a choisi l’option de l’aventure, dans un continent encore inconnu pour elle. « Nous avons choisi le pays le plus loin de la France, explique-t-elle. L’objectif était de vivre cette expérience à fond et de nous en mettre plein les yeux. Nous avions réellement besoin de nous ressourcer avec Raphaëlle. ». 

Aujourd’hui, Juliette s’est trouvée une passion pour la communication et aspire à devenir attachée de presse. Quant à Raphaëlle, elle étudie l’événementiel à 500 km de chez elle. « Prendre une année de césure et partir à l’étranger est une expérience que je recommande à tout le monde au moins une fois dans la vie, poursuit Raphaëlle, encore nostalgique des époustouflants paysages de Queenstown. Pour ceux qui ont peur de se lancer comme moi, quelques mois accompagnés d’un ou d’une amie suffisent ! ». 
 

Émeline gardait les enfants de sa famille d'accueil, afin de pratiquer l'anglais
Émeline gardait les enfants de sa famille d'accueil près de Vancouver, afin de pratiquer l'anglais 


Enrichir ses capacités et ses connaissances à l’étranger 

L’apprentissage et le renforcement d’une langue étrangère sont aussi l’une des principales motivations des étudiants. Là était l’objectif principal d’Émeline, lorsqu’elle s’est expatriée six mois au Canada. Après son bac, elle commence une licence de Langues Étrangères Appliquées (LEA), qu’elle quitte rapidement au bout de deux semaines. « J’avais, à l’origine, demandé une année de césure sur Parcoursup, sans jamais avoir eu de retour, raconte-t-elle. J’ai alors décidé de concrétiser ce projet après avoir quitté la fac en partant près de Vancouver, au sein d’une famille d’accueil entièrement anglophone. ». 

Comme beaucoup d’étudiants partis en année de césure à l’étranger, Émeline travaille sur place et garde les enfants de sa famille d’accueil, ce qui lui permet d’avoir une bonne pratique de la langue. « Aujourd’hui je suis bilingue. ». En échange, elle est nourrie, logée et blanchie.

Travailler en échange d’un logement est une option très courante, et permet aux étudiants de voyager à moindre prix. Le « woofing » en est l’exemple parfait ; cette pratique de plus en plus courante propose aux expatriés de travailler au sein d’une exploitation agricole, en échange du gîte et du couvert. « C’est principalement ce qui nous a permis de choisir une destination aussi lointaine comme la Nouvelle-Zélande, explique Juliette. Nous ramassions les mauvaises herbes, récoltions les fruits et légumes, tondions les moutons… Ça permet aussi d’avoir une vision différente sur le travail. ». 
 

Alix est partie en Roumanie pour changer d'air
Alix est partie en Roumanie pour changer d'air 


Partir en année de césure pour prendre l’air 

Les dures années de la pandémie ont également eu raison de la santé mentale des étudiants et ont poussé un bon nombre d’entre eux à se réorienter. Des élèves aux professeurs malades, en passant par des cours annulés ou en distanciel, mais aussi l’annulation de stages et de diverses opportunités… Des causes qui ont poussé Alix à partir en Roumanie, après sa licence passée « sous Covid ». « Je suis quelqu’un qui adore les études, relate-t-elle. Mais ma licence en distanciel m’a totalement dégouté, et j’avais surtout peur qu’un nouveau confinement soit annoncé. Je ne voulais pas débuter un master dans ces conditions. Alors j’ai décidé de créer un « manque » avec mes études en partant un an en Roumanie. ».

Une année le temps de souffler, de retrouver la vie active sans virus et de recharger ses batteries, pour repartir du bon pied. Alix n’est pas la seule à être partie à l’étranger après l’épidémie du COVID-19 : au début de l’année 2021, près d’un jeune sur deux déclarait avoir un projet de mobilité internationale, hors départ en vacances, dans les cinq années à venir.
 

Pauline est partie à Zanzibar pour son projet humanitaire, au sein d'une école zanzibaraise
Pauline est partie à Zanzibar pour son projet humanitaire, au sein d'une école zanzibaraise


Se consacrer à un projet personnel en année de césure

Prendre une pause à l’étranger est aussi l’occasion de consacrer au développement de projets personnels. Pauline a notamment saisi cette opportunité : après deux ans d’études en marketing en alternance, elle réalise que ce domaine ne lui est peut-être pas destiné. Elle décide en conséquent de se lancer dans un projet qui lui tenait à cœur depuis quelque temps : l’humanitaire. Au sein d’une association, elle part pour une mission de trois mois à Zanzibar, au sein d’écoles, où elle apprend principalement le français aux enfants, qui aspirent pour la plupart à devenir guides touristiques. « Cette expérience m’a confirmé l’idée que je n’avais pas envie de poursuivre mes études, confie-t-elle. J’ai alors trouvé un métier passionnant, en lien avec ce projet humanitaire : trouver du travail aux autres. Je garde toujours ce rôle « d’aide » puisque je travaille avec beaucoup d’étrangers qui ont du mal à communiquer et à s’insérer professionnellement. ». 


France Volontaires, la nouvelle plateforme du volontariat international 
 

l'année de césure peut être choisie sur parcoursup

 

L’année de césure à l’étranger, une option encore mal communiquée

Si le terme « d’année de césure » ou « année sabbatique » est assez connu, son encadrement et son organisation restent assez flous, notamment chez les étudiants. 55 % des répondants affirment être mal informés concernant les procédures pour une année de césure : « La communication sur ce sujet est un véritable enjeu, déclare Diane Lamotte, à l’initiative de cette étude IPSOS. Il y a une véritable attente sur les démarches administratives que comprend cette année de césure, mais aussi les formes qu’elle peut prendre. ».

La plateforme Parcoursup propose l’année de césure aux étudiants et futurs étudiants, ce qui permet de conserver sa place dans un établissement. Celle-ci n’est cependant pas nécessairement acceptée et demande quelques démarches particulières. Elle doit notamment être motivée par un projet personnel ou professionnel, ou par le biais d’un service civique. En conséquence, de nombreux étudiants choisissent de passer par des plateformes extérieures ou des associations, telles Kaplan ou Take Me Up.

 

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