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1er mai 2020 : La fête du télétravail ? 

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Écrit par Déborah Collet
Publié le 1 mai 2020, mis à jour le 18 février 2021

Ralentissement de l’économie mondiale, télétravail, entreprises au bord de la  faillite… le 1er mai 2020 rentrera sûrement dans les annales. Chaque 1er mai, les Français célèbrent la fête du Travail, en défilant dans les rues ou en profitant d’une journée de repos en famille. La fête des travailleurs célébrée dans 80 pays du monde a aujourd’hui une saveur toute particulière.

 

Une nouvelle organisation du travail

Pour les salariés du monde entier, leur rapport au travail a basculé et le télétravail devient la nouvelle norme. 

Lors de son discours ce mardi 28 mars, le Premier ministre, Édouard Philippe, a incité les Français qui le peuvent à poursuivre le travail depuis chez eux. En France, 7,9 millions de salariés pratiquent une activité depuis leur domicile, qu’elle soit totale ou partielle. Les entreprises françaises employant des salariés présents à l’étranger, ont elles aussi, dû s’adapter à cette situation exceptionnelle, comme le cas de la Société Générale qui a basculé 50 000 salariés en télétravail aux quatre coins de l’Europe. 

Les ventes en ligne et les services de drive permettent à certaines entreprises mondiales de rester debout et de fonctionner à régime normal. Certains salariés voient la situation comme "une source d’opportunité d’augmentation du chiffre d’affaires", tandis que d’autres estiment que la crise sanitaire que nous traversons "met en péril leur emploi."

 

Un effort de guerre pour soutenir l’économie mondiale

Difficile, en effet, de se réjouir de la situation économique mondiale en ce 1er mai 2020. Les économistes le prédisent, cette crise aura un impact important, qui pourrait être pire que celui des "subprimes" de 2008.

Dans l’Hexagone, 12,4 millions de Français sont contraints d’arrêter leur activité car leur métier ne leur permet pas de travailler depuis chez eux. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a confirmé le renforcement du fonds de solidarité à destination des entreprises à compter du 1er juin. Ainsi, les entreprises comptant jusqu’à 20 salariés et qui ont un chiffre d’affaires de moins de 2 millions d’euros seront éligibles et pourront demander des aides financières. Le gouvernement français a également déclaré être "prêt à voler à l’aide des plus grands groupes menacés par la crise, comme Fnac Darty ou Air France." 

Quant aux Français expatriés à l’étranger, un plan d’urgence destiné aux familles et à l’enseignement français a été évoqué ce matin auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Cependant, il ne prévoit aucun soutien financier pour les entrepreneurs et les salariés français expatriés à l’étranger, ce qui inquiète de plus en plus, les parlementaires des Français de l’étranger. Pourtant, il est indispensable de venir en aide à ces entrepreneurs pour qu’ils puissent "tenir" et faire face au ralentissement, voire l’arrêt brutal de l’économie locale. Jean-Yves Leconte, sénateur des Français établis hors de France, nous a précisé : "Une étude du Conseil économique et social soulignait que plus de 40% des entreprises de droit étranger créées par des Français engendraient directement ou indirectement plus de 4 emplois en France." Les flux commerciaux provenant de ces sociétés sont très fortement menacés, entraînant avec eux, le réseau d’influence économique français. Des expatriés français sont déjà obligés de prévoir leur retour en France dû à la perte de leur emploi engendrant celle de leur visa. 

Alors que l'Organisation Internationale du Travail alertait sur les millions d’emplois menacés en "l'absence de réponse coordonnée à l'échelle internationale", le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, insiste sur l’effort collectif qui selon lui, doit se faire à l’échelle de l’Union européenne. Le ministre précise "il faut que la relance soit elle aussi massive et que notamment l’Union européenne réponde présent et vienne soutenir les plans de relance nationaux." 

 

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Les syndicats confinés mais mobilisés

Malgré ce contexte tumultueux, les syndicats ne pourront pas battre le pavé. Pour remplacer les défilés et ce à cause du confinement, les syndicats appellent chacun à "saisir l’occasion pour afficher, sur les réseaux sociaux, sur votre balcon, votre fenêtre, sur les murs… votre revendication." 

Dans un communiqué de presse intersyndical, la CGT, FSU Solidaires et les mouvements lycéens Fidl, MNL, UNL et étudiant Unef insistent sur la nécessité de donner la parole aux "oubliés" et aux "invisibles de nos sociétés, qui continuent à travailler, le plus souvent au risque de leur propre vie". Évidemment, ce message est dédié "aux personnels de santé" mais pas que, "il y a tous les salariés·e·s souvent des femmes, du commerce, de l’agroalimentaire, du paramédical du social, du nettoiement.." déclarent les forces ouvrières. Ils réclament des revalorisations salariales à l’égard de ces travailleurs afin de protéger leur santé, leurs droits et leurs rémunérations.

 

Depuis les réseaux sociaux, la fête du Travail sera, plus que jamais célébrée. La CGT a annoncé plusieurs propositions afin que "ce 1er mai soit plus que jamais la journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs." affirme le syndicat. Le public est invité à se faire entendre en partageant une photo accompagnée d'une pancarte avec laquelle est inscrit "le jour d’après je veux…".  Dans la vidéo diffusée par le syndicat, on peut y lire plusieurs messages tels que "Le jour d’après, je veux la retraite à 60 ans", "Le jour d’après je veux que le SMIC passe à 1 800 euros" ou encore "le jour d’après, je veux que nous nous réveillons ensemble du cauchemar du monde d’aujourd’hui". La CGT a notamment déposé un préavis de grève du 1er au 31 mai 2020. 

 

 

En plein confinement, les associations ont rejoint les syndicats pour faire appel à la solidarité de chacun. Derrière les mots #PlusJamaisCa, les syndicats et associations comme Greenpeace, Youth For Climate, Droit au logement appellent les Français à manifester partout en France et à l’étranger pour "un changement de cap". Une vingtaine d’organisations ont rédigé un communiqué pour notamment mettre à l’honneur la santé publique. Ils souhaitent que le gouvernement mette en place des mesures d’urgences telle que l’application "de l’égalité professionnelle femmes hommes", car "ce sont souvent des femmes qui ont sauvé des vies, ont permis de nous alimenter, ont permis à notre pays de tenir alors qu’elles sont toujours moins bien payées." Les mesures d’urgences doivent aussi "lutter contre les inégalités sociales et préserver les droits de chacun, dont le travail, l’alimentation et le logement de qualité".

 

Les syndicats et les associations s’inquiètent également de la sortie du confinement le 11 mai "alors que les conditions sanitaires ne sont pas réunies". Ils appellent à faire de "la santé de tous une priorité maintenant et après le 11 mai".

 

En France, le 1er mai rime avec muguet. Nous espérons que cette fleur porte-bonheur, nous redonnera un signe d’espoir en cette période d’incertitude économique.