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PREAH VIHEAR - La minorité ethnique Kuoy lutte contre le défrichage de ses terres

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 22 mars 2014, mis à jour le 23 mars 2014

Suite au défrichage de leurs terres ancestrales, effectué par la société, Lan Feng, qui a bénéficié de la concession foncière économique, des Kuoy surveillent leurs rizières pour protéger la propriété foncière de leur communauté.

Depuis le 2 janvier, les Kuoy montent la garde devant leurs terres pour empêcher la société chinoise, Lan Feng, de les défricher. Cette société a obtenu cette concession foncière d'une surface de 9 015 hectares du gouvernement du Cambodge, en 2011, pour y cultiver des hévéas, des acacias et de la canne à sucre. Ce projet d'investissement a affecté trois villages du groupe autochtone Kuoy : les villages de Prame, Boh Thom et Srae Prang qui se trouvent dans le district de Tbaeng Meanchey, province de Preah Vihear.

Presque 200 habitants faisant partie de la minorité ethnique de Kuoy qui vivent dans ces trois villages se relaient pour monter la garde. Les villageois ont planté des tentes et construit des abris recouverts de tissus en caoutchouc sur la plaine située près du siège de la société Lan Feng.

Une femme âgée de 44 ans qui surveille en permanence la région en conflit explique que son couple et ses deux enfants ont abandonné la maison située dans le village de Prame pour monter la garde des rizières que la compagnie est en voie de s'approprier. « Ces gens ont tout défriché, les rizières, les tertres et ont coupé de nombreux arbres donnant la résine végétale. Quand nous nous opposons, ils nous écoutent. Mais dès que l'on baisse la garde, ils poursuivent à nouveau les travaux de défrichage ».

Par le passé, les autorités ont essayé de convaincre ce groupe autochtone d'accepter de mettre la terre sous le titre de propriété individuelle. Le terrain à titre privé permet une transaction. Certains Kuoy étaient persuadés que le titre collectif protégeait leur terre ancestrale.

La société Lan Feng a recommandé aux habitants de céder leurs terres et de travailler pour elle contre 20 000 riels par jour. Très peu de Kuoy ont accepté de devenir des ouvriers. La majorité d'entre eux pense qu'ils gagneront moins en travaillant pour la société et préfère rester indépendant. En effet, d'une part, ils n'auraient pas de temps suffisant pour se reposer et, d'autre part, la minorité ethnique de Kuoy n'a pas l'habitude de travailler pour quelqu'un. Ce groupe ethnique n'exerce que les activités qui leur permettent seulement de remplir leur estomac. « À l'heure du travail, on doit travailler. On a peu de temps pour manger, et puis on doit reprendre le travail » précise Sok Roeun, habitant du village de Srae Prang, de la commune de Prame.

Cet homme affirme qu'actuellement, la société n'a pas besoin de beaucoup d'ouvriers car elle utilise des engins à la place de la main d'?uvre, à savoir la machine à planter de la canne à sucre, à irriguer le champ et à asperger des engrais. Il s'inquiète de l'avenir de son ethnie et du manque de terre cultivable. Que restera-t-il ? L'exil ?

Le rapport portant sur « les litiges fonciers de la commune de Prame, district de Tbaeng Meanchey, province de Preah Vihear » souligne que les travaux de défrichage faits par d'autres sociétés de développement dans cette région ont affecté les sites de quatre temples, des mares d'antiquité et d'autres sites historiques. Selon Chan Sovet, responsable adjoint de l'enquête  d'Adhoc (Cambodian Human Rights and Development Association), le gouvernement est en train de supprimer la culture et la tradition de la minorité ethnique de Kuoy : «  il persuade ce groupe d'abandonner ses terres ancestrales et de détruire ses sites sacrés. Si le gouvernement essaie effectivement d'éliminer les minorités ethniques, cela veut dire qu'il viole la loi nationale et internationale »

 Isa ROHANI ? www.thmeythmey.com - Lundi 24 mars 2014

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Publié le 22 mars 2014, mis à jour le 23 mars 2014

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