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Un Français lutte contre le commerce de viande canine au Cambodge

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Michael Chour, fondateur de The Sound of Animals. Photo fournie
Écrit par Marion Joubert
Publié le 30 mai 2019, mis à jour le 31 mai 2019

Les abattoirs cambodgiens font connaître un sort funeste au meilleur ami de l’homme. La fondation The Sound of Animals tente de sauver le plus de chiens possible de ces enfers pour animaux.

Ils attendent leur tour, à l’étroit dans une cage rouillée. Quatre ou cinq chiens qui seront bientôt tués, dépecés, cuisinés puis mangés. C’est alors qu’une main passe à travers les barreaux, les caresse patiemment, ouvre la cage et se saisit du plus jeune. Michael Chour, fondateur de l’association The Sound of Animals, est parvenu à en sauver un ce lundi 27 mai.

« J’ai réussi à convaincre le boucher de me donner ce bébé en lui expliquant que son karma allait s’améliorer. Mais pour partir avec quelques chiens, il faut supporter d’en voir mille et de savoir qu’ils vont tous mourir. C’est très dur. Avant de partir je leur demande de m’excuser, je ne peux pas les sauver tous », confie-t-il avec amertume.

 

                                                             

 

Ce chiot sera emmené vers ce que Michael Chour appelle le « paradis pour chiens », un refuge qui se situe à O’smach, ville à l’ouest du Cambodge. L’association n’achète pas les chiens, les ressources financières de The Sound of Animals étant plutôt utilisées pour les vacciner et les soigner. Dans ce refuge, ils sont quelques centaines à être promenés trois fois par jour et douchés une fois par semaine. « Ils ont toujours quelqu’un pour s’occuper d’eux, il faut compter un employé pour dix chiens », déclare le fondateur.

The Sound of Animals s’occupe de près de 3000 canidés, le refuge de O’smach n’est donc pas le seul géré par l’association. Les autres refuges se situent en Thaïlande, le pays où Michael Chour s’est rendu compte, il y a près de 15 ans, qu’existait un commerce de viande canine. « J’ai vu trois chiens vivants attachés à un scooter. Ca m’a intrigué, j’ai voulu savoir pourquoi. J’ai alors découvert le premier abattoir ». Depuis, le Français vegan lutte de tout son être contre ce business, en tentant de sauver le plus de chiens possible. Un combat qui a évolué avec les années. « Nos méthodes ont changé. Au début, nous allions dans les abattoirs avec ma femme et on ouvrait les cages, nous prenions à partie les bouchers. Maintenant, on s’efforce de les comprendre, on ne peut pas leur en vouloir », soupire-t-il.

D’après Michael, il y a un millier d’abattoirs aux alentours de Phnom Penh et de Siem Reap. En plus de se rendre régulièrement dans ces établissements afin de sauver quelques chiens d’un destin tragique, Michael Chour parlemente avec les bouchers. Il les convainc d’améliorer les conditions de vie des chiens, les aide à développer une autre source de revenus, veut changer les mentalités. Pour ce faire, il se rend entre autre dans des écoles afin de sensibiliser les jeunes au contact des chiens.

« Cette pratique n’est pas originaire du Cambodge »

D’après Michael Chour, la plupart de ces chiens sont attrapés dans la rue ou sont des animaux de compagnies volés ou vendus. Manger de la viande de chien n’est pas prohibé au Cambodge, qui n'est qu'un acteur modeste d’une industrie lucrative qui s'étend sur toute l'Asie. L’ONG Humane Society International estime à 30 millions le nombre de chiens abattus chaque année en Asie, dont 10 millions en Chine. L'Organisation mondiale de la santé met pourtant en garde contre les risques posés par la consommation de viande canine pour la santé humaine en raison de transmission de maladies telles que la trichinellose, le choléra et la rage. Le Khmer Times mentionnait des incidents liés à la consommation de chiens dans la province de Kratie en décembre 2015. Dix personnes étaient mortes et plus de 100 étaient tombées malades.

La cynophagie ne fait pas partie des habitudes alimentaires ancestrales au Cambodge, malgré les croyances qui entourent désormais cette pratique. « Ils pensent que manger la viande de chien rend plus fort et réchauffe le corps », fulmine Michael Chour. La viande de chien fait partie du menu depuis la période des Khmers rouges, lorsque les sources de protéines étaient rares. « Cette pratique n’est pas originaire du Cambodge, elle a été importé du Vietnam », soutient le Français. « Les 200 000 Chinois vivant au Cambodge mangent plus de chiens que les Cambodgiens ». Une déclaration qui pourrait expliquer pourquoi la consommation de viande de chien augmente au Cambodge.

photo cv annecy
Publié le 30 mai 2019, mis à jour le 31 mai 2019

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