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La Barcelone d’Ada Colau, un modèle pour le Lyon de Grégory Doucet… et vice versa

Ada Colau, maire de Barcelone, et Gregory Doucet, maire de LyonAda Colau, maire de Barcelone, et Gregory Doucet, maire de Lyon
Ada Colau, maire de Barcelone, et Grégory Doucet, maire de Lyon / Henry de Laguérie
Écrit par Henry de Laguérie
Publié le 20 novembre 2022, mis à jour le 21 novembre 2022

Le maire de Lyon, Grégory Doucet, était en voyage à Barcelone mi-novembre à l’invitation de la maire Ada Colau. Elu en 2020 sous l’étiquette Europe Ecologie les Verts, cet ancien humanitaire de 49 ans diplômé d’une école de commerce a vécu plusieurs années à l’étranger, aux Philippines et au Népal. Depuis qu’il a conquis la troisième ville de France, il a lancé plusieurs chantiers pour piétonniser et végétaliser sa ville. Barcelone, qui de ses propres mots, a un temps d’avance sur ces enjeux, est pour lui une source d’inspiration.

 

Qu’est ce qui motive votre voyage à Barcelone ?
Je viens à l’invitation d’Ada Colau. Nous avons fait connaissance à Turin au printemps dernier, lorsque l’OL féminin a battu le FC Barcelone en finale de la Ligue des champions. On s’était dit qu’il fallait qu’on se revoie, pour évoquer notamment la neutralité carbone. C’est l’objectif que Barcelone comme Lyon se sont donnés en s’engageant dans le programme de la commission européenne « 100 villes climatiquement neutres et intelligentes pour 2030 ». Nos deux villes ont la même ambition avec des politiques publiques qui ont pour boussole cet objectif de neutralité carbone, même si Barcelone a commencé il y a un peu plus longtemps que Lyon. 

Barcelone est évidemment une ville inspirante

Barcelone est un modèle à suivre ?
Barcelone est évidemment une ville inspirante. Mais Lyon l’est tout autant. Je veux comprendre comment les politiques publiques barcelonaises ont été construites, notamment avec cette démarche participative. C’est ce qu’on cherche à développer à Lyon. Mais on est venu aussi apporter à la ville de Barcelone des savoir-faire. C’est l’esprit de ce programme de la commission européenne : il s’agit de mettre en réseau 100 villes en Europe, pour qu’elles puissent échanger des pratiques et accélérer la transition énergétique.

Vous avez visité les « superilles », (quartiers pacifiés) qu’on appelle aussi les super blocks dans le quartier de Sant Antoni. Qu’en avez-vous pensé ?
Barcelone est une ville pionnière et précurseur dans ce genre d’aménagements. Au-delà du résultat, la méthode employée est très intéressante avec des processus participatifs. Mais à Lyon aussi nous lançons des dispositifs semblables. Depuis plus de deux ans, nous donnons plus de place aux piétons, plus de place pour la nature en ville. C’est ce qu’on a pu observer à Barcelone. Et puis en venant ici on prend conscience qu’en tant que maire, on est très nombreux à porter un modèle de transition des villes qui va dans le même sens. 

Le processus de transition écologique c’est d’abord un changement de nos modes de vie

Ces superilles ont été très critiquée au départ. C’est difficile de faire changer les mentalités ?
Le processus de transition écologique c’est d’abord un changement de nos modes de vie. On a conçu nos villes pendant 70 ans pour qu’elles soient les plus circulables possible en voiture. On en voit les limites. A Barcelone, on a observé des réactions hostiles au début. Mais aujourd’hui avec le recul, on constate que la population est très satisfaite avec ces aménagements. Les gens qu’on a rencontrés ici nous expliquent qu’ils ont effectivement dû changer leurs habitudes. Mais ils nous ont dit « On y gagne, la qualité de l’air s’est améliorée, les rues se sont apaisées, il y a moins de bruit et les enfants peuvent jouer dans la rue ».

Vous êtes aussi venu voir les aménagements dédiés aux enfants.
Oui, l’ambition de Lyon est de devenir « la ville des enfants ». Barcelone se veut une ville « jouable » et donc on a des points communs. On veut faire en sorte que les enfants aient une vraie place dans la ville. L’espace public devrait être un lieu où les enfants apprennent, découvrent et gagnent en autonomie. A Barcelone, on a vu des aires de jeux et des aménagements remarquables pour les enfants. A Lyon aussi, on modifie les abords des écoles. Et à la différence de Barcelone, on a créé des conseils d’arrondissements pour les enfants. Construire la ville avec les enfants c’est un message qu’on envoie pour l’avenir.

LGV Lyon-Barcelone

Vous êtes venus ici en TGV. Or bientôt cette liaison Lyon-Barcelone va disparaitre. Que comptez-vous faire ?
Beaucoup de Lyonnais veulent le maintien de cette liaison. Et ici j’ai croisé des Catalans attachés à cette liaison car ils m’ont dit qu’ils adoraient la ville de Lyon. Donc nous avons besoin de cette ligne. Le sujet est à l’ordre du jour de ma prochaine rencontre avec le ministre des Transports Clément Beaune. Les ministres des deux pays doivent se mettre d’accord pour que la SNCF et la Renfe trouvent la meilleure solution. Il faut connecter les grandes villes européennes entre elles. Une connexion directe est indispensable d’autant qu’il faut limiter les déplacements en avion. 

Pourquoi avoir visité le port de Barcelone ?
Nous avons un port fluvial à Lyon. Evidemment son activité est bien plus faible que celui de Barcelone. Mais dans le transport, toutes les infrastructures sont connectées. Je veux développer le transport fluvial et ferroviaire et pour cela nos ports doivent être mieux préparés. Il faut donc connaitre le fonctionnement des autres acteurs, comme le port de Barcelone pour améliorer la coordination à l’échelle européenne.

Vous avez visité plusieurs sites culturels ?
Je veux renforcer des coopérations historiques qui existaient entre Lyon et Barcelone, qui se sont construites autour des identités fortes de chaque ville. Nous avons toutes les deux une grande gastronomie, d’importantes institutions culturelles. Et puis à Lyon nous avons la Fête des lumières, il en existe une aussi à Barcelone. L’année prochaine l’orchestre national de Lyon viendra au Palau de la Musica. Je crois que les villes sont les mieux placées pour renforcer et porter l’idéal européen et ça ne peut se faire que dans des actions très concrètes comme des partenariats culturels. 

Un projet politique dans lequel je me retrouve totalement

Ada Colau est une figure inspirante pour de nombreux maires de Gauche et écologistes en Europe. Quel regard portez-vous sur elle ?
Elle porte un projet politique dans lequel je me retrouve totalement. C’est un projet en bien des points similaires au notre à la fois sur les ambitions en matière de transition écologiques, mais aussi de démocratie locale, de participation citoyenne et de solidarité. Sans avoir l’intention de me comparer, comme elle, je ne suis pas issu du sérail politique. J’ai longtemps travaillé dans l’humanitaire avant de m’engager en politique. On a des points communs. L’élection d’Ada Colau est le reflet des aspirations qu’on retrouve dans beaucoup de villes. 

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