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LÉGISLATIVES 2017 - La parole à Gabrielle Siry, candidate du Parti Socialiste

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 29 mai 2017, mis à jour le 30 mai 2017

Les Français installés à l'étranger sont appelés aux urnes les 4 et 18 juin prochains afin d'élire les députés qui les représenteront à l'Assemblée nationale. Tous les jours jusqu'aux élections, lepetitjournal.com donne la voix à chaque candidat pour qu'il puisse se présenter aux Français d'Espagne. Ils sont 84.730 électeurs à être inscrits sur les listes électorales en Espagne, pour un total de 112.029 électeurs pour l'ensemble de la 5ème circonscription des Français de l'Étranger, correspondant aux citoyens français installés en Espagne, au Portugal, en Andorre et à Monaco. 

Aujourd'hui nous rencontrons Gabrielle Siry, la candidate du parti socialiste pour la 5ème circonscription des Français établis hors de France.

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?
Gabrielle Siry :
"Après des études à Sciences Po Rennes puis Paris, j'ai vécu et travaillé aux États-Unis (en tant qu'étudiante puis tutrice de Français) en Allemagne (étudiante et employée d'une agence de voyage) et en Belgique (chargée à la Commission européenne de la consultation publique sur les euro-obligations), avant de commencer une vie professionnelle en France dans la supervision financière. J'ai ensuite été conseillère en charge des affaires économiques, internationales et Français de l'étranger d'Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat en charge du Numérique et de l'innovation et députée des Français de l'étranger d'Europe du Nord.
Je suis investie en politique du fait d'une indignation contre les injustices qui m'a toujours poussée à m'engager, d'abord en tant que simple militante puis aujourd'hui en tant que candidate. Je suis en outre consciente d'un certain nombre de transitions que nous vivons aujourd'hui : transition écologique, transition numérique et son impact sur le travail, transition démocratique avec un désir de plus en plus fort de participation citoyenne, nécessaire transition européenne. J'ai à c?ur de porter ces thématiques d'avenir dans le débat public dans la mesure où j'en comprends les enjeux et peux être utile en politique aujourd'hui pour cette raison. L'engagement peut toutefois prendre plusieurs formes et je n'imagine pas entamer une "carrière" politique ; toutefois j'estime avoir, aujourd'hui, des idées à défendre et les moyens de le faire. Mon engagement dans cette circonscription fait aussi particulièrement sens alors que j'ai beaucoup travaillé sur la problématique des plans d'austérité imposés au Portugal et à l'Espagne ainsi que sur des idées de sortie de crise, telle que les eurobonds, ces emprunts européens qui permettraient aux pays d'Europe du Sud d'emprunter à plus faible taux sur les marchés financiers et contribueraient ainsi à préserver l'Union européenne de nouvelles crises de la dette".

Être députée de la 5ème circonscription, qu'est ce que cela représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription/ avec l'Espagne ?
"Née d'une mère franco-espagnole, j'ai toujours passé beaucoup de temps en Espagne depuis mon enfance. J'ai également de la famille en banlieue de Lisbonne. Je vis désormais à Madrid et compte rester y vivre si je suis élue.
Je conçois le rôle de député des Français de la 5ème circonscription de manière triple : premièrement, être un relai entre la circonscription et les institutions Françaises pour porter des problématiques (en matière d'éducation, de fiscalité?) peu connues dans les centres de décision à Paris et contribuer ainsi à résoudre des difficultés administratives qui compliquent la vie à l'étranger. Je pense par exemple en ce moment à la situation des retraités binationaux du secteur public au Portugal, qui se voient, du jour au lendemain, imposés rétroactivement à des montants très élevés au Portugal alors qu'ils ont toujours payé leurs impôts en France. J'ai pu aider à faire avancer ce dossier ces derniers mois et je continuerai évidemment si je suis élue. J'ai également suivi au ministère des Finances la question de la double imposition issue du prélèvement de CSG et CRDS sur les biens en France et serai en mesure d'appuyer immédiatement les personnes dans cette situation. À cet égard, Emmanuel Macron ayant annoncé vouloir augmenter la CSG sur les retraites, j'exercerai une vigilance nécessaire : ce ne sont pas les revenus de ceux qui ont travaillé et cotisé toute leur carrière qui devraient être pénalisés, et les petites retraites doivent absolument être exclues de ce champ.
Deuxièmement, en tant que député de la 5ème circonscription, je souhaite pouvoir porter les expériences réussies des pays de la circonscription en France (loi espagnole sur la violence conjugale de 2004 dont je souhaite m'inspirer par exemple, mais aussi les 45% d'énergies renouvelables au Portugal). Il sera également nécessaire de témoigner au Parlement Français du bilan des politiques d'austérité menées en Espagne et au Portugal ces dernières années.
Enfin, la fonction comprend un rôle d'animation de la vie de la circonscription : je soutiendrai ainsi les associations locales et tiendrai des permanences régulières dans la circonscription. Outre mes déplacements, j'aurai trois collaborateurs parlementaires dans la circonscription qui me permettront de couvrir tout le territoire et d'avoir des retours réguliers sur la situation locale de tout point de la circonscription : j'aurai deux collaborateurs en Espagne et un au Portugal et je souhaite que ceux-ci se déplacent dans ces pays pour assurer une couverture de tout le territoire. Un de mes collaborateur ou collaboratrice d'Espagne se rendra en Andorre et à Monaco régulièrement. Un(e) député(e) des Français de l'étranger peut donc être très utile à ses concitoyens, pourvu qu'il ou elle soit prêt(e) à exercer le mandat, en particulier à l'étranger où les problématiques sont très spécifiques et nécessitent une bonne connaissance des institutions Françaises pour être efficace".

Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivants à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...) ? 
"Ma première priorité est ce que j'appelle "l'accompagnement dans la mobilité" : je veux que la mobilité ne puisse pas être un fardeau du fait de complications administratives ou d'absence d'accompagnement. Pour cela, je veux d'abord m'assurer que tout Français de la circonscription, où qu'il vive, puisse bénéficier de services consulaires. Comme je l'ai obtenu pour Andorre auprès du ministère des Affaires étrangères, je souhaite développer les tournées consulaires afin de permettre la réalisation de papiers d'identité sur le lieu de résidence. Ensuite, je souhaite que les institutions et associations Françaises puissent exercer un "soft power" pour encourager les entreprises Françaises à adopter des chartes de gestion du temps, qui permettent de mieux concilier vie privée et vie professionnelle, ce qui bénéficiera notamment aux familles monoparentales qui peuvent être encore plus en difficulté à l'étranger qu'en France. Enfin, je souhaite me préoccuper de la qualité de la vie et de l'alimentation dans les institutions Françaises à l'étranger : j'accompagnerai les établissements qui, comme le lycée Français de Madrid, souhaitent créer un poste dédié à l'éducation écologique des enfants ou se faire aider, comme le lycée de Porto, par un professionnel de la restauration afin de diversifier les menus en cantines scolaires en s'appuyant sur la présence de maraîchers locaux.
En termes d'éducation et de culture, j'ai la volonté de défendre un réseau éducatif comme culturel historique qui est une richesse formidable pour notre pays. Je défendrai une réforme des bourses scolaires qui prenne mieux en compte la situation financière réelle des familles (prise en compte du niveau d'endettement ; situations difficiles malgré la possession d'un bien immobilier?). Je me battrai également pour le maintien des postes de résidents, qui contribuent à la qualité de l'éducation, et proposerai un statut du résident pour éviter les retours de détachement forcés et la période obligatoire en France des professeurs en contrat local ayant réussi le concours. 
En matière de culture, le réseau des alliances et instituts Français doit être maintenu à tout prix, et développé dans certains endroits stratégiques : notamment en Andalousie où vivent de plus en plus de Français et qui vient d'instaurer le français comme deuxième langue dans l'enseignement local, ainsi qu'au Portugal, où l'État s'est retiré ces dernières années.
Enfin, je souhaite contribuer à encourager l'innovation sur le territoire de la circonscription. Il n'est pas question pour le politique de se substituer aux entrepreneurs. C'est un point important concernant le dispositif Frenchtech, présent à Madrid, Barcelone, et Lisbonne : la Frenchtech est pensée pour les entrepreneurs, par les entrepreneurs, qui se saisissent du label pour valoriser leur savoir-faire. Toutefois, le député peut jouer un lien utile, du fait de sa présence sur plusieurs territoires, pour contribuer à créer du lien : à cet égard, je souhaite contribuer à renforcer les liens entre les fonds de capital-risque des différents pays de la circonscription ainsi qu'avec les fonds français, afin que nos talents et notre innovation restent dans l'Union européenne plutôt que de devoir partir à l'étranger faute de financement. Cette proposition s'appuie sur la réussite du travail mené dans ce domaine par Axelle Lemaire avec qui je travaillais, pour créer des liens entre les fonds français et suédois notamment".

Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant? Sur quel(s) plan(s) auriez-vous agi différemment ?
"Je tiens à préciser que je vivrai bien sûr dans la circonscription tout le temps de mon mandat si je suis élue, et que j'y tiendrai régulièrement des réunions dans les différents pays et les différentes villes de la circonscription. Je m'engage également à un strict non-cumul des mandats, concomitamment et dans le temps (je n'effectuerai pas plus de deux mandats). Je souhaite associer beaucoup plus qu'auparavant les citoyens de la circonscription à mes travaux à l'Assemblée : en leur permettant de voter pour les projets qu'ils souhaitent voir financés par la réserve parlementaire, dont une partie sera donc allouée de manière participative".

Quelle est votre réaction à l'élection d'Emmanuel Macron ? Si vous êtes élue, allez-vous soutenir son travail ou être dans l'opposition ? 
"Je soutiendrai les réformes qui vont dans le bon sens, que nous avons pour certaines nous-mêmes proposées (limitation du nombre de mandats et introduction de la proportionnelle en politique, invention de nouvelles protections dans le contexte d'un monde du travail en mutation, soutien à l'innovation?). Mais je défendrai mes convictions sociales et écologistes, et ne voterai pas les textes qui y sont contraires, comme la réforme du droit du travail par ordonnances. Le Gouvernement est également composé de personnalités ayant voté contre le mariage pour tous, la transition écologique, l'égalité femmes-hommes, la moralisation de la vie publique? Je ne me reconnais pas dans ce Gouvernement, qui comprend en outre un ministre des Finances chantre du libéralisme économique : ce n'est pas satisfaisant à l'heure où nous sortons de politiques d'austérité qui ont provoqué, en Espagne et au Portugal notamment, des dégâts économiques et sociaux très importants, comme je le pointais dans ma dernière tribune dans le journal Libération. J'entends le besoin de construire plutôt que d'obstruer. C'est ce rôle lucide que je veux jouer à l'Assemblée au sein d'une gauche sociale, écologiste, responsable et constructive mais qui défendra ses valeurs jusqu'au bout. C'est ce dont nous avons besoin pour reconstruire et rénover la gauche sur une base idéologique claire, à laquelle n'appartiennent plus les anciens Ministres qui se présentent sous l'étiquette En Marche. La victoire de Pedro Sanchez en Espagne prouve ce besoin de clarté pour reconstruire. C'est en donnant du poids à une nouvelle génération, vierge des querelles politiciennes de ceux qui exercent un mandat depuis trente ans, que nous réussirons à occuper le grand espace existe entre la frange la plus extrême de la gauche radicale et le centre : le grand nombre de messages de sympathie reçus de personnes qui reviennent vers nous aux législatives montre que c'est ce que je suis en mesure de faire sur cette circonscription".

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Propos recueillis par Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 30 mai 2017
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