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Luxembourgeois : langue « vulnérable » en plein essor 

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Écrit par Adrien Filoche
Publié le 23 février 2018, mis à jour le 25 février 2018

Parlé par environ 400.000 personnes dans monde selon l’UNESCO et considéré comme « vulnérable », le lëtzebuergesch, langue nationale du Luxembourg, est pourtant en forte progression. 

Ce nom est imprononçable pour beaucoup ; Lëtzebuergesch. Pour autant, et même si le nombre de locuteurs dans le pays reste encore faible -seule un peu plus de la moitié des Luxembourgeois ont le lëtzebuergesch comme langue nationale- la pratique de l’idiome est en plein boom. Le phénomène est tel que les autorités du Grand-Duché songent à la faire reconnaître comme langue officielle de l'Union Européenne. 

 

Quelle place dans un pays à forte mixité culturelle ? 

Le luxembourgeois (lëtzebuergesch) est la langue nationale du pays depuis 1984 et figure parmi les langues administrative et judiciaire avec le français et l’allemand. Selon l'Institut national de statistiques luxembourgeois (Statec), le luxembourgeois est la première langue parlée du pays (55,8%) devant le portugais (15,7%) et le français (12,1%). Si le dialecte est pratiqué par près de neuf Luxembourgeois sur dix, il est parlé par 5 % des résidents étrangers seulement. Dans ce petit pays de près de 600.000 habitants à forte attractivité et mixité culturelle, ces derniers représentent tout de même une moitié de l’ensemble de la population luxembourgeoise.  

 

Encourager la pratique de la langue     

Le Grand-Duché ne compte pas limiter la promotion de sa langue nationale à ses frontières. Pour encourager la promotion du lëtzebuergesch de manière globale, un projet de loi a été déposé début janvier à la Chambre des députés. « Il a été décidé d'entreprendre des négociations avec les institutions européennes pour trouver un accord sur un arrangement administratif », a précisé le ministère luxembourgeois de l'Education nationale, de l'Enfance et de la Jeunesse, dans une réponse écrite à l'AFP. « Concrètement, cela signifierait que chaque citoyen aurait le droit de s'adresser aux institutions européennes en luxembourgeois et de recevoir une réponse dans cette langue », a précisé le ministère. 

 

Les raisons d’une envolée linguistique 

« En 1976, j'ai fondé les cours de luxembourgeois généraux pour les étrangers. Aujourd'hui, on doit même refuser des demandes d'admission ! », explique à l'AFP Lex Roth, un enseignant de 84 ans. Cette envolée est aussi constatée par l’INL (Institut National des Langues). Selon sa directrice Karin Pundel « les cours de luxembourgeois, surtout les cours pour débutants, sont pris d'assaut dès le début des inscriptions ». Pour répondre à la demande, le centre d’apprentissage public a gonflé d’environ 30 % son offre de cours en luxembourgeois entre 2016 et 2017. 

Les premières explications de cette envolée linguistique sont avancées. « Avec l'arrivée de la nouvelle loi sur la nationalité, cela a probablement eu une répercussion sur le nombre de nos inscrits », avance Karin Pundel. Le texte, entré en vigueur en mars 2017, offre une possibilité de naturalisation moyennant un séjour d'au moins cinq ans au Luxembourg, ainsi que d’une connaissance de la langue luxembourgeoise. 

De plus, le lëtzebuergesch est considéré comme une porte d'entrée sur le marché de l'emploi au Luxembourg. Il est donc fortement recommandé aux expatriés – représentant une large partie de la population - de passer par la case « apprentissage ». 

Enfin, si le nombre de Britanniques inscrits aux apprentissages augmente, synonyme d’un possible « effet Brexit », leur part reste minime (environ 5%). « Je pense qu'il y a simplement de plus en plus de gens qui viennent vivre au Luxembourg et qui veulent s'y intégrer et se sentir chez eux », conclut Mme Pundel. 

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Publié le 23 février 2018, mis à jour le 25 février 2018

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