Les contributions au développement dans les pays émergents peuvent prendre des formes très variées et emprunter des chemins différents. Rencontre avec Alexandre Kolev, qui nous parle du Master International en Economie du Travail Appliquée au Développement (MALED) élaboré par le Centre International de Formation de l'OIT de l'ONU qui a son campus à Turin, l'Université de Turin et Sciences Po Paris.
Le Master International en Economie du Travail Appliquée au Développement / Master of Science Applied Labour Economics for Development (MALED) forme des professionnels à la conception, l'analyse et le suivi de politiques de développement plaçant les emplois de qualité au c?ur de leur stratégie.
Lepetitjournal.com/Turin : Comment est venue l'idée de ce master ?
Alexandre Kolev : Il existait au niveau des universités des formations consacrées aux problématiques du développement, d'autres au travail mais aucune ne mêlait véritablement les deux. De là est née l'idée d'un master associant étroitement les économies du développement et du travail. Il s'agit de mettre l'emploi au c?ur du développement et le développement au c?ur de l'emploi. Cette formation répond avant tout à un besoin d'expertise croissant : l'environnement se complexifie avec des processus de plus en plus dynamiques et imbriqués, et il est de plus en plus évident que la qualité et la quantité du travail sont fondamentaux pour une croissance responsable, pour lutter contre la pauvreté que ce soit dans les pays développés ou en voie de développement. Ce programme permet donc de former des professionnels à la conception, au pilotage et à l'évaluation de politiques de développement d'emplois plus nombreux et de qualité ? en tenant compte des cadres juridiques et institutionnels - de façon à placer l'emploi décent au c?ur des politiques économiques et ce, dans différents contextes de développement.
Quelques exemples concrets ?
Comprendre comment permettre une meilleure insertion des jeunes dans le monde du travail afin de favoriser le développement d'un pays. Déterminer l'impact des plans d'actions déployés dans les banlieues. Mesurer comment l'emploi entre dans les stratégies de croissance, quelles sont les politiques qui peuvent être mises en ?uvre. Même si les niveaux de revenus, de développement, de ressources ou encore les niveaux institutionnels sont différents selon les pays, les thématiques et les problématiques sont finalement les mêmes. Il est essentiel d'étudier et de comprendre ce qui s'est passé. Appréhender les tenants et les aboutissants de situations de différentes époques pour construire des solutions pour le futur. Le même travail d'analyse peut s'appliquer aussi aux ONG : on détermine quels sont les programmes de développement mis en place, leur impact, les outils utilisés et on peut commencer à en tirer des enseignements.
Une place significative est laissée aux chiffres dans le cursus de formation?
En effet, il est essentiel de pouvoir comprendre les techniques d'analyse, ce qu'il y a derrière, de mettre en évidence les fragilités et les forces de certaines évidences. En somme, nous cherchons à donner des outils pour permettre aux étudiants de développer leur esprit critique. Et si vous montez un projet, il est important de l'alimenter par du factuel, des chiffres, de même qu'il est vital de se donner les moyens de piloter et de suivre un projet en se basant sur du concret, des chiffres en particulier donc. Mais la partie théorique de cette formation est finalement assez légère, nous cherchons à appliquer des concepts à des situations réelles pour aider à la prise de décision.
Qui sont les étudiants ?
Nos sessions forment environ 25 étudiants par an. Les 2/3 sont des professionnels déjà en activité qui travaillent dans des ministères ou des institutions dans les domaines de l'économie, du travail, de la santé, des finances, de la protection sociale? Il s'agit pour eux de donner une nouvelle orientation à leur carrière grâce aux nouvelles clés de lecture et d'action que nous leur offrons. En parallèle, nous accueillons 1/3 de jeunes étudiants dans le cadre d'un 3ème cycle. Globalement les étudiants ont des profils très variés et viennent de différents continents, de pays aux niveaux de développement différents, ce qui permet une grande richesse dans les échanges. Plus tard ils commenceront ou poursuivront leur carrière aussi bien dans des administrations que dans des organismes internationaux ou des ONG?
Comment se déroule la formation ?
Elle se déroule sur un ou deux ans afin de pouvoir être suivie par des professionnels en activité. Elle est composée de trois mois d'enseignement à distance, puis près de quatre mois de cours intensifs sur le campus du BIT à Turin. Enfin les étudiants rédigent une thèse de master, entreprise dans le pays du participant ou dans le cadre d'un stage. Au final, ils obtiennent un Executif Master validé par l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et un Master of Science délivré par la Faculté de Sciences Politiques de l'Université de Turin. Les cours sont actuellement en anglais, mais nous prévoyons prochainement de le mettre en place en français.
Qui sont les intervenants ?
Ils ont des profils très variés, ce qui ajoute une vraie plus-value à cette formation : conférenciers, chercheurs, praticiens et experts d'organismes internationaux travaillant pour les partenaires associés au programme, comme la Banque Mondiale par exemple. L'idée est de faire bénéficier les participants d'une expérience pratique et pertinente sur des zones géographiques différentes.
Propos recueillis par Françoise Jovenet (www.lepetitjournal.com/Turin) mercredi 16 janvier 2013
| Le rôle du Centre International de Formation de l'Organisation Internationale du Travail sur le campus de Turin consiste à fournir des services de formation, d'apprentissage et de renforcement des capacités aux gouvernements, aux organisations d'employeurs, aux organisations de travailleurs et à d'autres partenaires nationaux et internationaux, en soutien du travail décent et du développement durable. |
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