Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

TONY ESTANGUET - "La relève est là"

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 24 juillet 2013, mis à jour le 24 juillet 2013


Après avoir arrêté sa carrière sur une médaille d'or olympique, et quelques jours après son entrée officielle au CIO, rencontre avec le céiste Tony Estanguet, qui revient pour lepetitjournal.com sur son parcours et son avenir, à la fois sportif et professionnel.

Tony Estanguet fait partie de ses sportifs que l'on aime aimer et que l'on peut remercier. Parce qu'il a marqué l'histoire de son sport, le canoë, mais aussi parce qu'il reste abordable et investi, en participant notamment à des nombreux événements en faveur des enfants. Avec trois médailles olympiques, autant de titres mondiaux, le porte-drapeau de l'Equipe de France aux Jeux de Pékin, en 2008, a rangé sa pagaie il y a tout juste un an, après son sacre londonien. A 35 ans, le Palois profite pleinement de sa retraite, à quelques jours d'entrer officiellement en fonction à la commission des athlètes du Comité international olympique (CIO). Il n'en oublie pas pour autant ses engagements (radiophoniques, événementiels,...) et se félicite déjà que sa ville accueille les mondiaux de canoë en 2017. Pour lepetitjournal.com, le sportif revient sur sa carrière, sa famille et évoque son avenir, notamment le rôle qu'il jouera en Equipe de France.

Lepetitjournal.com : Vous avez arrêté votre carrière après avoir gagné une troisième médaille olympique. C'est une image importante pour vous ?
Tony Estanguet : Oui c'est sûr mais c'est difficile de retirer une seule image de toute une carrière. Il y a beaucoup d'images fortes, notamment lors de mes débuts. C'était vraiment le plaisir à l'état pur, où je m'amusais à travers le sport. Et puis il y a eu la compétition, où je découvre un tout autre univers, où on prend rendez-vous avec soi-même. Une médaille d'or olympique, c'est la consécration de tout un travail de fond. C'est fort en émotion mais dans la vie de sportif de haut niveau, tout est lié : il ne faut pas retenir qu'un instant, tout est lié. C'est ça qui est sympa, la performance se nourrit de tout le chemin qu'on a parcouru pour y parvenir. On ne peut pas se raccrocher à juste quelques secondes de bonheur, il n'y a pas que la médaille qui compte.

Qu'est-ce qui vous a motivé à prendre votre retraite des bassins ?
Je me suis posé, j'ai fait le point pour savoir si j'avais vraiment envie d'arrêter. Il était important pour moi de dresser mon bilan pour tourner la page. C'est dans cet esprit que j'ai rédigé mon ouvrage, Une histoire d'équilibre, pour voir ce que je retenais de tout ce parcours. J'ai ressenti une sorte de décalage pendant ma carrière, où j'étais centré sur moi, pour mettre toutes les chances de mon côté en compétition. C'était devenu pensant.

Votre famille a joué un rôle important durant toute votre carrière...
Le canoë, c'est une histoire de famille chez nous ! Mon père a été un compétiteur de haut niveau et mes deux grands frères ont pratiqué avant moi. Il y a toujours eu un truc autour de ça chez moi ! Tous mes proches le pratiquaient déjà quand moi j'y suis arrivé. J'étais le petit dernier, il fallait que je réussisse ! Mes deux frères m'ont apporté leur expérience, ils m'ont accompagné vers mes médailles. J'ai pu partager avec eux, ils ont assuré le lien entre les différentes générations, notamment en équipe de France. La famille vous assure un environnement stable, affectif et favorable. Son soutien, c'est le premier qui vous permet de vous mettre en confiance, de mieux accepter les échéances et de relativiser beaucoup de choses.

Vous êtes engagés, notamment auprès des Etoiles du Sport, où les champions d'aujourd'hui parrainent les espoirs de demain. C'est important pour vous de transmettre votre expérience ?
Les Etoiles du Sport, c'est un événement que je connais bien et utile. Sébastien Foucras et Benoît Eycken ont réussi à créer une initiative conviviale mais très professionnelle où on peut transmettre et partager notre expérience. Y participer, ça permet de faire le lien entre les générations, de répondre aux préoccupations et aux problématiques que peuvent rencontrer ces jeunes sportifs. L'idéal serait que les espoirs puissent repartir avec des billes, notamment sur la gestion de carrière par exemple. Et puis c'est important que les retraités restent au contact des athlètes !

Quelle image pensez-vous véhiculer auprès de ces jeunes ?
L'image que je renvoie n'est pas mon objectif. Moi, à leur place, je me laisserai vite impressionné par un palmarès. On se fait souvent une idée d'un athlète en fonction de ses titres mais ça ne fait que creuser un écart entre le sportif et son supporter. On imagine quelqu'un de difficilement accessible. L'intérêt d'événements comme les Etoiles du Sport, c'est justement de casser ces codes pour favoriser les échanges et tout le monde est logé à la même enseigne.

Aviez-vous des modèles quand vous débutiez le canoë ?
C'est important d'avoir des références à qui on a envie de ressembler. Ado, dans mon sport, j'étais fan de l'Anglais Richard Fox et de l'Américain Jon Lugbill. Ils gagnaient tout, c'étaient vraiment des références et j'avais envie de leur ressembler. D'autres modèles me faisaient rêver comme Michael Jordan, Carl Lewis. Ils véhiculaient l'excellence, la beauté du geste et tout ça me paraissait inaccessible. Ils m'ont donné envie de leur ressembler de part leur état d'esprit. Mon objectif n'était pas d'être champion olympique, mais je voulais être comme eux, super pro, super carré. Ces exemples donnent envie de repousser ses limites.

Aujourd'hui, quel regard portez-vous sur l'Equipe de France ?
Elle se porte plutôt bien ! Les bases sont solides, pour preuve : j'ai été assez malmené pour me qualifier lors des derniers JO ! Je n'ai aucun doute sur le fait que la relève est là (Denis Gargaud-Chanut et Nicolas Peschier, NDLR) et qu'elle jouera les premiers rôles au niveau international. C'est vrai que c'est déstabilisant quand un leader arrête, ce n'est évidemment d'assumer, de prendre les rênes d'une équipe. Je me souviens l'avoir fait quand mon frère s'est arrêté. Il faut leur laisser un peu de temps, être patient. Mais sur le long terme, l'Equipe de France va briller.

Aurez-vous un rôle à jouer dans cette Equipe de France ?
Oui et non ! J'ai envie de changer un peu de vie... Je n'ai plus envie de m'entraîner à temps plein, de garder le même rythme de vie, le même emploi du temps que lorsque j'étais en compétition. Je ne souhaite pas prendre cette voie là. Mais je serai en contact régulier avec les différents protagonistes, pour jouer un rôle de grand frère. Même si je veux changer, je n'ai pas envie de couper les ponts avec cette voie-là.

A quoi ressemble votre vie aujourd'hui ?
C'est très intéressant cette nouvelle vie ! C'est un nouvelle aventure où il faut redévelopper quelque chose, où il faut tout reconstruire. Le changement de rythme est violent : je passe de douze entraînements par semaine à rien ! Mais je me garde au moins une séance par semaine, je continue à aimer ça !
Côté extra-sportif, les partenaires qui m'ont suivi pendant ma carrière, je vais continuer à collaborer avec eux. Et je graviterai dans les relations internationales dans le sport, afin d'accompagner les Français pour qu'ils pèsent au niveau international. Et j'aimerai bien m'investir pour la France accueille de grands événements... J'ai notamment une mission avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le ministère des Sports afin de mettre en avant la France et les sportifs français.

C'est ce que vous avez fait pour Pau notamment, qui va recevoir les Mondiaux de canoë-kayak en 2017...
C'est vrai que j'ai dirigé la candidature paloise et je suis heureux que ça ait abouti. Je serai partie prenante du comité d'organisation. Finalement, je reste dans le milieu mais avec un nouveau rôle et ça me tient vraiment à c?ur. L'objectif sera de rendre l'événement encore plus populaire, plus accessible.

Propos recueillis par Marie Varnieu (www.lepetitjournal.com) vendredi 26 juillet 2013

(photos AFP)

Estanguet rejoint Drut et Killy
Après des mois d'attente en raison d'un appel d'un candidat qui a bloqué son processus d'admission, Tony Estanguet est devenu officiellement, début juillet, membre de droit pour huit ans du Comité international olympique. Il siègera ainsi à la commission national des athlètes, aux côtés de deux autres Français : Guy Drut et Jean-Claude Killy. Premier dossier pour le Palois : choisir la ville hôte des Jeux d'été de 2020.




logofbinter
Publié le 24 juillet 2013, mis à jour le 24 juillet 2013

Flash infos