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INEDIT - Les codisti : ces gens qui font la queue pour vous !

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Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 4 juillet 2016, mis à jour le 26 juillet 2016

 

 

Vous en avez peut-être déjà entendu parler, tant la Presse italienne et internationale ont parlé de son métier : Giovanni Cafaro est un codista, c'est-à-dire qu'il fait la queue à la place des autres. Que ce soit auprès de clients privés ou d'entreprises, son concept est une réussite. Depuis qu'il a commencé en 2014, il a réussi à obtenir le statut national reconnaissant la profession, et il a formé plus de 300 nouveaux codisti. Interview de Giovanni Cafaro, premier codista d'Italie, il fait la queue pour toutes sortes de clients : "J'adore faire la queue, c'est inné."

Giovanni Cafaro, premier codista d'Italie


lepetitjournal.com : Bonjour Giovanni Cafaro, comment pense-t-on à faire la queue comme profession ?
Giovanni Cafaro : L'idée est née en janvier 2014, alors que je faisais la queue à la poste. En observant les gens agacés dans la file, j'ai pensé : pourquoi ne pas faire la queue pour les autres, ceux qui n'ont pas le temps ou l'envie ? J'ai toujours travaillé dans le secteur du marketing, mais à cette époque j'avais perdu mon travail. J'étais responsable marketing dans mon ancienne entreprise, mais elle s'est transférée à l'étranger en 2013?

Comment avez-vous lancé votre projet ?
J'ai donc développé mon idée de faire la queue pour les autres, qui me plaisait énormément. Tout d'abord, j'ai créé un flyer pour faire de la publicité à ce service, avec la phrase : "Ta queue commence à l'entrée, à partir d'aujourd'hui je la fais pour toi". J'ai commencé à distribuer les flyers un peu partout dans Milan, et peu à peu je me suis fait connaitre. J'ai même inventé un terme pour définir cette activité : le "codista". Je fais la queue, et quand vient le tour du client, il prend ma place. Parfois, en plus d'effectuer la queue, il m'arrive de lui rendre un service à l'intérieur du lieu donné.

Qui sont vos clients ?
Mes clients, c'est un peu tout le monde. Plusieurs entreprises font appel à moi? C'est pratique car cela leur évite de s'absenter du bureau. En gros, mon activité permet de gagner du temps. C'est le but principal. Mais cela peut être un service non-négligeable pour les personnes âgées, par exemple, pour lesquelles faire une longue file devient compliqué.

Qu'est-ce que faire la queue vous a apporté ?
Faire la queue m'a sans aucun doute appris à être calme et patient. Ça aide? Aujourd'hui, quand j'entre dans un endroit public, je comprends tout de suite s'il y aura beaucoup de queues et quel est le meilleur moyen pour les faire.

Comment vous contactent-ils ?
On me contacte à travers mon site internet, www.giovannicafarocodista.it. Je m'organise avec le client par téléphone. Je prends 10 euros par heure de queue effective, c'est-à-dire que si je commence à 9 heures et que le client arrive à midi, je suis payé 30 euros. C'est un rapport essentiellement basé sur la confiance, il n'y a aucun moyen de prouver le nombre d'heures que j'ai passé dans la queue. Mais jusqu'ici il n'y a jamais eu de problème !

Aujourd'hui, faire la queue est reconnue comme une réelle profession en Italie...
J'ai réussi à donner un titre national au métier de "codista". De la même façon qu'il y a des titres nationaux pour les électriciens, les mécaniciens ou toute autre catégorie de travail, il existe désormais le statut de codista. Il y a donc des règles précises et un salaire certain pour tous les codisti en Italie, de Palerme à Milan. Je voulais que ce travail soit reconnu, sérieux. C'est très important pour moi que ce soit fait dans les règles, et non pas "au black".

Vous avez également créé une formation pour les gens qui veulent devenir codista?
Je partage mon expérience avec des gens qui veulent apprendre. Ça fait deux ans et demi que j'exerce cette profession, j'en ai fait des queues ! Dans le cas de l'administration publique, par exemple, il faut savoir certaines choses? Sinon tu perds un temps fou. Je leur offre donc des cours de formation personnalisés sur Skype, et une fois le cursus terminé, je leur livre l'attestation officielle du codista, qui permet d'exercer légalement la profession. Jusqu'ici, j'ai formé plus de 300 codisti en Italie?

En deux ans et demi de métier, racontez-nous votre plus longue file.
Si on parle uniquement des entitées publiques, j'ai passé 3 heures et demi aux services fiscaux de Milan. Mais dans l'absolu, ce n'est pas la plus longue : j'ai fait 6 heures de queue pour acheter l'Iphone. C'était un jeune qui m'avait demandé ce service.

Comment vous occupez-vous pendant tout ce temps ?
J'ai pour habitude de lire, j'ai toujours un livre ou un journal sous la main. Mais je travaille aussi très souvent pendant que je fais la queue : coups de téléphone, calendrier, email, SMS? Je programme les queues et les rendez-vous hebdomadaires.

Une anecdote amusante qui vous est arrivée en faisant la queue ?
Plus d'une fois, connaissant désormais mon métier, les dépendants d'un bureau de Milan m'ont proposé de sauter la queue pour ne pas attendre mon tour. J'ai évidemment refusé, ce n'est pas correct pour les autres...

En plus des gens que vous formez, vous rendez-vous compte d'être surement l'un des seuls à aimer GC : faire la queue ?
J'adore faire la queue. C'est inné, je ne sais pas comment ça se fait. Et le nombre de files ne cessent d'augmenter en Italie, je suis content. Tant qu'il y en aura, il y aura des codisti !
Jules Fobe (lepetitjournal.com de Milan) Mardi 5 juillet 2016

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Publié le 4 juillet 2016, mis à jour le 26 juillet 2016

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