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La crèche Gabrielle : des liens de longue date avec la communauté française

En Afrique du Sud, les services publics d'éducation de la petite enfance sont très limités. En réponse à cette problématique, la Crèche Gabrielle prend en charge les jeunes enfants démunis du township de Vlakfontein, dans le sud de Johannesburg. En lien avec la communauté francophone depuis sa création, cette structure reçoit le soutien régulier de bénévoles qui viennent notamment chaque semaine pour apporter leur aide et animer des ateliers pédagogiques dans les classes.

Crèche Gabrielle pour les tout petitsCrèche Gabrielle pour les tout petits
Écrit par Maeva Dewas
Publié le 5 octobre 2023, mis à jour le 27 novembre 2023

Origine de la crèche Gabrielle

La Crèche Gabrielle fait partie de l'association Khomanani, une ONG qui s'occupe des familles les plus défavorisées de la communauté de Vlakfontein.

Khomanani

Le projet Khomanani, qui signifie prendre soin ensemble, a débuté en juillet 2002. Il s'agit d'une petite organisation communautaire. Le groupe de santé Khomanani est situé à Vlakfontein, au sud de Johannesburg, à 30 km de la ville. Vlakfontein est un quartier informel où vivent des personnes confrontées à de nombreux problèmes tels que le VIH/SIDA, la tuberculose, la pauvreté, le chômage...Cette organisation à but non lucratif apporte une aide précieuse à la communauté qui l'entoure, avec pour principaux objectifs : la réduction de la pauvreté, la prévention contre le VIH/Sida, la mise en place d’ateliers de sensibilisation, de programme alimentaire, le soutien des enfants orphelins et vulnérables.

Crèche Gabrielle

En 2007, Khomanani, déjà en relation avec la communauté francophone, fait part de son ambition de créer une structure pour prendre en charge les tout-petits à Vlakfontein. En Afrique du Sud en effet, un grand nombre d'enfants de moins de 7 ans, âge de la scolarité obligatoire, sont gardés à la maison par leurs familles ou d'autres membres de la communauté, ou bien sont livrés à eux-mêmes. Pourtant, il est reconnu que les premières années de vie sont cruciales dans le développement psychomoteur, en construisant les bases de l'apprentissage futur. 

Une petite fille

C'est ainsi que la crèche Gabrielle voit le jour peu de temps après, notamment grâce à une famille d'expatriés à Johannesburg qui financera une grande partie des équipements nécessaires. Ils souhaitaient en effet, associer la mémoire de leur petite fille, Gabrielle, disparue tragiquement dans un accident de voiture à l’âge de 6 ans, à ce projet porteur de changement.  

Depuis 2007, la communauté française est engagée auprès de cette crèche pour apporter un soutien matériel, financier et une aide pratique aux enseignants et à l’encadrement de Khomanani...

Des classes pour prendre en charge les tout-petits

La crèche accueille chaque jour environ 120 enfants âgés de 1 à 6 ans, qui viennent pour bénéficier d'une prise en charge éducative, de soins, de repas chaud, cela dans l'espoir d'un avenir meilleur. C’est actuellement 4 containers qui sont aménagés en salles de classe, accueillant l’équivalent d’une classe de très petite section (TPS), une classe de petite section (PS), une classe de moyenne section (MS) et une classe de grande section (GS).

Un evolontaire qui s'occupe des enfants

Depuis février 2023, avec l’arrivé de Kathleen formée à l’éducation des enfants handicapés, un petit espace est également dédié aux enfants à besoins spécifiques. Ils sont actuellement au nombre de quatre, l’espace étant trop restreint pour en accueillir davantage. Dans un avenir proche, l'idée serait de convertir un nouveau container en une salle de classe supplémentaire.

Pour Kathleen, les progrès de ses protégés réalisés en quelques mois sont vraiment encourageant et très positifs

« Dans la communauté, les enfants différents sont souvent enfermés chez eux. Ils ne vont pas à l’école. Les parents ne veulent pas accepter la différence de leurs enfants, ils ont honte. C’est un véritable travail de persuasion pour que ces parents acceptent que leurs enfants viennent à la crèche. Mais quelle récompense pour moi de voir l’évolution et les progrès de ceux qui nous ont été confiés ».

A la crèche, ce sont principalement des mères, volontaires mais sans formations initiales, qui s’occupent des enfants. Au quotidien donc la crèche est gérée par ces volontaires formés sur le tas au métier d'enseignant.

2 volontaires avec les enfants en classe

Les bénévoles de la communauté Française qui se rendent sur place chaque semaine travaillent à soutenir l’éducation des enfants en organisant pour eux différentes activités pédagogiques, créatives et sportives en lien avec leurs enseignants. Des notions d'hygiène et de santé leur sont aussi transmises. Ces bénévoles soutiennent et motivent également les enseignants et le reste du personnel afin qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes aux enfants.

En 2016, Christine, l’une des coordinatrices du projet nous expliquait « L’objectif est d'apporter de la nouveauté aux enfants, de les changer de leur quotidien ».

Des besoins et des projets

Les besoins sont nombreux et la recherche d’améliorations est constante. Pour fonctionner, la crèche à besoin de trouver les financements nécessaires : pour ses projets mais aussi pour l'achat de livres et de petit matériel. Pour cela, une collaboration est mise en place avec des entreprises locales et internationales. Globalement 20% du budget géré par Khomanani pour la crèche Gabrielle provient des financements alloués par les entreprises partenaires. Les fonds permettant d’autre financements proviennent également, de façon plus modeste, de la vente de produits en shweshwe, tissu sud-africain, très joliment confectionnés par les bénévoles des ateliers coutures ayant lieu chaque semaine chez une hôte bénévole dans une atmosphère conviviale.

les produits de l'atelier couture

Des campagnes en ligne sont organisées pour faire connaitre le travail de la crèche et faire des appels aux dons. Jo’bourg Accueil, l’association d'accueil des expatriés francophones à Johannesburg, reverse également des fonds à la crèche, comme cela a été le cas en 2023.

Grace à ces financements extérieurs, de beaux projets se sont déjà concrétisés : la rénovation des salles de classe et la création de quatre salles de classe supplémentaires ; la création de toilettes et de lavabos pour les enfants et les adultes ; l’extension de la cuisine qui permet la préparation des repas quotidiens ; la création d’une librairie ; la création d’un jardin potager et d’une aire de jeux ; l’achats de deux onduleurs pour la cuisine et les salles de classes (nécessaire en ces temps de délestage électrique).

toilettes pour les enfants de la crèche et aire de jeux
D’autres projets d’envergures voient régulièrement le jour et restent encore à réaliser. C’est notamment le cas des projets de création d’une nouvelle classe pour les enfants handicapés ; d’installation de panneaux solaires pour alimenter les onduleurs ; d’installation d’une cantine près de la cuisine ; de rénovation de la cuisine et du garde-manger ; d’isolation des containers servant de salle de classes.

Une traversée du désert

Précédemment, Khomanani recevait un financement de la région ou de l’état. Celui-ci représentait plus de 80% de son budget et permettait de payer les salaires des salariés, ainsi que la nourriture pour les enfants de la communauté (environ 600 repas par jour – petit déjeuner et déjeuner).

Depuis le mois de mars, en raison d’une nouvelle loi appliquée dans la région du Gauteng, les organisations à but non lucratif ne reçoivent plus de financement de cet ordre. C’est un véritable coup dur. Depuis fin mars, les employés de l’organisation ne sont plus payés et travaillent bénévolement. L’association ne peut plus fournir les repas à tout le monde comme aupararvant. L’association s’appuie sur les stocks qu’elle peut encore avoir mais la situation est critique. La crèche en appel à toutes les bonnes volontés, aux dons généreux de nourriture non périssable…La recherche de nouveaux partenaires et sponsors est plus que jamais d’actualité. En effet, la construction d’une cantine et les rénovations de l’espace cuisine, nécessitant une aide financière non négligeable, permettrait à Khomanani de prétendre à une aide renouvelée du gouvernement, et donc à plus de sérénité quant à l’avenir de la crèche Gabrielle.

Dans la cuisine de la crèche

Le soutien et l’engagement de la communauté Française auprès de cette crèche reste un atout majeur et doit se maintenir à tout prix.

« Nous sommes les garants de cette continuité et il est important de recruter de nouveaux bénévoles motivés pour assurer la relève après notre départ », expliquait déjà Stéphanie en 2016.

Avis donc à toutes les bonnes volontés qui souhaiteraient donner de leur temps aux jeunes enfants de la Crèche Gabrielle, rejoindre l’atelier couture, proposer des dons, bref transmettre un peu de soi.

Pour plus de renseignements :
Consultez la page Facebook de la Crèche Gabrielle

Maeve dewas
Publié le 5 octobre 2023, mis à jour le 27 novembre 2023

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