Dans un coin reculé de la province « Northern Cape » en Afrique du Sud, se trouve un lieu très spécial, niché en bordure du désert du Kalahari : le parc transfrontalier de Kgalagadi. Réputé pour offrir certaines des meilleures possibilités d'observation de la faune africaine, c'est un joyau à ne pas rater.
Le parc transfrontalier de Kgalagadi s'étend sur une superficie de 3,6 millions d’hectares, ce qui en fait l’une des plus grandes zones de conservation et de réserve au monde. Située à cheval sur l’Afrique du Sud et le Botswana, bordant la Namibie, cette zone aride est de toute beauté.
Un peu d’histoire
Le bassin du Kalahari est une région étroitement liée aux peuples indigènes San et Khoi Khoi, installés dans cette vaste contrée sablonneuse et aride respectivement 20 000 ans et 2000 ans environ avant notre ère. Leur mode de vie et leur culture s’adaptent à cet environnement rude et sec. Ces peuples s’appuient sur la chasse, la cueillette et un élevage limité de bétail. Les Hollandais et les Britanniques qui s’aventurent dans la région sont quant à eux découragés par les conditions désertiques auxquelles les Khoi Khoi et les San se sont adaptés.
Après la 1ère guerre mondiale, la région est divisée en fermes. Les fermiers nouvellement installés connaissent cependant une vie difficile. Incapables d'une production agricole viable, ils s'initient à la chasse. Le nombre d'animaux sauvages diminue alors drastiquement. A la suite de sa visite, le ministre des Terres de l’époque, Piet Grobler, entreprend de proclamer la zone située entre les rivières Auob et Nossob deuxième parc national d'Afrique du Sud, (après le Kruger National park). Le Kalahari Gemsbok National Park, voit donc officiellement le jour le 31 juillet 1931. En 1938, le gouvernement du Bechuanaland voisin (Botswana actuel) proclame le Gemsbok National Park, un territoire encore plus vaste situé de l'autre côté de la rivière Nossob (frontière entre les deux pays). Le parc transfrontalier de Kgalagadi (signifiant « salines » ou « grande terre de soif »), qui couvre plus de 34 500 km² est officiellement inauguré le 12 mai 2000, lorsque le parc national de Gemsbok au Botswana et le parc national de Kalahari Gemsbok en Afrique du Sud sont réunis. Il s'agit aujourd’hui de l'une des zones de conservation les plus vastes et les plus préservées de la planète.
Une zone de patrimoine culturel
Ce Parc constitue une zone importante du patrimoine culturel du peuple Khomani San. Aujourd'hui, les communautés vivant à proximité du KTP développent des moyens de subsistance basés principalement sur l'élevage de petits troupeaux, la fabrication d'objets d'artisanat et les spectacles culturels.
En mai 2002, les communautés Khomani San et Mier concluent un accord historique avec le gouvernement sud-africain et les parcs nationaux d'Afrique du Sud (SANParks), leur restituant une grande partie des terres qu’ils avaient autrefois parcouru ou cultivé dans cette région. Ces 50 000 hectares de terres, situées dans le parc, dont ils sont désormais propriétaires, sont loués par leurs soins aux SANParks qui en assure la gestion. L’objectif de ce « parc du patrimoine » est de préserver les connaissances culturelles et traditionnelles de ces communautés indigènes, tout en améliorant leurs possibilités d’obtenir un revenu. Pour ces communautés, il est important d'exposer les enfants, les jeunes et les adultes bushman aux modes de vie traditionnels de leurs ancêtres. Pour cela, des écoles traditionnelles sont mises en place dans le bush, au sein même de ce « parc du patrimoine ».
Un écosystème à part
Décrit comme l'une des attractions touristiques les plus isolées du pays, l'expérience en vaut pourtant largement la peine.
Cette région sauvage de dunes et de rivière sablonneuses, le plus souvent asséchées, représente un havre de sécurité pour une grande variété d’espèces sauvages.
Située dans un désert, la pluviométrie y est assez faible (en moyenne 200 mm par an), les températures extrêmes (considérablement chaudes pendant la saison sèche et froides pendant l'hiver) et la végétation plutôt clairsemée.
Malgré ses points d’eau forés, en période de sécheresse annuelle les seules sources d’eau pour la vie sauvage sont les melons tsamma et les concombres sauvages. Les lits des rivières Auob et Nossob, qui traversent la région, sont très rarement en eau - l'Auob peut-être une fois tous les dix ans, la Nossob seulement une ou deux fois par siècle.
Loin d’être une simple étendue de sable nu, des centaines d’espèces végétales sont présentent dans ce parc (herbacées, buissons, arbres et arbustes…). Pendant la courte saison des pluies, le parc se métamorphose : le lit crevassé des rivières se transforme en un éden d’activités, l’herbe et le feuillage secs et jaunes devenant d’un vert luxuriant.
Ce n’est pas la région des rhinocéros, hippopotames, éléphants ou crocodiles, pourtant les amateurs d'ornithologie peuvent passer des heures à admirer la diversité des oiseaux. Les troupeaux d'antilopes sont impressionnantes et de nombreux visiteurs rapportent des rencontres privilégiées avec les grands félins ! En effet, cette zone sauvage abrite une importante population de lions, guépards et léopards. On trouve également des hyènes brunes et tachetées, d’autres petits prédateurs dont les plus fréquemment observés sont les Otocyon, la mangouste fauve et le suricate.
Ce semi-désert de dunes rouges et de cieux étoilés propose un spectacle de nature sauvage unique en son genre. Une fois le sable du Kalahari foulé, la légende dit que vous y reviendrez encore et encore.
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