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Récap de la semaine du 10 au 16 février 2024 : Manifestation des agriculteurs en Inde

Chaque vendredi, lepetitjournal.com Inde vous offre un récapitulatif des infos de la semaine. Cette semaine en une, manifestation des agriculteurs

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Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 16 février 2024, mis à jour le 16 février 2024

Pour écouter le récap de la semaine :

 

 

Cette semaine, les manifestations des fermiers et agriculteurs dominent l'actualité. Ceux-ci viennent de lancer “Chalo Delhi”, une marche qui se veut de même ampleur que les manifestations de 2020-2021. Plus de 200 syndicats et groupes ont appelé à cette marche vers Delhi et plus de 100 000 agriculteurs venus des États de l’Haryana, du Pendjab et de l’Uttar Pradesh se seraient déplacés. Les frontières entre l’Haryana et le Pendjab ont été fermées et Delhi aurait pris des mesures drastiques pour empêcher les fermiers d’atteindre la capitale. Après avoir discuté avec le gouvernement de l’Union ce jeudi 15, certains groupes ont appelé à une manifestation nationale, un Gramin Bharat Bandh à travers le pays.

Les demandes des agriculteurs indiens 

Les dirigeants des syndicats agricoles cherchent des garanties, soutenues par la loi, d’un prix de soutien minimum (MSP) pour les cultures.

 Le MSP, Minimum Support Price, est un prix plancher fixé par le gouvernement indien pour certains produits agricoles, garantissant aux agriculteurs un revenu minimum pour leur récoltes, les protégeant ainsi des fluctuations de prix sur le marché.

Chaque année, le gouvernement annonce des prix minimum d’achat (MSP) pour plus de 20 cultures, afin de permettre aux agriculteurs de vivre correctement de leur activité. Mais les organismes d’État, eux, n’achètent que du riz et du blé à ce prix. 

Avec ces achats, le gouvernement assure la création de stocks de ration qui bénéficient au plus grand programme de bien-être alimentaire au monde : 800 millions d’Indiens ont ainsi accès à la gratuité du riz et du blé dans le pays. Cela coûte au gouvernement 24,7 milliards de dollars (plus de 2 000 crores) chaque année, son plus important budget de subvention, mais ces achats ne concernent finalement que 7 % des agriculteurs. 

En 2020/2021, après ce qui fut les plus longues manifestations agricoles de l’Inde depuis des années, le gouvernement de Narendra Modi a déclaré qu’il mettrait en place un groupe composé de producteurs-agriculteurs et de responsables gouvernementaux pour trouver des moyens de garantir des prix de soutien pour tous les produits. Hors trois ans plus tard, ce groupe n’est toujours pas mis en place et beaucoup d’experts expliquent que ce projet ne serait économiquement pas viable. 

Les agriculteurs demandent aussi que leurs revenus soient doublés, une promesse de campagne de Modi datant de 2016. Selon les agriculteurs, les coûts de production n’ont cessé d’augmenter tandis que leurs revenus stagnent, rendant impossible tout profit.

Enfin, ils demandent au gouvernement d’abandonner toutes charges contre eux pour les manifestations de 2020 et de prendre des mesures contre le ministre de l’Union Ajay Mishra, dont le fils a été arrêté (aujourd’hui libéré sous caution) lors de la manifestation de 2021 pour avoir écrasé et tué quatre agriculteurs qui manifestaient.

La situation à Delhi et à la frontière  

Jeudi, les agriculteurs étaient toujours bloqués à la frontière entre les États de l’Haryana, du Pendjab et de Delhi. Un dispositif important a été mis en place pour empêcher les agriculteurs d’entrer dans la capitale. 

Tout d’abord la section 144 du code pénal, imposant un couvre-feu et interdisant tout regroupement de plus de cinq personnes, a été invoquée dans la capitale. En Haryana, le gouvernement a étendu mardi l’interdiction de l’internet mobile et des services de SMS groupés dans sept districts jusqu’au 15 février minimum.

A lire aussi : Coupures Internet et maintien de l'ordre public en Inde

Le mouvement des agriculteurs est bloqué à l’aide de lourdes barricades, de clous et de barbelés. Un grand nombre de policiers est déployé à divers points de contrôle pour arrêter les agriculteurs. Plus de 30 000 bombes lacrymogènes ont été commandées par l'État de l’Haryana.

 

 

 

Mercredi, les agriculteurs ont affronté la police et brisé des barricades à Shambhu, à la frontière entre le Pendjab et l’Haryana, dans une tentative de traverser vers Delhi pour faire pression sur le Gouvernement central. Les forces de sécurité n’ont pas hésité à se servir des gaz lacrymogènes pour les empêcher de progresser. 

Certains agriculteurs ont également lancé des pierres sur les forces de sécurité, qui étaient placées près des barricades. La police a déployé des drones pour surveiller les agriculteurs qui utilisent des cerf-volants pour les contrecarrer. 

 

S’adressant aux médias, le dirigeant du syndicat agricole Samyukt Kisan Morcha (SKM) Darshan Pal a déclaré : “Plus de 100 agriculteurs ont été blessés lors de la manifestation à la frontière de Shambhu au Pendjab-Haryana”. Des rapports ont montré que les balles en caoutchouc utilisées par la police ont blessé près de 130 agriculteurs ce jeudi.

Manifestation nationale en Inde le 16 février 2024

En réponse au blocage des frontières, un appel à la grève a été lancé pour le 16 février : une grève industrielle sectorielle et un Grameen Bharat Bandh, grève nationale des agriculteurs..

La manifestation d’une journée durera de 6 heures du matin à 16heures. 

Selon un rapport de The Indian Express, les agriculteurs se joindront aux énormes “chakka jams” (blocages routiers) prévus sur les routes principales du pays de 12 heures à 16 heures vendredi. La plupart des routes nationales du Pendjab seront fermées pendant quatre heures vendredi.

Cette manifestation a obtenu le soutien d’un certain nombre d’intellectuels et d’artistes publics, qui ont publié une déclaration conjointe mercredi pour soutenir l’appel à la grève nationale.

Selon Darshan Pal, “le passage des services d’urgence, des ambulances, des décès, des mariages, des approvisionnements médicaux, des fournitures de journaux, des étudiants qui se présentent aux examens de bord et des passagers à l’aéroport sera assuré”.

Il a ajouté que l’approvisionnement et l’achat de légumes et d’autres cultures resteront suspendus. Il a déclaré que les magasins de village, les marchés de céréales, les marchés de légumes, les bureaux gouvernementaux et non gouvernementaux, les institutions et les entreprises du secteur industriel et des services ruraux du secteur privé ont été priés de rester fermés. Il a également annoncé que les commerces et les établissements des villes proches des villages seront fermés pendant les heures de grève.

On estime que 100 474 agriculteurs se sont suicidés entre 2014 et 2024, soit une moyenne de 27 décès par jour.

 

 

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