Le 20 mars, c'était la journée internationale du bonheur. À cette occasion, le World Happiness Report a sorti son rapport sur les pays où l'on vit le plus heureux. Alors où fait-il bon vivre ? Les pays du nord de l'Europe dominent largement ce classement
Une étude de l'université d'Harvard a cherché à établir la recette du bonheur en analysant les vies de 764 hommes depuis 1938. Le secret ? S'entourer, privilégier la qualité à la quantité, et bâtir des relations durables. Lorsqu'il s'agit d'établir un classement des pays où l'on vit le mieux, difficile d'utiliser des critères subjectifs. L'étude, réalisée par le programme Réseau de solutions pour le développement durable de l'ONU, analyse les conditions de vie dans 157 pays. Elle se base sur 38 indicateurs comme l'espérance de vie en bonne santé, le PIB par habitant, le soutien social, la confiance dans les instances politiques et la liberté de choix dans chaque pays.
Le prix du pays le plus heureux est décerné au ?
Danemark ! Mais quel est son secret ? Serait-ce son modèle de solidarité efficace ?plus de 30% du PIB est consacré aux dépenses de protection sociale ? Les femmes occupent 43 pour cent des postes de direction dans la fonction publique danoise. Les impôts y sont élevés, mais les citoyens obtiennent en retour un accès gratuit au système de santé et à l'éducation. Les étudiants universitaires reçoivent aussi des bourses mensuelles généreuses pendant sept ans. Avec un taux de pauvreté de 12% et un chômage à 6,3%, le Danemark fait partie des bons élèves de l'Union Européenne. Certains expliquent aussi le bien-être du Danemark par sa petite taille et l'homogénéité de sa population.
Vivons heureux, vivons glacés ?
Cette année, la Suisse perd la première place du classement et repasse deuxième. Ce pays combine également richesse et soutien social important. L'absence de corruption et de scandale politique jouerait donc beaucoup dans le bonheur de ses habitants. Sinon, ce sont les pays du nord européen qui dominent largement le haut du classement. En troisième place, l'Islande, avec ses geysers et ses magnifiques paysages, offre un eldorado glacé pour tous ceux qui auraient des envies de grand nord. On apprenait même en février 2016 que la petite île avait retrouvé son taux de chômage d'avant la crise (1,9% selon les dernières estimations) ? un quasi miracle pour ce pays qui a connu en 2008 une faillite sans précédent. A la quatrième et cinquième place, on trouve respectivement la Norvège et la Finlande, pays où la cohésion sociale est également très importante.
A qui profite la crise ?
Le rapport de 2016 a aussi comparé le degré de bonheur entre 2005 et 2007 avant la crise et celui entre 2013 et 2015. Sur les 157 pays expertisés, 55 ont vu leur bonheur augmenter. Parmi les gagnants de ce classement on trouve la Chine (83ème), la Thaïlande (33ème) ou la Russie (56ème). Quatre pays d'Amérique latine réussissent à tirer leur épingle du jeu et figurent dans le top 10. Selon l'un des organisateurs de l'étude, Jeffrey Sachs, pas besoin « d'être une super puissance économique » pour être « une société saine et heureuse », comme le démontre le Costa-Rica qui réussit à terminer à la 14ème place du classement. Les auteurs du rapport précisent que « le bonheur est le fruit de nombreuses facettes de la société, il n y a aucune preuve que la liberté économique en elle-même est un contributeur majeur direct au bien-être humain. »
Et les Français dans tout ça ?
Pour beaucoup d'analystes, la France serait la reine du « french bashing ». Pourtant le pays ne se trouve qu'à la 32ème place du classement entre la Thaïlande (33ème) et la Colombie (31ème), mais derrière l'Allemagne (16ème), le Mexique (21ème) ou les Emirats-Arabes-Unis (28ème). Elle perd toutefois trois places par rapport au classement de 2015. Pas sûr que ce résultat remonte le moral de tous ceux qui déplorent sans arrêt le pessimisme ambiant en France. Ils pourront peut être se consoler avec les scores de leurs voisins européens, l'Espagne et de l'Italie qui finissent respectivement à la 37ème et la 50ème place.
La palme du pays le plus malheureux revient au ?
Burundi. C'est sans surprise que ce pays se retrouve au bas du classement à la 157ème place. Politiquement instable, au bord de la guerre civile, très affecté par le SIDA, les tensions entre Tutsis et Hutus se sont intensifiées ces dernières années. Ce pays fait encore pire que la Syrie (156ème) où la guerre civile qui dure pourtant depuis 5 ans a déjà fait plus de 250.000 morts selon les dernières estimations. Selon les calculs des chercheurs qui ont établi ce classement, le bonheur a baissé dans 45 pays dont la Grèce qui a connu le plus gros déclin de bonheur et occupe désormais la 99ème place. En cause, la crise économique qui dure depuis des années à laquelle s'est combinée la crise des réfugiés.
La « politique du bonheur » fonctionne-t-elle ?
Le Bhoutan, qui cherchait à proposer une alternative au diktat du PIB, a établi en 1972 le Bonheur National Brut (BNP). Il est calculé selon quatre critères fondamentaux : la croissance et le développement économique responsable, la promotion et la conservation de la culture bhoutanaise, la sauvegarde de l'environnement et la promotion du développement durable, enfin la gouvernance responsable. A ce jour, trois autres gouvernements (Emirats-Arabes-Unis, Equateur et Venezuela) ont nommé des « ministres du bonheur » censés coordonner les politiques nationales pour assurer un meilleur bien être des citoyens. Le bilan est évidemment à nuancer et la conception des droits de l'homme reste problématique dans certains de ces pays. En 2016, l'Equateur termine à la 51ème place, le Bhoutan à la 84ème.
Mathilde Poncet (www.lepetitjournal.com) vendredi 25 mars 2016
En savoir plus :
Le site de World Happiness Report
CLASSEMENT MONDIAL DU BONHEUR - Le Chili est plus heureux que la France
