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RENCONTRE AVEC DIDIER LE BRET – Directeur du Centre de crise du MAEDI

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 16 décembre 2014, mis à jour le 16 décembre 2014

La télévision tourne en boucle. Après la prise d'otage de Sydney dans la nuit, on vient d'en annoncer une seconde à Gand en Belgique ! Didier Le Bret directeur du Centre de crise du ministère des Affaires Étrangères et ses équipes sont en état d'alerte. Son seul commentaire, qui en dit long sur ses préoccupations : "A priori, il n'y a pas de Français". Rencontre avec celui qui veille à la sécurité des ressortissants Français à l'étranger au quotidien

photo @MAEDI

Lepetitjournal.com : Comment assurez-vous la sécurité des Français de l'étranger ?

Didier Le Bret : Au cours des dernières années, nous sommes passés d'une structure d'expatriation relativement organisée où les gens partaient vivre à l'étranger dans le cadre d'une mission de l'état ou encore de leur entreprise, à un socle beaucoup plus dynamique de l'expatriation. Aujourd'hui, les départs spontanés sont plus nombreux. Les jeunes partent tenter leur chance à l'étranger. C'est l'aventure. En terme sécuritaire, nous avons dû intégrer ce changement. Les expatriés sont plus mobiles et donc moins identifiables. 

Avez-vous plus de mal à assurer la sécurité de nos compatriotes aujourd'hui qu'il y a dix ans ?

Non car les Français partent majoritairement vivre dans les pays de l'OCDE où les risques sont généralement moindres. Ils s?expatrient essentiellement dans les pays européens voisins, en Asie du Sud Est ou encore aux Etats-Unis. On ne constate pas de forte progression de l'expatriation dans des zones dangereuses pour des raisons qui sont tout simplement évidentes.

Quels sont les principaux dangers auxquels peuvent être confrontés les Français de l'étranger ?

Les pays du Maghreb accueillent beaucoup de nos compatriotes. Ce sont des pays où les conditions de sécurité sont particulièrement compliquées. Au sein d'un même pays, les conditions sécuritaires varient d'une région à l'autre. Les Français qui y résident peuvent avoir du mal à appréhender ce risque. Ils doivent en effet pouvoir poursuivre une vie normale tout en respectant les contraintes sécuritaires liées au pays. Il faut donc qu'ils intègrent le risque et adaptent leur comportement.

Pensez-vous que les expatriés soient prêts à intégrer ces contraintes ?

La contrainte sécuritaire, les gens l'intègrent finalement très rapidement. Même si c'est pénible de devoir passer sous un portique de sécurité et de perdre un peu de temps lorsqu'on rentre dans un centre commercial ou un institut Français, au bout d'un moment, cela devient un réflexe. Les gens ne se posent même plus la question. L'exemple le plus probant est qu'aujourd'hui vous mettez 30 minutes de plus qu'il y a 10 ans à embarquer dans un aéroport à cause de nouvelles mesures de sécurité et tout le monde trouve cela normal. Chacun consent à réduire un tout petit peu son confort de vie pour assurer une sécurité collective. Tout le monde n'en est que plus rassuré.

Selon vous, y a t-il aujourd'hui beaucoup de Français en danger à l'étranger ?

Les Français ont l'habitude de l'expatriation. Les résidents sont attentifs aux aspects de sécurité que nous leur communiquons. Je ne pense pas que la majorité de nos compatriotes se mette sciemment en danger. L'actualité particulièrement anxiogène depuis plusieurs années maintenant contribue largement à ce qu'ils ne prennent pas de risques inutiles. Tout cela développe un climat de responsabilisation. Chaque Français doit savoir où il met les pieds et ne pas prendre de risque inutile. C'est un fait, on ne peut pas aujourd'hui aller dans une certaine partie du monde en totale insouciance. Il faut donc accepter de rester informer et être conscient que le climat actuel restreint le nombre de possibles. Nous sommes les premiers à déplorer une telle situation. Nous ne voulons pas que notre réponse sécuritaire donne raison aux terroristes mais un minimum de précautions s'impose.

Propos recueillis par Claire Largillière (www.lepetitjournal.com) mercredi 17 décembre 2014

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Publié le 16 décembre 2014, mis à jour le 16 décembre 2014

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