Les étudiants internationaux sont devenus un enjeu économique majeur et les territoires sont désormais dans une logique d'attractivité. En 2014-2015, 298.902 étudiants étrangers sont venus étudier sur le sol français, faisant de l'Hexagone le 3ème pays d'accueil d'étudiants internationaux, juste derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Mais qu'est-ce qui les attire en priorité et qui les fera rester ?
L'Université Paris I Panthéon - Sorbonne qui accueille de nombreux étudiants internationaux chaque année
Des démarches facilitées
Sur les 298.902 étudiants internationaux présents en France en 2015, 166.520 étaient inscrits dans une université française. Pour Christophe Marot, sous-directeur du séjour et du travail, direction de l'immigration au Ministère de l'Intérieur, faciliter la législation inciterait davantage les étudiants étrangers à venir en France. Que dit la loi ? Actuellement, la carte de séjour pluri annuelle existe uniquement pour les étudiants inscrits au moins en master. Avec les nouvelles mesures législatives, la carte sera généralisée à tous les étudiants à partir de la licence, elle sera d'une durée de 2 à 4 ans et renouvelable.
13.000 autorisations de travail ont été délivrées cette année aux étudiants étrangers, un nombre en hausse constante. Selon Patricia Corne, chef adjointe au service de la main d'?uvre étrangère à la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) « la majorité des étudiants veulent rester en France après pour travailler ». Seulement, ils se heurtent souvent au casse-tête administratif, d'où l'importance de multiplier les « passeports-talents » affirme Christophe Marot.
Quand les villes deviennent des « produits marketing »
Depuis quelques années, les métropoles ont compris l'intérêt économique d'attirer des étudiants internationaux, Londres gagnerait chaque année grâce aux étudiants internationaux, 2 milliards de dollars grâce aux frais d'inscriptions. Lionel Flasseur, directeur du programme d'urbanisme ONLYLYON, explique sa démarche « il fallait attirer touristes et talents pour faire en sorte qu'ils deviennent des ambassadeurs par la suite », l'identité de la ville est « marketée » et associée à un logo, en l'occurrence ici un lion.
Des grandes entreprises de promotion ont été lancées, Lyon est ainsi devenue depuis quelques années une ville étudiante d'importance et aspire à devenir d'ici quelques années une véritable marque qui parle aux étrangers, en insistant sur la vie de campus et un environnement optimisé pour l'étudiant.
Comment éviter le « choc culturel »
Des experts ont théorisé l'installation des étudiants étrangers dans un pays qui se diviserait en plusieurs étapes, dans l'ordre : l'euphorie, l'hostilité, la récupération, l'adaptation et éventuellement le retour qui se traduit par un choc culturel « inversé ». Ahmed, en pleine phase d'hostilité témoigne du malaise ressenti au début de son installation en France : « j'étais choqué que mes camarades français ne s'intéressent pas plus à ma culture ». Il déplore également « l'administration française qui refuse de parler anglais ».
Pour faciliter l'intégration, certaines universités prévoient des plans comme à Lille où des activités culturelles sont réservées aux étudiants internationaux. Certains ont même pu participer au projet Wool Ware One en 2015, une installation au Grand Palais portant sur la première guerre mondiale qui mettait en scène des centaines de petits soldats tricotés, un travail exécuté en partie par des étudiants internationaux de Lille. Ils ont été de fait intégrés à l'histoire commune.
Les étudiants internationaux sont une richesse pour le pays d'accueil, mais encore faut-il qu'ils restent pour y travailler. Si beaucoup de Français s'expatrient, la France gagne à accueillir encore plus d'étudiants internationaux pour compenser la fuite des cerveaux, d'où l'importance de faciliter les démarches et garantir un accès à l'emploi par la suite à ces étrangers qualifiés.
Mathilde Poncet (www.lepetitjournal.com) - Lundi 13 juin 2016
Pour plus d'informations :
