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ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L’ÉTRANGER – Evoluer pour ne pas décliner

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 23 octobre 2016, mis à jour le 21 octobre 2016

 

La Cour des Comptes a remis au Sénat son rapport sur l'enseignement français à l'étranger. Les crédits publics sont contraints,  la solvabilité des familles n'est pas sans limites, et les dépenses, elles, sont en hausse. En l'absence d'évolutions rapides et ambitieuses, la Cour craint un lent déclin de ce réseau pourtant sans équivalent pour le rayonnement de la langue et la culture française.

Avec près de 500 établissements dans 136 pays, l'enseignement français à l'étranger est atout unique pour notre langue et notre diplomatie.  « En scolarisant ensemble des Français et des élèves d'autres nationalités, il renforce les liens entre la France et les pays d'implantation des établissements », dit le rapport de la Cour des Comptes commandé par le sénateur Les Républicains Eric Doligé. Son excellence est largement reconnue, pourtant le réseau subit la concurrence « intense » des établissements privés anglophones. Pour être pérenne, une « nouvelle dynamique » est nécessaire selon la Cour : « Il serait particulièrement dommageable qu'un tel actif vienne à dépérir par un étiolement financier qui, à long terme, pourrait conduire à une attrition irréversible ».

Inquiétudes sur le financement
« En 6 ans, le réseau a accueilli 55.000 élèves de plus, sans moyens budgétaires supplémentaires », a relevé le sénateur PS Jean-Yves Leconte lors de l'audition de Jean-Philippe Vachia, président de la 4e chambre de la Cour des Comptes par la commission des finances du Sénat. La croissance des demandes reste très forte, notamment sur les premiers cycles.

Alors que les effectifs et les dépenses sont en hausse dynamique (personnel, immobilier, bourses), les crédits publics sont en baisse de plus de 8% depuis 2012. Le Projet de Loi de Finance de 2017 prévoit bien une enveloppe pour la sécurisation des établissements, mais cette contrainte supplémentaire « risque de coûter très cher » estime Jean-Philippe Vachia. Jusqu'à présent, la hausse des dépenses a largement été financée par la hausse des frais de scolarité qui ont atteint 1,8 milliards d'euros, (« 4,5 fois plus que la subvention publique » a souligné le sénateur Leconte). Une nouvelle hausse de ces frais détournerait très certainement les familles du réseau, s'inquiète la Cour des Comptes.
Dans ce contexte, la gestion des ressources humaines apparaît comme un enjeu crucial. Les personnels expatriés et résidents, jugés trop coûteux, sont dans le collimateur de la Cour. Valoriser le statut de recruté local, le former en créant un véritable parcours professionnel peut être la clé, tout en maintenant un statut des expatriés à part « dans les établissements où le recrutement est difficile ». « En distribuant différemment ses ressources humaines, mais en conservant à tout le moins le même volume d'enseignants titulaires français détachés, l'Enseignement français à l'étranger se créerait des marges de man?uvre importantes ». « Uniformiser les statuts, est-ce faisable politiquement ou syndicalement ? » interroge pourtant le sénateur PS Richard Yung.

En tout état de cause, en cas de poursuite de la diminution des crédits, « se poserait la question de la fermeture de certains établissements » dit le rapport.

Les établissements français à l'étranger se distinguent par leurs excellents résultats au Baccalauréat (photo lepetitjournal.com/Milan)

Un bon point, les bourses
La Cour des Comptes a constaté que les enveloppes destinées aux bourses sont tenues tout en répondant à la demande. La dépense de bourse va évoluer à 124 millions d'euros ou plus en 2019. « Les non-scolarisations pour raisons financières sont très difficiles à évaluer » estime Jean-Philippe Vachia. Un satisfecit relativisé par le sénateur UDI Olivier Cadic : « Il y a un quart d'enfants français dans notre système. 20% d'entre eux ont une bourse, ce qui veut dire que seuls 7 ou 8 % des effectifs reçoit une aide, une minorité. Répond-on vraiment à l'attente ? »

Un réseau déséquilibré ?
« Les implantations des établissements sont largement le fruit de l'Histoire et les rééquilibrages géographiques, pourtant essentiels, se révèlent particulièrement complexes à conduire, tant du point de vue des pays d'accueil que du personnel » dit le rapport qui pointe notamment « le poids excessif du réseau en Europe » et la difficulté à anticiper, comme en Chine où les prévisions se sont avérées erronées. Lors de l'audition au Sénat, Christophe Bouchard, le directeur de l'AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger), a répondu que la demande de scolarisation était satisfaite dans la quasi totalité des pays. Dans des pays comme l'Inde et la Chine, il a rappelé l'interdiction de scolariser des étudiants nationaux. « L'AEFE est donc soumise à l'évolution de la communauté française sur place. En Chine, pendant 3 décennies, cette population était en hausse. Or depuis 2-3 ans, les conditions de vie à Pékin et la politique des entreprises dissuadent les familles de s'installer, d'où un nombre d'élèves en baisse ». Même constat à New Dehli.
Sur l'ensemble du réseau, « 11.000 élèves sont en liste d'attente, la demande existe réellement », souligne pourtant le sénateur LR Michel Bouvard.


Les anciens élèves, un enjeu crucial
La question du devenir des élèves après le bac a été longuement évoquée. Il est nécessaire « qu'ils obtiennent un numéro INE (indentification national étudiant), passeport pour l'entrée dans le supérieur en France » a déclaré Eric Doligé qui souhaiterait également intégrer l'association des anciens dans la gouvernance du réseau. Christophe Bouchard a rappelé que les démarches pour le numéro INE étaient en cours et que « plus de la moitié des élèves bacheliers poursuivent leurs études en France, c'est déjà un très bon résultat ». L'enseignement supérieur français développe des structures à l'étranger (comme l'Essec à Singapour), « une formule très intéressante » pour les élèves du réseau.  Il y a eu « des problèmes ponctuels de place à Paris en Médecine », mais globalement leurs demandes d'orientation en France via APB sont satisfaites.  « Il y a 500 à 600.000 anciens élèves. Or 10% seulement sont connus », a admis Christophe Bouchard, ajoutant que « la tradition des alumni anglo-saxons n'est pas la nôtre ». L'AEFE entend pourtant dynamiser l'apport des anciens via un réseau social dédié, « un chantier très vaste, qui se met en place ».

MPP (www.lepetitjournal.com) lundi 24 octobre 2016

Lire le rapport : L'enseignement français à l'étranger : insuffler une nouvelle dynamique
et aussi : ENSEIGNEMENT FRANÇAIS A L'ETRANGER ? En expansion malgré les contraintes sécuritaires et budgétaires

logofbinter
Publié le 23 octobre 2016, mis à jour le 21 octobre 2016

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