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Bérénice Romanet, l’art-thérapie ou les bienfaits de la créativité sans jugement

BereniceBerenice
Écrit par Marie-Jeanne Acquaviva
Publié le 28 avril 2024, mis à jour le 30 avril 2024

L'expression "un vrai soleil" peut sembler un peu désuète, mais si jamais il y avait une personne qui correspondrait parfaitement à cette description, ce serait Bérénice. Elle irradie de positivité et de chaleur humaine. Elle rayonne sans doute parce qu’elle a la chance d’avoir trouvé un métier qui lui va comme un gant et qui la passionne, mais c’est aussi sa personnalité. Si l’art thérapie qu’elle pratique avec passion et une joie contagieuse vous est encore un peu méconnue, profitons de cette rencontre pour mieux comprendre tous les bénéfices d’une pratique douce qui fait merveille sur petits et grands, et en particulier sur tous les neuro-atypiques - une clé d’acceptation de soi et des autres, bien rare aujourd’hui.

Lepetitjournal.com/dubai : Pour les néophytes, en quoi consiste l’art thérapie ?

Bérénice Romanet : C’est se donner un moyen d’exprimer tout ce qu’on « ne sait pas comment dire » mais qui nous encombre, ou qui nous stresse. On peut approcher l’Art Thérapie de deux façons : des ateliers en groupe, ou un suivi singulier. Les ateliers se font en petits groupes, enfants, enfant-parent, ou adultes à travers le théâtre, l’expression visuelle, l’écriture... C’est un peu une initiation. En suivi singulier on peut aller plus en profondeur, mais l’un comme l’autre sont un moyen détourné, une approche douce et l’opposé d’une confrontation frontale avec ses soucis. De la même façon qu’une visite au musée, une balade en forêt font indéniablement du bien, c’est un moyen latéral de changer le prisme de sa vision, d’apaiser ses tensions, de prendre du temps vraiment pour soi, d’être dans un espace – très rare aujourd’hui – sans attente, ni jugement.

Quel est votre rôle, comment animez-vous ces ateliers ?

Concrètement les exercices que je propose ne nécessitent jamais de « savoir-faire » mais ne vont pas pour autant dans la facilité. C’est de la contrainte créative que nait l’expression de soi. Moi je n’interprète pas, je ne suis pas psychiatre, je suis un pont, un chemin, un moyen qui permet de faire sortir les émotions et d’en prendre conscience par soi-même. Je propose, par l’art, de voir les choses sous une perspective différente, de faire un pas de côté.

Lors d’un atelier on m’a dit que j’étais « la gardienne de l’espace » et j’aime bien ce titre (sourire), je « garde » cette bulle d’oxygène :  Je ne soigne pas, j’apporte une respiration dans les tensions, une distance dans les transitions, du calme dans la tempête, ou du mouvement dans un blocage. Je suis un outil de soin de soi, un moment pour prendre soin de sa santé mentale.

J’y crois profondément parce que je vois tous les jours que c’est accessible à tous et que cela fonctionne vraiment : c’est beaucoup de préparation en amont, beaucoup de sur-mesure, il s’agit de « toucher juste » et trouver les bons exercices, les bons chemins pour les bonnes personnes, mais il se passe quelque chose de fort à chaque séance. Où aujourd’hui peut-on s’exprimer en ayant zéro attente, face à zéro jugement ?

D’où vous est venue cette passion pour cette discipline thérapeutique unique en son genre ?

Le chemin remonte à loin (sourire) : J’ai commencé le théâtre à 7 ans, et déjà j’avais la conscience du plaisir que l’on peut ressentir à faire éprouver des émotions à l’autre. Mon premier souvenir d’articuler clairement « c’est ce que je veux faire » c’est devant mon premier film d’adulte, « Le Grand Bleu ». Déjà au conservatoire de Perpignan, je finis par convaincre mes parents à l’usure de me laisser « monter à Paris » pour le cours Florent. Être comédienne j’adore ça, mais attendre le coup de fil et enchainer les castings : moins. Je décide de prendre les choses en main et je crée ma compagnie de théâtre parce que ce que j’aime par-dessus tout c’est le partage, c’est faire ressentir des émotions aux spectateurs. On enchaine les scènes ouvertes, j’adore ça ! En parallèle, je m’occupe de faire rayonner à Paris l’entreprise familiale (Les Toiles du Soleil) dans laquelle mes parents m’impliquent de plus en plus.

La vie change d’un coup avec la rencontre de mon mari et un départ presque aussitôt pour Oman, une décision prise par amour et qui s’accompagne de la nécessité de se réinventer une fois sur place…. Ce qui se présente à moi grâce à des cours de théâtre que je propose aux écoles et structures françaises. Bien-sûr ce sont des enfants jeunes et les cours sont une option trimestrielle, donc je ne peux pas leur faire préparer des pièces entières : je me tourne alors vers les exercices de théâtre, et là c’est le déclic !

Vous comprenez qu’au fond ce qui fait du bien ce n’est pas forcément la création d’une œuvre en soi, mais plutôt le processus créatif ?

Je comprends effectivement que ces exercices qui travaillent l’expression de soi, la créativité, cela fait énormément de bien et tout simplement, que c’est une discipline en soi et que c’est quelque chose dans lequel je me sens très à l’aise et qu’au fond je pratique déjà d’instinct. Je commence donc à murir le projet d’une formation en ce sens, qui se concrétise durant Covid avec une école de formation diplômante en France que je suis à distance, complétée par 200 heures de stage à Dubaï.

Comment se passe ce stage diplômant, vous pratiquez donc en anglais au sein d’un école ?

Il consiste à pratiquer l’art thérapie en classe et anglais - ou en français car il y a beaucoup de francophones - au sein de l’école Jumeirah Baccalaureate School, auprès des élèves entre 6 et 18 ans et de 2 des classes inclusives, puis à travers deux activités extra scolaires ouvertes à tous, autour du théâtre et de l’art. Je me diplôme en 2023 avec ma soutenance qui porte sur la Place de l’Art Thérapie Contemporaine dans une Ecole Inclusive.

J’ai adoré travailler avec les élèves de ces classes inclusives (qui accueillent des enfants neuro-divergents de tous bords : autistes, syndrome de Down etc…) et nous avons formé des liens très forts, je continue à leur rendre visite aujourd’hui L’éducation a évidemment des attentes académiques, et moi j’étais heureuse de leur apporter un moment de détente où ils pouvaient être eux-même, sans attente ni jugement. En échange de cet espace sécurisé que je leur offrais, je recevais leur confiance et des moments de créativité uniques, qui resteront gravé à jamais.

Aujourd’hui où en êtes-vous de votre parcours, quelles sont vos envies pour l’année à venir ?

Aujourd’hui je suis une art-thérapeute certifiée qui pratique avec énormément de bonheur : j’ai l’impression d’être à ma place. Chaque personne que je rencontre, en atelier ou session privée confirme ma conviction que c’est une clef douce vers plus de bien être, une clef qui s’adapte à tous : Adultes surmenés, personnes âgées, enfants mais en particulier pour tous les enfants qui se retrouvent étiquetés neuro-atypiques, souffrant de troubles de l’apprentissage divers, les zèbres, les ultra sensibles, les TDAH, HPI, et HPE…. En art thérapie, on enlève ces étiquettes, car on s’intéresse à chaque personne, comme elle est.

Je ne fais pas partie du corps médical ou scolaire, je ne leur demande jamais de « performer », de rentrer dans des cases, de faire des tests, je suis un espace de tranquillité et de créativité gratuite, sans recherche de résultat : c’est très précieux. D’ailleurs la créativité en soi c’est très précieux : plus on la développe plus on développe des connexions neuronales diversifiées, mieux on sait improviser et gérer tous les obstacles de la vie en y apportant des solutions plus riches. Plus on s’en sert, plus on en bénéficie, c’est une ressource infinie, comme le soleil (rires).

A terme : je voudrais avoir mon propre lieu/atelier, mon propre cabinet, pouvoir offrir une grande « bibliothèque » remplie de matériel, de jeux, d’outils, avoir un lieu où me poser et être moi, devenir une référence. J’adore vraiment ce métier et j’ai hâte de faire grandir ma pratique !

L'Art Thérapie pour les nuls et quelques questions fréquentes :

- c’est parfois ludique mais ce n’est pas un jeu… par exemple on m’a demandé d’animer des anniversaires, cela ne correspond pas du tout à ce que je fais !

ce n’est pas un cours ou un apprentissage, j’utilise des media comme le théâtre, l’écriture ou la peinture mais cela ne veut pas dire que je vais vous former à telle ou telle forme d’art.

ce n’est pas une pratique, un exercice que l’on doit faire « bien » selon des critères de réussite ou d’échec.

pas besoin d’être « bon » ou « doué » en art

« rater » c’est un atout, cela dit beaucoup plus de choses qu’un dessin « parfait ». J’interdis d’ailleurs la gomme !

c’est une thérapie au sens « soin », pas au sens « traitement médical ». C’est une façon douce de prendre soin de soi. Comme un massage soigne, mais n’est pas le même « soin » que celui apporté par un médecin. Ça ne se substitue pas non plus à un traitement médical ou à toute autre thérapie médicale entamée par ailleurs.

ateliers en anglais ou en français, séances également possibles par Zoom depuis la France (ou ailleurs)

oui c’est pour tout le monde, des plus jeunes (dès 5 ans) aux plus âgés, en tête à tête, parent-enfant, en petit groupe, ou en entreprise – cela fonctionne très bien en team-building par exemple !

Comment contacter Bérénice, pour en savoir plus ou pour s’inscrire :

Bérenice Romanet Whatsapp +971 50 226 3940

Prochaines dates:

Du 30 avril au 4 juin, chaque mardi 21h-22h : Atelier d’écriture sur le thème de « La perte » (en ligne, pour adultes)

1er mai 9h-11h : Atelier Carte mentale (Jumeirah 2, pour adultes)

Pour nos lecteurs : -10% sur la première séance privée, pour les lecteurs du Petit journal qui mentionne cet article !

 

 

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