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PORTRAIT – Oliver Geffers, bénévole auprès des réfugiés

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 7 juin 2017, mis à jour le 8 juin 2017

Lepetitjournal.com Cologne est allé à la rencontre d’Oliver Geffers, qui depuis des années travaille bénévolement auprès des réfugiés francophones de Bonn en tant que traducteur-interprète, ainsi qu’auprès de réfugiés appartenant à la communauté LGBT, qu’il assiste et conseille. Ce jeune Allemand francophone âgé de 22 ans est très animé par ses convictions, et il a nous a raconté son parcours et ses motivations afin de partager avec nous son engagement quotidien.  

 

Lepetitjournal.com/cologne : Depuis quand es-tu engagé dans le soutien des réfugiés ?

Oliver Geffers : Je me suis toujours intéressé à la politique et à la société, et j’ai toujours eu dans l’idée de m’engager contre la discrimination et en faveur d’une société plus libre, mais j’ai commencé à m’engager activement il y a 5 ans, lorsque j’ai eu 17 ans.

Comment décrirais-tu ton engagement ?

Il y a plusieurs organisations qui ont mon numéro de portable et qui m’appellent si elles ont besoin de quelqu’un. Comme je suis francophone, je fais beaucoup de traduction, surtout dans les administrations : au sein d’agences pour l’emploi, pour le logement, auprès de la justice, des médecins et des psychologues... Je participe en outre à différents projets pour intégrer les réfugiés. J’ai notamment fait partie d’un groupe de théâtre. Il y avait des francophones, des Allemands, des Arabes, des Perses… Quelques-uns d’entre eux parlaient français ou anglais mais la majorité des gens ne parlaient pas ou peu ces langues, et pas du tout l’allemand. On a donc souvent dû parler avec nos mains. Sinon, je suis surtout spécialisé dans le suivi psychosocial des membres de la communauté LGBT. En Allemagne, beaucoup de volontaires et de bénévoles sont présents pour aider les réfugiés, mais les réfugiés LGBT ont des problèmes spécifiques : par exemple, beaucoup de réfugiés homosexuels se font agresser dans leurs centres d’hébergement, et ils ne reçoivent pas beaucoup d’aide. Pour cette raison il leur faut quelqu’un qui s’y connaisse. Il y a donc quelques organisations en Rhénanie-du-Nord-Westphalie qui s’occupent de la situation de ces migrants qui en plus de connaître la discrimination auprès de la société allemande parce qu’ils viennent d’ailleurs la connaissent au sein même de leur communauté en raison de leur sexualité. Ces associations spécialisées offrent de les aider s’ils se font agresser par d’autres réfugiés, s’ils ont des problèmes pour obtenir l’asile, s’ils ont peur… ou dans des cas plus spécifiques, par exemple en aidant les transgenres, qui ne savent pas toujours comment continuer à prendre des hormones en arrivant en Allemagne, ou plus généralement comment l’Allemagne vit la transsexualité.

Pourquoi cette cause te touche-t-elle en particulier ?

Parce que je suis homosexuel et que je suis conscient d’avoir la chance d’être en Allemagne et de vivre dans une société libérale avec des droits humains, une constitution et des principes fondamentaux. Toutefois, même quand on a tous ces droits, on est victime de la discrimination et ce n’est pas facile. Mon coming out a été catastrophique : j’ai perdu des amis et vécu des choses dures, notamment à l’école. Or l’école ne pouvait pas m’aider comme je l’aurais voulu. Je ne veux plus que quelqu’un, agressé par un groupe ou un pays en raison de sa sexualité, de sa couleur de peau ou de son sexe, se retrouve seul dans cette situation. Je suis idéaliste et je veux une vie meilleure. Même si ça ne sera jamais parfait, je veux tout faire pour l’améliorer.

Te sens-tu utile ?

Oui. Je me sens utile parce que beaucoup de gens viennent vers moi, des gens qui ont des problèmes très graves, par exemple qui se font maltraiter voire poignarder dans leur centre d’hébergement. Il n’y pas assez d’organisations qui s’occupent d’eux. Parfois je me sens dépassé car je prends vraiment à cœur tous les destins particuliers, mais je pense qu’il ne faut pas fermer les yeux sur la réalité, c’est ce qui se passe tout le temps, partout, et pour moi c’est insupportable. Je veux lutter contre ça.

Quelles sont les qualités essentielles pour être bénévole auprès des réfugiés ?

L’empathie, et ensuite la force mentale. On est en permanence confronté à des histoires très dures et il faut être fort pour le supporter. On ne doit pas tout ramener avec soi à la maison si l’on ne veut pas devenir fou.

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui voudrait s’engager ?

Tout d’abord et tout simplement de regarder sur internet : il existe beaucoup de groupes et d’associations qui cherchent des gens. Ensuite, je lui dirais qu’il est essentiel de faire attention à ne pas parler pour les réfugiés, c’est important que ce soit les réfugiés qui parlent pour eux, nous sommes seulement là pour les soutenir et les aider.

Propos recueillis par Morgane Levier (www.lepetitjournal.com/cologne) Jeudi 8 juin 2017

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Publié le 7 juin 2017, mis à jour le 8 juin 2017

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