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L’Inde face à la difficulté de combattre la malnutrition

Alors que septembre est le mois de la nutrition en Inde, le Poshaan Maah, il semblerait que l’Inde soit encore loin de la réussite pour l’objectif 2 du développement durable adopté par les Nations Unies en 2015 : éradiquer la faim dans le monde.

Enfants mangeant par terre en IndeEnfants mangeant par terre en Inde
© Yann Forget / Wikimedia Commons
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 6 septembre 2023, mis à jour le 19 décembre 2023

 

Ecoutez l'info du jour : 

 

 

Mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes dans le monde

En 2013, l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS) et le monde font face au défi de la double charge de la malnutrition, c'est-à-dire d'un côté le problème de la sous-nutrition et de l'autre celui des problèmes nutritionnels liés à une alimentation excessive. Pour contrer ce problème grandissant, l’OMS a établi un Plan d’action exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant, fixant une série de six buts nutritionnels internationaux à atteindre d’ici 2025 :

  • réduire de 40 % le nombre d’enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance ;
  • réduire de 50 % l’anémie chez les femmes en âge de procréer ;
  • réduire de 30 % l’insuffisance pondérale à la naissance ;
  • empêcher l'augmentation du pourcentage d’enfants en surcharge pondérale ;
  • porter les taux d’allaitement exclusif au sein au cours des 6 premiers mois de la vie à au moins 50 % ;
  • réduire et maintenir au-dessous de 5 % l’émaciation chez l’enfant.

Un plan qui sera repris par les Nations Unies dans les Objectifs du développement durable de 2030.

 

Des progrès lents en Inde…

En Inde, plus de 40 % d’enfants en sous-poids ont été recensés dans près de 12,14 % districts pour la période 2019-2021, une nette diminution comparée au nombre bien supérieur de districts concernés pour la période 2015 - 2016 (30 % ), mais une statistique qui n’atteint pas encore les objectifs fixés par l’OMS.

Selon la dernière publication de l'enquête nationale sur la santé et la famille en Inde, la NFHS 5, le retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans est passé  de 43 % à 35 % et 1 enfant sur 5 souffre toujours d'émaciation, c'est-à-dire d’un poids faible par rapport à sa taille. Il y aurait encore 31 % d’enfants en sous-poids en Inde (une baisse d'à peine 7 points par rapport à 2005), tandis que le taux d'obésité infantile a doublé pour atteindre 4 %… Et il existe des disparités entre chaque État, certains régressant.

Comme pour la pollution de l'air, le gouvernement indien travaillerait à instaurer ses propres normes de croissance pour les enfants, craignant que les références de poids et de taille recommandées par l'OMS ne soient pas appropriées dans le contexte indien. Un membre du ministère indien de la Santé justifie ce changement ainsi : “Les habitudes de croissance des enfants sont influencées par la génétique ainsi que par des facteurs environnementaux”. Le Conseil consultatif économique du Premier ministre (EAC-PM) estime que l’établissement de nouvelles normes de croissance ferait baisser la proportion d’enfants de moins de cinq ans souffrant de retard de croissance, de 36 % à environ 24 %.

 

Les raisons d’une lente amélioration en Inde et dans le monde

Pour les experts, ce problème persistant est lié à un manque de diversité alimentaire, à une commercialisation non réglementée et importante des aliments emballés et transformés, ainsi qu'à des facteurs socio-économiques et à l’absence d’une approche multisectorielle du gouvernement pour s’attaquer aux problèmes liés à la nutrition, voire à un manque d’attention portée au problème de la malnutrition. D’autres pointent l’épidémie de COVID, qui aurait entravé les progrès amorcés, un effet souligné par de nombreux experts, dont certains ont publié leur analyse dans la revue scientifique The Lancet.

 

Le pourcentage de personnes anémiques augmente en Inde

Au-delà de la question du poids et de la taille, on remarque une augmentation du pourcentage de personnes anémiques, que ce soit chez l’enfant, la femme ou l’homme.

Jusqu’à 67 % des enfants âgés de six mois à cinq ans étaient anémiés en 2019 - 2021, alors qu’ils étaient 59 % en 2015 - 2016. Dans une autre étude, 19 % des enfants d’âge préscolaire et 32 % des adolescents présentaient une carence en zinc, tandis que respectivement 23 % et 37 % d'entre eux présentaient une carence en folate. Les carences en vitamine B12, vitamine A et vitamine D varient entre 14 et 31 % chez cette population.

Ces carences peuvent avoir des effets à long terme sur les individus et les sociétés, dont une diminution du développement cognitif et physique. Les personnes souffrent alors de fatigue chronique, d’une baisse de productivité, mais aussi de diabète. Certaines développent encore une cécité nocturne…

Pour combattre ce problème, une revue scientifique propose de fortifier les sols avec des engrais enrichis en micronutriments comme le zinc. Alors que 74 % des indiens ne peuvent pas s’offrir une alimentation saine de manière régulière, et que beaucoup mettent en garde contre une période de risque pour la sécurité alimentaire en raison du changement climatique, l’Inde, comme beaucoup de pays, a encore un long chemin à faire pour atteindre ses objectifs du développement durable.

 

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