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RENCONTRE - L’agent Khin Myint Maung, aiguilleur dingue de rue

Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 11 juin 2017, mis à jour le 12 juin 2017

Douze heures par jour, sept jours sur sept, le Sergent Khin Myint Maung est au c?ur de l'un des carrefours les plus chaotiques de Yangon. Malgré les klaxons incessants, la chaleur écrasante et la pollution ambiante, de l'aube au crépuscule, l'homme règle le trafic avec patience et bonne humeur.

Dans son uniforme bleu, un couvre-chef réglementaire sur la tête et le sifflet au bec, U Khin Myint Maung s'active pour canaliser, de toutes parts, la circulation sur Dhamazedi road. L'homme sous la casquette est connu pour être l'agent le plus amical et efficace qui soit à Yangon. Il va sans dire que son sourire ravageur y est pour quelque chose. De 7 à 19 heures, il se retrouve au milieu du ronronnement des moteurs et sa peau brûlée par le soleil prouve à bien des égards le sérieux de ce futur trentenaire. Les bras levés en angle droit, tel un aiguilleur du ciel, U Khin Myint Maung semble infatigable, imperturbable, affichant un large sourire à chaque instant. "Mon métier, c'est de m'assurer que les conducteurs roulent à la bonne allure. J'essaye également d'éviter les embouteillages", explique-t-il avec simplicité. Quand il s'adresse aux chauffeurs, le mot patience prend tout son sens. La voix est calme mais l'ordre donné. Son secret ? Garder le sourire !

Le policier heureux
Né dans le village d'Aung Daing, dans l'État Rakhine, Khin Myint Maung à trois frères et une s?ur. À 16 ans, il part de chez lui pour étudier la physique à Sittwe avant d'aller vivre chez son oncle à Yangon. Pris sous l'aile de ce dernier, également policier, Khin Myint Maung est rapidement "introduit dans le milieu", comme on dit et en 2010 il devient policier. La rue Dhamazedi, il la connaît bien, c'était sa toute première affectation. Non pas qu'il n'en ait jamais changé : cet agent de circulation a travaillé dans bien des endroits, mais il semblerait que s'il n'était pas là, cette intersection, qui l'a vu faire ses premiers pas, sombrerait dans un chaos indescriptible. Alors, comme pour répondre à l'appel au secours de sa chère et tendre , Khin Myint Maung est retourné bien vite à son premier poste. "En 2014 on m'a proposé d'aller travailler dans la capitale à Naypyidaw mais j'ai refusé. Cette rue, je m'y suis attaché, je connais ses conducteurs, son rythme. J'y suis bien", confie-t-il.
Son excellent travail lui a d'ailleurs valu d'être nommé sergent en 2012 : "Pour quelqu'un qui travaille bien, il y a toujours des opportunités", analyse-t-il comme pour expliquer son ascension rapide. Des opportunités et des récompenses : en 2012, ce policier a également reçu le prix de "Hero Award" par le magazine 7-Days, dont le but est de mettre en avant les héros du quotidien.

La bonne alternative
Décidément, dans un pays où la police a plutôt mauvaise réputation, Khin Myint Maung semble être l'exception qui confirme la règle. Sous payés ? 200 000 Kyats par mois, soit 130 euros ?, beaucoup d'agents birmans se sont laissés tenter par la corruption pour arrondir leurs fins de mois. La méthode de notre homme en uniforme est tout autre : de longues heures de dur labeur, une efficacité démontrée et un sourire à toute épreuve peuvent également être source de récompense. 
Autre récompense, au quotidien : ces passants qui lui offrent  des bouteilles d'eau,  de la nourriture, parfois même quelques kyats, lorsqu'ils traversent l'intersection. "C'est leur façon de me dire que je fais du bon travail", se réjouit l'agent. Sa gloire, il la tient du bouche à oreille. Rares sont les chauffeurs de taxi à qui le nom de Khin Myint Maung n'évoque rien. Qu'il vente ou qu'il pleuve, le policier reste fidèle au poste. Et quand on lui demande si son sourire ravageur a déjà fait chavirer le c?ur d'une passante, il répond amusé: "J'ai du succès non seulement auprès des femmes, mais aussi des hommes". Mesdames c'est cadeau : notre Don Juan des routes est célibataire? Foncez !
Pauline Autin (www.lepetitjournal.com/Birmanie) Lundi 12 Juin 2017

lepetitjournal.com birmanie
Publié le 11 juin 2017, mis à jour le 12 juin 2017

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