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Géraldine Nemrod, la fondatrice de KTMP récompensée aux Trophées Asie

Geraldine Nemrod KTMP BangkokGeraldine Nemrod KTMP Bangkok
Régis LEVY - Géraldine Nemrod a souhaité mettre ses connaissances et compétences au service des enfants du quartier pauvre de Klong Toey
Écrit par Régis LEVY
Publié le 6 décembre 2018, mis à jour le 31 octobre 2019

C’est Géraldine Nemrod, co-fondatrice de l’ONG Khlong Toey Music Program (KTMP) basée à Bangkok qui s’est vue remettre le 6 décembre le Trophée des Français d’Asie dans la catégorie Education. 

La première édition des Trophées des Français d’Asie, organisée par Lepetitjournal.com et destinée à mettre en lumière des projets individuels exceptionnels, a connu son épilogue hier à la Résidence de France de Singapour. Les candidats pouvaient concourir dans quatre catégories : entrepreneurs, social/humanitaire, éducation et culture art de vivre. 

Klong Toey Music Project
L'école Khlong Toey Music Program

Le jury, composé de personnalités du monde de la mobilité internationale, a choisi de récompenser Géraldine Nemrod dans la catégorie éducation. 

Arrivée à Bangkok il y a neuf ans pour effectuer un VIE pour l’institut recherche et développement (IRD), la jeune femme a ressenti le besoin de changer de voie pour s’orienter vers quelque chose qui donne davantage de sens à sa vie.

Musicienne depuis l’âge de huit ans, Géraldine a souhaité mettre ses connaissances et compétences au service des enfants d’un gigantesque quartier pauvre de Bangkok, le bidonville de Klong Toey où résident près de 100.000 habitants. Inspirée par la fondation américaine "Playing for change" qui soutient 14 programmes d’éducation musicale à travers le monde, elle a décidé de créer avec un petit cercle d’amis le Khlong Toey Music Program (KTMP), une école de musique destinée aux gosses du quartier, pour éviter qu’ils ne soient livrés à eux même en ce lieu réputé pour être le théâtre de crimes et de problèmes liés à la drogue ou à l’alcoolisme.

Chapelet d’actes spontanés de solidarité 

Après des débuts dans une salle prêtée par une fondation chrétienne, l’école a dû déménager pour s’installer dans une shophouse voisine. Il fallut trouver en quinze jours de quoi payer les 17.000 bahts de loyer ainsi que les deux mois de caution, alors que les caisses étaient vides. "C’est là que s’est produit un véritable miracle", raconte Géraldine. "Une mécène américaine qui avait pris connaissance de notre projet par le biais d’un blog nous a spontanément fait un don qui correspondait exactement à la somme nécessaire". 

Dans la foulée, "Playing for change" a décidé de prendre KTMP sous son aile pour en faire son programme en Thaïlande et de lui allouer une somme représentant 50% du budget de fonctionnement. Puis un généreux couple d’Australiens a offert à Géraldine de lui octroyer un salaire pour diriger ce projet -ce qui ne l’empêche pas de travailler à côté et de reverser une bonne partie de ses revenus personnels à l’école.

Klong Toey Music project

Même si ses appels à soutien en direction de l’Ambassade de France à Bangkok sont restés lettre morte, KTMP a su s’attirer des contributions diverses, des amis musiciens offrant des instruments de musique, des partenaires privés apportant leur aide, comme les propriétaires d’El Mercado qui ont proposé d’organiser un concert et une tombola dans leur restaurant. Et des dons arrivaient spontanément et rapidement, avec parfois de belles surprises. L’Ambassadrice du Canada qui avait découvert KTMP sur internet est venue en personne visiter l’école pour faire une donation.

Durant les trois premières années, des professeurs donnaient gratuitement des cours, mais ce geste solidaire ne venait pas sans susciter quelques problèmes inhérents au bénévolat. Comment par exemple, exiger régularité et ponctualité de personnes qui ne sont pas payées ? Petit à petit, grâce à un début de notoriété, l’école a pu décrocher des fonds pour embaucher des professeurs de métier qui viennent chacun deux fois par semaine. Elle compte aujourd’hui six personnes qui enseignent la musique et une qui enseigne l’art. Et des cours d’anglais sont également prodigués aux enfants.

Désormais, Géraldine peut consacrer davantage d’énergie au fonctionnement et au développement de l’école. Son prochain objectif est d’obtenir le statut de fondation qui a demandé de réunir une somme de 200.000 bahts et d’accomplir des démarches administratives assez compliquées. Ce statut permettra à l’école de gagner en crédibilité, visibilité et transparence. Cela rendra les donations plus faciles et permettra de donner des reçus officiels, car les entreprises privées susceptibles de faire du mécénat ont besoin de rendre des comptes. Et il existe des bourses sur Internet, mais l’inscription pour les obtenir nécessite d’avoir un numéro d’enregistrement de fondation.

Klong Toey Music Project

Pour l’instant KTMP n’est ouverte que quatre jours par semaine, mais la finalité à moyen terme est qu’elle puisse accueillir les enfants quotidiennement, pour qu’ils sachent qu’après l’école thaïlandaise ils peuvent s’y rendre, plutôt que d’être confrontés à la rue et ses vices. D’autres matières comme la danse devraient bientôt être enseignées. 

Sur un plus long terme, le but serait de soutenir financièrement les élèves les plus motivés dans leurs études ou leur apprentissage. Une autre démarche consisterait à les aider à décrocher des bourses pour entrer à l’université.

Pour sa directrice, il faut absolument que l’école devienne pérenne : "On doit bien garder à l’esprit qu’à l’avenir ce projet doit être géré par un Thaïlandais pour les Thaïlandais", insiste-t-elle. "J’essaie d’être la plus humble possible avec l’équipe, de laisser les gens prendre leurs responsabilités et réfléchir à comment ils peuvent faire les choses par eux même. J’ai des choses à apporter, mais j’apprends aussi énormément en étant à l’écoute. J’essaie juste d’initier ce projet sans rien imposer".

Concernant le Trophée des Français d’Asie remis par Lepetitjournal.com, Géraldine ne cache pas son enthousiasme. "Je me suis inscrite sans trop y croire, mais en partant comme toujours du principe que qui ne tente rien n’a rien. Quand j’ai reçu l’appel téléphonique m’informant que j’avais gagné, il y eut un long silence avant que je sois capable de répondre, tant j’étais incrédule. Ce prix va permettre de rencontrer beaucoup de monde afin de parler de notre projet, que ce soient des membres d’institutions ou des représentants du secteur privé".

Voir aussi la page Facebook de l'événement
Voir le site Internet de KTMP

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