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FAMILLE – L’Accord de vie de couple (AVP) sort enfin du placard

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 9 octobre 2014, mis à jour le 10 octobre 2014

Le Sénat s'est entendu mardi 7 octobre sur l'Acuerdo de Vida en Pareja (AVP), un équivalent du Pacte Civil de Solidarité (PACS) français. La loi sera bientôt débattue à la chambre basse du Parlement.

Après cinq heures de débat, le Sénat a expédié à la Chambre des Députés le texte de loi visant à créer un PACS à la Chilienne, l'AVP. Il devrait permettre de normaliser et de simplifier la situation des couples du Chili, vivant ensemble, avec ou sans enfants, mais n'étant pas mariés ; soit actuellement environ deux millions de personnes dans tout le pays. Ces dernières, à condition d'être majeures, pourront normalement bientôt être reconnues par les institutions comme formant une famille avec leur partenaire.

La question la plus débattue a été celle de savoir s'il fallait autoriser les couples hétérosexuels à contracter un AVP ? pour certains, la loi devait uniquement permettre aux couples de personnes du même sexe de s'unir légalement. A 23 voix contre 12, le Sénat a tranché et les couples homme-femme pourront eux aussi en bénéficier. Ce sont surtout les députés conservateurs qui s'y sont opposés, à l'instar d'Hernán Larraín (UDI), qui estime qu'un AVP ouvert aux hétérosexuels crée une « duplicité injustifiée » avec le mariage. Manuel José Ossandón (RN) est quant à lui allé jusqu'à qualifier l'AVP de « mariage déguisé », le considérant comme trop peu exigeant par rapport à la norme matrimoniale actuelle, et donc « dangereux » pour l'institution familiale et les enfants. Les représentants de l'Eglise présents lors des débats au Sénat, ont eux aussi ouvertement manifesté leur refus d'un AVP pour les couples hétérosexuels, à tel point qu'à plusieurs reprises, la séance a dû être interrompue.

A l'inverse, le Movimiento de Integración y Liberación Homosexual (Movilh), s'est lui félicité de la décision du Sénat, qui évite de créer une « loi apartheid », séparant les couples hétérosexuels et homosexuels, respectivement entre le mariage et l'AVP. A titre de comparaison le PACS, qui existe depuis 1998 en France, est actuellement contracté à 94% par des couples hétérosexuels.

Un progrès depuis longtemps attendu

Le Movilh, qui présente sur son site internet une vidéo explicative des complexités actuellement rencontrées par les couples non-mariés vivant sous le même toit, a salué dans un communiqué le « triomphe de la diversité familiale » dont le texte loi validé par le Sénat est porteur. Entre autre grande avancée protectrice, la possibilités pour  le "beau-parent" de pouvoir être considéré comme tuteur possible des enfants en cas de décès du parent biologique, ce qui dans le cas des homosexuels offre  pour l'instant encore  beaucoup de réticences.

 C'est en 2003 qu'était présentée au pouvoir législatif, pour la première fois au Chili, l'idée de permettre aux couples homosexuels de s'unir ? en ce qu'elle refuse de les marier, l'Eglise avait d'ailleurs approuvé l'idée. En 2005, quasiment tous les candidats à l'élection présidentielle se déclarent en faveur de l'institutionnalisation des unions homosexuelles, mais les choses avancent lentement sur le plan législatif. A cet égard, l'année suivante, le Movilh initie ses premières campagnes d'envergure pour défendre le projet. En 2010, Andrés Allamand (RN) présente au Parlement l'idée d'un « Acuerdo de Vida en Común » (AVC), et en 2011, c'est au tour de la Moneda de dessiner les prémisses de l'AVP, en bien des points similaires. Après presque quatre années de discussion, et dix ans d'hésitations, AVC et AVP sont réunis et discutés conjointement (début 2013). Le vote de mardi a donc bien des allures de fin de marathon pour le texte de loi, qui devra sous peu être voté par la Chambre des Députés.

Fabien Leboucq (www.lepetitjournal.com/santiago) jeudi 9 octobre 2014

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Publié le 9 octobre 2014, mis à jour le 10 octobre 2014

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