La colère gronde ! Pourquoi autant de grèves au Royaume-Uni ?

"Westminster, wake up! Farmers need your help!" : en mars dernier, les agriculteurs défilaient devant Westminster avec leurs tracteurs et des slogans comme celui-ci. 

Mais ils ne sont pas les seuls à exprimer leur colère au Royaume-Uni. Depuis plusieurs mois, les mouvements de grève sont de plus en plus présents dans le pays. 

Quels sont les secteurs en colère et leurs revendications ? 

Le secteur de la santé enchaîne les mouvements de grève depuis quelques mois au Royaume-Uni. Ils revendiquent un meilleur salaire, leur pouvoir d’achat ayant considérablement diminué en raison de la récente forte inflation. Le secteur réclame également une meilleure reconnaissance de ces métiers, et de meilleures conditions de travail. “Nous n’avons pas de vie en dehors de notre travail, et nous n’avons aucune reconnaissance de la part du gouvernement. Nos salaires sont misérables face à la charge et à l'importance de notre travail”, témoigne un aide-soignant britannique en colère.

Certains réseaux de bus ont été suspendus pour une journée. En cause : les grèves du secteur des transports. Ils revendiquent eux aussi une augmentation des salaires, mais cherchent également des protections plus solides pour leur emploi et leur retraite. “Notre secteur est plein d’incertitudes économiques et de changements, les travailleurs sont inquiets. Le contexte économique du pays ne nous rassure pas non plus ! Nous voulons assurer nos arrières avec de meilleurs salaires et des retraites convenables”, confie un chauffeur de bus londonien en grève. 

Le secteur de l’éducation a également fait partie des récents mouvements de grève. Enseignants et personnel administratif réclament une augmentation des salaires, mais aussi des investissements dans les infrastructures et équipements scolaires. Ils luttent également contre la surcharge de travail et demandent une importante campagne de recrutement.  

Un contexte socio-économique fragile au Royaume-Uni

En observant les revendications de chaque secteur gréviste, on remarque qu’elles sont assez similaires. 

“Il y a un contexte socio-économique, toutes ces grèves n’arrivent pas par hasard. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce phénomène”, explique Richard Gholde, professeur d’économie à Londres. 

“L'inflation est la principale cause de ces mouvements de grève. Au Royaume-Uni, elle a atteint son plus haut niveau en 40 ans, dépassant les 10 % en 2023.”

Cette hausse des prix, couplée à une stagnation des salaires, a entraîné une importante perte de pouvoir d'achat pour les ménages, en particulier pour les travailleurs les moins rémunérés. 

La pandémie de Covid-19 a également exacerbé les inégalités sociales et économiques au Royaume-Uni.

“La fin de cette crise sanitaire a entraîné une forte demande de biens et services, engendrant une augmentation des prix et un manque de main-d'œuvre dans certains secteurs. Les grèves constituent alors un moyen pour ces derniers de revendiquer des augmentations de salaire afin de compenser la baisse de leur pouvoir d'achat.”, ajoute Richard Gholde.

Face aux revendications des travailleurs, le gouvernement et les entreprises ont souvent adopté une position ferme, refusant d'accéder aux demandes salariales. Cette inflexibilité a poussé les syndicats à organiser des grèves pour obtenir gain de cause.