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La-iad Bungsrithong: “A Chiang Mai, 30% des hôtels ont rouverts”

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Catherine VANESSE - La présidente de l’association des Hôtels pour la région du nord de la Thaïlande La-iad Bungsrithong prône un tourisme de qualité
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 31 août 2020, mis à jour le 26 octobre 2020

Présidente de l’association des Hôtels pour la région Nord de la Thaïlande et professionnelle du tourisme depuis 32 ans, La-iad Bungsrithong partage son analyse de la situation à Chiang Mai dans le contexte de la crise du Covid-19.

Originaire de Chiang Mai, La-iad Bungsrithong assure depuis huit la présidence de l’association des hôtels pour la région du nord de la Thaïlande (Northern Thai Hotel Association). Âgée de 58 ans, La-iad a démarré sa carrière dans l’industrie du tourisme en 1988 après des études en littérature anglaise à l’université de Chiang Mai. “J’ai étudié le français pendant mes études, malheureusement j’ai presque tout oublié”, précise-t-elle. 

De réceptionniste, elle a progressivement évolué au sein de différents hôtels dans sa ville d’origine, qu’elle n’a jamais quittée. Depuis neuf ans, elle est également directrice du RatiLanna Riverside Spa Resort. “Je suis heureuse d’être restée à Chiang Mai, de participer au développement de ma ville en essayant de me concentrer sur un tourisme de qualité plutôt qu’un tourisme de masse”, précise-t-elle à Lepetitjournal.com/chiang-mai. 

En 2019, la ville de Chiang Mai a attiré près de onze millions de touristes, ce qui représente 65% du PIB, une source de revenus désormais plus importante que l’agriculture. Pour l’année 2020, La-iad ne peut s’avancer sur un nombre de visiteurs précis. La ville a connu une chute de 90% de visiteurs chinois dès la fin du mois de janvier et de 100% des touristes étrangers depuis la fin du mois de mars. Une crise sans précédent qui force la "Rose du Nord" à se tourner vers le tourisme domestique en attendant des jours meilleurs. 

Depuis l’apparition du Covid-19, quelle est la situation à Chiang Mai ?

Déjà, la dernière semaine du mois de janvier, quand la ville de Wuhan s’est confinée, nous avons pu observer une chute de 80% du taux d’occupation dans les hôtels. Ensuite, c’est la Thaïlande qui a fermé ses portes à partir du 26 mars. À ce moment-là, le taux d’occupation est tombé à zéro : 99% des hôtels ont été obligé de fermer pendant trois mois, ce qui veut dire zéro revenu pour eux. 

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Depuis le 1er juillet, les hôtels ont rouvert progressivement. Il y a 5.800 hôtels dans la province de Chiang Mai et seulement 1.800 ont repris leurs activités avec des taux d’occupation entre 10 et 20%. J’ai le sentiment que certains hôtels n’accueilleront pas de visiteurs avant l’année prochaine. Lorsque l’on regarde la fréquentation touristique à Chiang Mai et les frais pour faire tourner un hôtel, on comprend que certains établissements préfèrent attendre, mais d’autres ne vont pas s’en sortir c’est sûr - en tout cas, si les frontières restent fermées, s’ils n’ont pas encore fait faillite, cela va arriver. 

Combien de touristes ont visité Chiang Mai depuis le 1er juillet ? 

Avant le Covid-19, nous avions 200 vols par jour qui atterrissaient à l’aéroport de Chiang Mai, aujourd’hui nous ne sommes plus qu’à 30/40 par jour. Ce qui veut dire que nous sommes passés de 35.000 arrivants à seulement une estimation entre 3 et 6.000 personnes! 
Les gens n’ont pas d’argent, ils doivent en priorité se concentrer sur leur boulot, sur comment survivre, voyager est une option qui ne concerne que les personnes plus aisées. Beaucoup de Thaïlandais ont vu leur salaire diminuer, leur nombre de jour de travail a baissé, certains se retrouvent au chômage, etc. 

En quoi le programme du gouvernement pour inciter les Thaïlandais à voyager, “Nous voyageons ensemble" (Rao Tiew Duay Kan), peut aider l’industrie du tourisme ?

Avec ce programme, le gouvernement espérait toucher 5 millions de touristes thaïlandais. A ce jour, seulement 550.000 personnes en ont profité sur les deux premiers mois de la campagne et celle-ci s’arrête le 31 octobre... Les gens n’ont tout simplement pas d’argent pour voyager. 

Via la Northern Thai Hotel Association nous essayons de pousser le gouvernement à prolonger cette action jusqu’à la fin du mois d’avril. En termes de voyage domestique, les gens ne viennent pas dans le Nord pendant la saison des pluies, ils viennent plutôt à la belle saison entre le mois de novembre et février, quand le climat est agréable et qu’il y a davantage d’activités. Entre le mois de novembre et de février, nous pouvons peut-être espérer atteindre des taux d’occupation dans les hôtels de 30 à 50%. Nous serions heureux d’arriver à 50%! 

Par contre pour le tourisme international, je ne pense pas que ça redémarrera avant le deuxième ou le troisième trimestre de 2021. 

Comment s’en sortent les autres provinces du nord de la Thaïlande ?

Chiang Rai, Nan, Mae Hong Son, Phrae, Lampang, Lamphun, etc., la situation est encore pire qu’à Chiang Mai, ils souffrent encore plus que nous, au cours du dernier mois, je ne suis même pas sûre que ces provinces aient accueilli plus de 1.000 visiteurs! 

Que pensez-vous des bulles de voyages ? Comment pourrait-on mettre cela en place à Chiang Mai ?

Je ne pense pas que cela pourrait voir le jour à Chiang Mai. Quand vous êtes touristes, combien de jours de congé avez-vous ? Combien de jour avez-vous envie de passer en quarantaine ? Je pense que ce n’est pas encore le bon moment pour les bulles de voyages. Par contre, Chiang Mai et Phuket vont proposer prochainement des hôtels où les voyageurs autorisés à entrer en Thaïlande pourront passer leur quarantaine. Actuellement, les hôtels considérés comme ASQ (Alternative State Quarantine) sont tous à Bangkok, il devrait y avoir prochainement à Chiang Mai. J’ignore à partir de quand. Les hôtels avaient jusqu’au 31 août pour s’inscrire auprès du ministère de la Santé, ensuite il y aura des inspections pour évaluer ceux qui sont aptes à faire partie de ce programme. 

La pollution due aux brûlis est également un problème majeur à Chiang Mai et dans le nord de la Thaïlande, quel en est l’impact sur le tourisme ?

Cela donne une très mauvaise image de Chiang Mai et l’année dernière a sans doute été la pire de toutes avec des niveaux de pollution record, mais je pense que progressivement la situation va aller en s’améliorant. De plus en plus de personnes se sentent concernées par ce problème, même ceux qui avaient l’habitude de l’ignorer. Il faut continuer à sensibiliser les habitants des zones où les brûlis sont toujours pratiqués. Et puis, il y a bien sûr une grande compagnie dans la culture du maïs qui est responsable. Pour cela il faudrait plus de soutien du gouvernement central à Bangkok. Dans l’industrie hôtelière, nous devons suivre des règles qui viennent du gouvernement en termes de tri des déchets, de consommation de l’eau, etc. Pourquoi est-ce que certaines compagnies échappent à cela ? Elles devraient vraiment prendre en compte ce problème et les solutions qui vont avec.
Je pense avec confiance que l’année prochaine, la situation sera meilleure. 

Avez-vous un message à faire passer aux professionnels du tourisme à Chiang Mai ?

Il faut être patient et profiter de cette période pour mettre l’environnement touristique au centre des préoccupations. La crise nous a montrés aussi que nous ne devons pas miser que sur le tourisme de masse ni uniquement sur les touristes chinois. Chiang Mai est une ville paradisiaque, une ville de gens charmant, riche en artisanat et en culture, une ville avec une grande variété de modes de vie que l’on peut découvrir à travers les temples, les marchés locaux, les habitants, une ville au rythme paisible, abordable, etc. Tout cela continuera à attirer les visiteurs. 

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