INTERVIEW – Byron Kelleher et Serge Betsen, stars du rugby au grand cœur

Publié le 18 juin 2012, mis à jour le 20 novembre 2012

Deux grands joueurs internationaux de rugby, le Néo-Zélandais Byron Kelleher et le Français Serge Betsen, étaient ces derniers jours à Bangkok pour un événement de charité, l'EADS Rugby Charity Event. Ils reviennent sur la tenue de l'événement et sur le développement du rugby en Asie et de leur combat respectif pour aider les enfants défavorisés

Serge Betsen, flanker, ex-international de rugby qui a passé quasiment toute sa carrière au Biarritz Olympique, et Bryan Kelleher, ancien demi de mêlée des "All Blacks", qui a notamment brillé sous les couleurs du Stade Toulousain (photo Pascal Della Zuana)

Pouvez-vous nous parler de ce deuxième EADS Rugby Charity Event ?
Byron Kelleher : C'est un projet que j'ai démarré l'année dernière avec l'aide de Pierre Jaffre (ndlr : Vice-président exécutif Asie-Pacifique d'EADS) qui souhaitait comme moi, faire quelque chose pour aider le rugby et les enfants en Asie. C'est un continent que j'aime beaucoup et que je considère comme le pont entre l'Europe et la Nouvelle-Zélande. Durant ces deux jours, nous avons par exemple rendu visite à des enfants en prison avec la Chollada Foundation, et apporter un peu de bonheur à travers le rugby à ceux de la Yim Kids Fondation Accor Thailand. Les conditions en prison étaient très dures et nous souhaitons par le rugby aider la réinsertion de ces enfants incarcérés. En fait, cet événement correspond au message de ma vie : redonner ce que j'ai a reçu de bon dans la vie à ceux qui ont besoin d'aide. Chaque année, nous organiserons cet événement en Asie.
Serge Betsen : Byron est venu jouer à mon jubilé il y a deux semaines. C'était donc un juste retour des choses de venir participer à un événement faisant partie d'un projet qui lui tient à c?ur et dans lequel il est investi depuis plusieurs années.
Personnellement, je m'occupe depuis 8 ans au Cameroun d'enfants défavorisés avec l'association que je dirige, la Serge Betsen Academy (voir le site de l'association). Notre but est de leur apporter une aide à la scolarisation et à la médicalisation, les deux choses qui manquent le plus aux enfants en Afrique. Cela, tout en leur faisant découvrir le rugby, sa culture et ses principes. Nous avons déjà construit 4 centres où nous nous occupons de 300 enfants.

Les amis de Byron remportent l'EADS Trophy Rugby Tournament

Les amis de Byron, sélection comprenant 8 joueurs professionnels (dont Byron Kelleher Serge Betsen) et de jeunes joueurs thaïlandais, ont remporté samedi l'EADS Trophy Rugby Tournament sur le score de 12 à 7 face aux Pattaya Panthers Rugby, équipe composée d'expatriés. Ce tournoi amical a réuni des équipes amateurs et sélections asiatiques qui ont offert un beau spectacle à la centaine de personnes présentes au stade Thephasadin. Le match entre l'équipe de l'université de Kasetsart à Bangkok et le stade khmer, sélection du Cambodge, a donné lieu à un duel très intense qui s'est achevé sur un match nul. Les Français membres de l'équipe des Old Bangkok Bangers ont également mouillé le maillot sous un soleil de plomb. Tous les participants se sont ensuite retrouvés le soir à l'hôtel Pullman G pour un dîner de charité où des maillots de grands champions ont été vendus aux enchères. Le montant récolté, qui ne peut pas être pour l'instant communiqué, sera reversé à la Chollada Foundation et à la Yim Kids Fondation Accor Thailand.

___________________________________

Le demi de mêlée des "All Blacks", Byron Kelleher, organise un événement de charité en fin de semaine à Bangkok. Au programme, un tournoi de rugby avec la présence de professionnels tel Serge Betsen, ainsi qu'un cocktail et un dîner de gala pour récolter de l'argent en faveur de deux fondations thaïlandaises. Le joueur Néo-Zélandais entend au passage promouvoir le rugby en Asie...Lire la suite

Pourquoi avoir choisi la Thaïlande pour organiser cet événement ?
Byron Kelleher : C'est notamment parce que Pierre Jaffre est basé ici. Cependant, notre projet ne s'est jamais arrêté à la Thaïlande. L'an passé, l'événement de charité était déjà organisé à Bangkok mais il a servi à faire un chèque de plus d'un million de bahts en faveur des victimes de la catastrophe de Fukushima que nous avons remis à l'Ambassadeur du Japon en Thaïlande. Cette année, nous avons invité des sélections du Cambodge et d'Indonésie à passer deux jours ici (ndlr : ces joueurs étaient émerveillés de dormir à l'hôtel Pullman G à Silom) et à jouer avec des professionnels. Nous essayons de toucher toute l'Asie.

Que pensez-vous du niveau des jeunes Asiatiques qui ont joué pendant ce tournoi de charité ?
Byron Kelleher : Ils jouent bien même lorsqu'ils sont face à des stars. Ils ne sont pas très costauds mais je trouve qu'ils aiment beaucoup le combat.
Serge Betsen : Ce sont de bons joueurs. Ils ont des gabarits différents [des joueurs professionnels] mais ils le compensent avec leur enthousiasme et leur envie de progresser. Leurs valeurs sont dans la grande lignée de celle du rugby, et du projet de Byron : la solidarité, l'entraide.

Existe-t-il un style de jeu rugbystique propre à l'Asie ?
Byron Kelleher : Les joueurs asiatiques ont un retard en terme de physique, c'est sûr. Mais ce sont des créateurs qui jouent très vite.
Serge Betsen : Les Asiatiques sont plus fluets mails ils ont de la générosité et de l'envie en plus. Ils sont aussi capables de sortir des gestes techniques assez fous, comme on l'a vu avec le Japon pendant la dernière Coupe du Monde

Que manque-t-il aujourd'hui pour assister à une expansion du rugby en Asie ?
Byron Kelleher : Il faut continuer à faire des projets comme celui-là et montrer que l'on peut aider à l'éducation des jeunes par le rugby. ll faut aussi faire connaître les valeurs d'entraide du rugby. On a aussi besoins de sponsors, comme EADS, qui aident les joueurs et les fédérations à faire de bonnes choses ici.
Serge Betsen : Il manque des moyens financiers, des moyens humains. Même si les joueurs professionnels n'ont pas beaucoup de temps, certains participent à des opérations de promotion car ils ont conscience qu'ils ont eu la chance de grandir grâce à ce sport. Et qu'il faut maintenant lui rendre la pareille. De part nos initiatives, nous essayons de créer des vocations pour impliquer davantage de personnes et de partenaires financiers dans le développement du rugby.

Sentez-vous une réelle envie de la fédération internationale de rugby (l'IRB) de participer à l'essor du rugby en Asie ?
Byron Kelleher : J'imagine que l'IRB pense beaucoup à ça. La Coupe du Monde 2019 sera par exemple organisée au Japon (ndlr: ce sera le premier Mondial de rugby organisé en Asie).
Serge Betsen : L'un des objectifs de l'IRB est de pouvoir développer le rugby dans le monde. Ils ont par exemple réussi à faire rentrer le rugby à 7 aux Jeux Olympiques (ndlr : le rugby à sept sera un sport olympique à compter des J.O. 2016. Les programmes olympiques vont amener des fonds dans tous les endroits où le rugby est encore méconnu. Des pays comme la Chine vont s'intéresser au rugby. C'est à nous ensuite, acteurs de ce sport, d'appuyer cela avec le type de projet que mène Byron.

Serge, vous venez de prendre votre retraite sportive après plus de 20 ans de carrière. Qu'allez-vous faire maintenant ?
Serge Betsen : J'ai beaucoup de choses en tête. Je viens notamment de finir en Angleterre une formation d'entraîneur de niveau 3, qui est un diplôme complémentaire de ceux que j'ai déjà eus en France. Je fais d'autres différentes formations pour m'enrichir et développer mes connaissances, mais toujours des choses qui pourront me servir pour travailler dans le rugby ou pour m'occuper de mon association. Je suis également consultant pour la BBC, et pour d'autres entreprises dans lesquelles je viens parler d'esprit d'équipe, de performance. Les valeurs du rugby sont assez proches de celles de l'entreprise.
Propos recueillis par Yann FERNANDEZ (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) lundi 18 juin 2012

{loadposition 728-2_bangkok-article}