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TEMOIGNAGES- Être une jeune fille au pair polonaise en France

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 10 mai 2017, mis à jour le 11 mai 2017

Vous connaissez peut-être le concept de jeune fille au pair, qui consiste à garder des enfants dans un pays étranger, de quelques mois à une année. En échange de ce travail au sein d'une famille d'accueil, l'étudiante est accueillie, logée et perçoit généralement une rémunération. De cette idée d'échange réciproque vient l'origine du mot "au pair", qui signifie "à égalité". Lepetitjournal.com/Varsovie mène l'enquête et part à la rencontre de ces jeunes polonaises qui découvrent la France à travers ses enfants.

 

La France, une destination prisée pour partir en tant qu' "au pair" ?

Anna Kaczorowska dirige Promwork Recruitment, une agence de recrutement spécialisée dans les programmes de jeune fille au pair. Elle fait ainsi le lien entre les postulantes et les familles d'accueil. Nous lui avons demandé si la France faisait partie des pays plébiscités par les futures "au pair" : "La France n'est pas la première destination et ne l'a jamais été (rires)" nous confie-t-elle. "Ce sont les Etats-Unis la destination principale, l'Europe attire de moins en moins. Cela s'explique par l'attrait de l'anglais et par les opportunités qui existent maintenant, en terme de stage, d'études, de programmes d'échange avec les Etats-Unis." Au sein de son agence, près de cinquante Polonaises se rendent chaque année en France tandis qu'aux Etats-Unis, elles sont trois fois plus à partir. Pour Anna Kaczorowska, l'apprentissage du français n'est plus très populaire en Pologne, c'est ce qui expliquerait en partie cette différence. Mais, elle reste persuadée que le français est utile pour celles qui veulent travailler au sein d'institutions européennes ou d'agences gouvernementales, par exemple. "Tous les Français continuent de penser que leur langue est très répandue. Quand on recrute des jeunes filles au pair pour des familles, peu importe leurs qualifications, le plus important pour eux est qu'elles parlent français. Ce sont les seuls à insister sur la connaissance de leur langue, c'est très français !", s'amuse-t-elle.

Le fait que la France ne soit pas le pays le plus plébiscité par les Polonaises ne signifie pas pour autant que cette destination n'est pas appréciée, nous rassure A. Kaczorowska : « Par rapport aux pays anglophones, partir en France est certes moins populaire, mais c'est en général un choix qui vient du c?ur, car elles sont amoureuses de sa culture et de sa langue. Alors que pour les pays anglophones, le but n'est parfois que linguistique ».

Quid de cette expérience, du côté polonais et français ?

Du côté français, les jeunes filles polonaises sont appréciées car « elles s'intègrent bien dans les familles françaises. Nous faisons partie du même groupe culturel, il n y a donc pas un grand écart à ce niveau là. En France, on apprécie également qu'elles soient proches de leur famille, qu'elles aiment les enfants et sachent s'en occuper, comme elles le font déjà chez elles."

Une fois rentrées dans leur pays, l'expérience n'est pas forcément terminée pour ces jeunes filles qui font souvent du baby-sitting pour des familles françaises habitant en Pologne. Ces dernières apprécient leur niveau de langue et leur connaissance de la culture française.

Témoignages de jeunes filles au pair polonaises

« Il y a quinze ans, apprendre et maîtriser la langue française était très tendance »

 Kasia, 36 ans est partie en France il y a quinze ans en tant que jeune fille au pair, pendant un semestre : "À l'époque, apprendre et maîtriser la langue française était très tendance, d'autant plus que beaucoup d'entreprises commençaient à recruter des Polonais ayant un excellent niveau en français. Après deux ans d'études en philologie romane et malgré un très bon niveau à l'écrit, mon niveau à l'oral restait moyen. Je voulais vraiment l'améliorer, afin de revenir en Pologne avec le meilleur dossier possible. La famille dans laquelle j'étais m'a vraiment bien aidée à améliorer mon français. Aujourd'hui encore, nous gardons de bons contacts. C'était une famille traditionnellement catholique, tout comme la mienne, le fait d'aller à l'église le dimanche matin ne m'a donc pas surprise. Cette expérience, même si elle n'a duré que six mois, m'a donné davantage confiance en moi. Lors de mon retour en France, mes amies ont d'ailleurs remarqué mes progrès. Même mon style vestimentaire avait changé ! Aujourd'hui, je travaille et je vis quotidiennement avec le français, notamment à la maison puisque que je suis mariée avec un Français depuis neuf ans."

« En France les repas se tiennent tous les jours à la même heure ! »

 

Paulina, étudiante de 26 ans est partie en France comme au pair durant les étés 2012 et 2013 : « Je voulais améliorer mon niveau en français et découvrir la France, mon pays préféré. Cela me permettait aussi de réaliser une expérience professionnelle à l'étranger avec les enfants. Ma relation avec les enfants et la famille était très bonne. En revanche, à une autre occasion j'ai fait des ménages dans une famille où la mère était acariâtre et la jeune fille au pair qui était là aussi vivait le même enfer que moi donc tout dépend de la famille et aussi de l'organisme qui sélectionne les familles. Ce qui m'a étonné en France, c'est que les repas se tiennent à la même heure chaque jour ! Je trouve que partir comme "au pair" dans ce pays est un très bon moyen d'améliorer son français, de connaître ce pays et de gagner un peu d'argent."

« Je crois que la France et la Pologne ont beaucoup en commun »

 Aneta, étudiante de 24 ans en littérature française est partie en Aquitaine l'été dernier : "J'ai choisi de partir en France parce que je fais des études en français, mon but était donc d'améliorer mon niveau et de connaître la culture de ce pays, qui m'intéresse depuis l'enfance. Je crois que la France et la Pologne ont beaucoup en commun et le français est très joli et mélodieux. Beaucoup d'artistes polonais le parlaient au XIXe siècle. Je me suis bien entendue avec la famille, en tout cas la mère m'a dit une fois que les enfants m'adoraient. Par rapport à la Pologne, je trouve que les parents français attachent beaucoup d'importance au savoir-vivre de leurs enfants. Ces derniers doivent apprendre à se comporter correctement et à toujours dire "bonjour" et "merci ", ce que je trouve un peu superficiel. En Pologne, on ne le dit pas autant. De plus, les horaires des repas français sont fixes, par exemple on déjeune à 13h et il n'y a pas de discussion possible, les enfants doivent être à table à cette heure-là. Cette expérience a vraiment été très enrichissante, j'ai pu connaître la vie quotidienne et la culture de ce pays. J'ai découvert la "vraie" France et ses endroits non touristiques, pas celle des cartes postales. Je crois que la famille est une source et une base de la culture et j'ai pu la découvrir en profondeur. D'ailleurs je repars cet été en tant que jeune fille au pair, et cet hiver je vais passer un semestre d'Erasmus à Montpellier. "

"Je n'ai pas eu un seul jour de congés et je travaillais vingt-quatre heures sur vingt-quatre"

Magdalena, étudiante de 26 ans, est partie un été en tant que jeune fille au pair en France il y a cinq ans, après avoir fini ses études : "Mon expérience a été moyenne. En effet je m'occupais de deux petites filles adoptées, qui avaient beaucoup d'angoisses. Je n'ai pas eu un seul jour de congés et je devais être disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Si mon expérience ne fut pas géniale au sein de la famille, le reste fut formidable : le pays, la langue et la nourriture. J'ai beaucoup progressé en français et j'ai appris à l'utiliser dans la vie de tous les jours. Je pense qu'être jeune fille au pair peut être une bonne expérience si on aime vraiment les enfants mais je préfère personnellement avoir un job plus indépendant, où l'on peut rentrer chez soi le soir et se relaxer."

"Je vais partir en France cet été pour améliorer mon niveau de langue"

Bernadeta, étudiante de 22 ans en troisième année de philologie romane, va partir en tant qu'"au pair", pour un semestre, l'hiver prochain : "Je veux partir en France pour améliorer mon niveau de langue. J'avais aussi pensé à d'autres pays francophones, mais après réflexion la France est le meilleur choix pour moi, comme j'étudie sa culture et son histoire. Là où je pars, il existe un lycée privé où le directeur permet aux jeunes filles "au pair" de participer gratuitement aux cours préparatoires avant le baccalauréat. Je pense que ma vie là-bas sera très différente de celle que je mène à Varsovie puisque j'ai choisi un petite village à côté d'une ville plutôt calme, Chaumont."

Remerciement à Anna Kaczorowska pour ses explications ainsi qu'à Kasia, Paulina, Aneta, Magdalena et Bernadeta pour leurs témoignages.

 

Constance H. (lepetitjournal.com/Varsovie) - Jeudi 11 mai 2017

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Publié le 10 mai 2017, mis à jour le 11 mai 2017