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CONSTITUTION DU 3 MAI 1791 - Jour de Fête Nationale en Pologne

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 3 mai 2015, mis à jour le 4 mai 2015

 

Hier, la Pologne célébrait la Constitution de 1791. Lepetitjournal.com vous propose de se pencher sur cette date clef de l'Histoire polonaise, désormais jour de Fête Nationale.

1791 - La Pologne est plus qu'affaiblie par les volontés de partage de ses voisins et par les pouvoirs toujours plus grands de la noblesse, qui l'empêchent de se réformer. L'ultime tentative du roi Stanislas II Auguste Poniatowski pour sauver un royaume en plein déclin sera la Constitution du 3 mai 1791, première d'Europe, et deuxième au monde.

Un contexte des plus critiques

Avant toute chose, il est faux de parler seulement de la Pologne, car elle était à l'époque unie à la Lituanie dans la République des Deux Nations. Pendant les XVII et XVIIIèmes siècles, alors que les pays européens évoluaient presque tous vers la monarchie absolue, forte et centralisée, l'union polono-lituanienne glissait, quant à elle, vers l'anarchie politique. Amoindrie par le Premier Partage de son territoire, en 1772, la Pologne, en la personne de son dernier roi, Stanislas Auguste Poniatowski, influencé par les idées des Lumières, entreprend tout de même plusieurs réformes importantes. Parmi ces réformes il y a la création, en 1773, du premier ministère consacré à l'éducation en Pologne, appelé Commission de l'Éducation Nationale, mais surtout l'ouverture de travaux destinés à améliorer le système politique. Ils débouchent sur l'adoption, à la hâte, d'une constitution.

Une dernière tentative pour sauver l'État...

Le 3 mai 1791, le roi Stanislas Auguste Poniatowski adopte la première constitution d'Europe, et la deuxième au monde derrière les États-Unis, après quatre ans d'élaboration. Elle distinguait les trois pouvoirs de l'État que sont l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Elle garantissait l'égalité politique entre la bourgeoisie et la noblesse et libérait les paysans de la servitude, en les plaçant sous la protection de l'État. De plus, elle tendait à diminuer les pouvoirs presque illimités des nobles, notamment en ouvrant les carrières administratives aux bourgeois. Toutefois, son objectif principal concernant la noblesse était de lui retirer le liberum veto (du latin « j'interdis librement »), procédé qui autorisait n'importe quel député de la diète à forcer un arrêt immédiat de la session et annuler toutes les décisions en cours. Cette règle évolua donc en principe d'unanimité, ce qui conduisit à l'anarchie politique, l'Etat ne pouvant jamais être réformé, et par voie de conséquence renforcé. Par ailleurs, la Constitution du 3 mai abolissait tous les titres aristocratiques.

? qui n'a pu empêcher son démembrement

Nettement moins « révolutionnaire » que celle de la France quelques mois plus tard, la constitution est néanmoins perçue comme trop dangereuse par les Russes et les Prussiens, qui envahissent la Pologne, d'où le Deuxième Partage, en 1793. Cette nouvelle division du territoire polonais par ses voisins provoque l'Insurrection menée par Tadeusz Kosciuszko. Cette révolte sert de prétexte au Troisième et ultime Partage. S'en suivront les 123 années d'inexistence de l'État polonais, pendant lesquelles les nombreuses tentatives de rébellion, face aux pouvoirs établis de part et d'autres du territoire, se raccrocheront à l'espoir qu'a constitué ce texte novateur.

Un héritage synonyme de fierté

Depuis le recouvrement de l'indépendance, la Pologne a deux Fêtes Nationales. Celle du 11 novembre commémore l'indépendance retrouvée aux lendemains de la Première Guerre mondiale, quand la seconde célèbre la Constitution du 3 mai 1791, ce qui est soit quelque peu curieux. En effet, elle n'a jamais été appliquée et n'a en rien empêché le démembrement de la Pologne. Toutefois, les Polonais sont fiers d'être un des premiers pays au monde à rédiger un document enclin à mettre en pratique dans la vie politique les idées du Siècle des Lumières. Ce texte symbolise le triomphe de la pensée humaniste et du patriotisme sur les forces conservatrices qui prônent l'immobilité pour protéger leurs acquis. Emblème du changement possible, les célébrations du 3 mai ont été interdites par le régime communiste en 1951, par peur de débordements. Elle a été rétablie en 1990 comme Fête Nationale, suite aux premières élections en 1990.

Mathilde TÊTE (lepetitjournal.com/varsovie) ? Lundi 4 mai 2015

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Publié le 3 mai 2015, mis à jour le 4 mai 2015